Quelquefois nos inappétences à l'égard d'une mouvance sont tempérées par l'affect qu'étonnamment nous pouvons développer pour un groupe de ce même genre. Pour ce faire, il faudra tout de même que cette formation en question s'éloigne quelque peu des poncifs et des us qui nous déplaisent tant chez les autres. Il n'est un secret pour personne, et si telle était le cas le voici déflorer, qu'au-delà de la désaffection de votre humble serviteur pour ces contrés trop démonstrative et trop complexe d'un
Metal Progressif prétentieux, celles, plus inspirées par les traditions tantôt celtes, tantôt tout ce que vous voudrez défendues à grand renforts de biniou, cornemuse et autres instruments de tortures musicales aux noms parfois barbares, ne trouvera pas davantage d'écho. En d'autres termes, pour simplifier, le Folk
Metal? Non merci.
Dès lors inutile de venir avancer des arguments sur les qualités, sans doute réelles, de groupes aussi éminents que
Skyclad,
Heidevolk ou
Subway To Sally, avec lesquelles les suisses d'
Excelsis, puisque c'est d'eux dont il s'agit ici, partagent une culture commune à base d'instruments traditionnels et de récits historiques. Rien n'y fait. Exception faites du groupe helvète, aucun de ces illustres représentants, pas plus d'ailleurs que d'autres encore plus mythiques, ne parvient à éveiller l'intérêt de votre modeste obligé. En somme, seul Münggu et ses comparses sont à même de briser les réticences qui sont les miennes.
Et si ces derniers réussissent là où tant d'autres, pour ne pas dire tous, échoue c'est sans doute, en premier lieu, parce que cette formation a eu l'intelligence de se plonger dans le traditionalisme régional qui est le sien, et un peu le mien, là où d'aucuns se contentent, le plus souvent, de réciter un Paganisme et un Folklorisme appris, mais non vécu. Parler de soi est toujours plus évocateur. Parler de ce que l'on connait fait naitre une sincérité palpable.
Cependant, un tel caractère ne saurait suffire à convaincre. Au-delà donc de cette intégrité, il faudra d'autres vertus. Pour les suisses, une autre d'entre elle, consistera à avoir convié à leur fête, les guerriers d'un Heavy
Metal dans lequel plane parfois, subrepticement, les ombres pâles de
Blind Guardian. Si là encore cette spécificité est de nature à plaire aux plus intransigeants, elle ne saurait toujours pas être décisive et propice à faire grossir les rangs de ceux acquis à la cause d'
Excelsis. Et ce même si de somptueuses démonstrations de ce mélange viennent nous ravir (Brothers of
War, Druids, Uechtland, The
Chapel, Dragonhole et ses harmonicas étonnement mélancolique dans ce breaks superbes conclu par un remarquable solo de guitare, mais aussi l'excellent Wissi Baerge).
A toutes ces délicieuses propriétés, témoignant du talent indiscutable de cette formation, il faudra encore ajouter celles d'un chanteur à la voix rugueuse et gutturale que d'aucuns, chanteur de Death
Metal de pacotille, pourraient bien lui envier. Münggu Beyeler, fait d'ailleurs certaines incursions dans les graves extrêmes très impressionnantes.
Pour résumer, et puisqu'en ces temps nous sommes envahis par les puristes amateurs d'étiquettes, nous sommes donc en présence ici d'un album de Folk Heavy
Metal aux voix Death Melodique, voire même Death. Disons encore que la production de ce manifeste est juste parfaite, à contrario de celle du précédent effort de ce groupe qui accusait encore quelques défauts mineurs, et l'affaire sera entendue.
Vo Chrieger U Drache, sixième album d'
Excelsis, bien au-delà du pourtant déjà fort sympathique
The Standing Stone, est juste splendide.
@archonte: Merci pour ce commentaire fin et superbement écrit. Tu as, semble-t-il, très bien saisis le fond de mon propos.
J'espère que tu apprécieras ce disque autant que je l'ai aimé. Et surtout que tu viendras nous faire part de tes impressions ici.
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