Entrench est un groupe suédois crée en 2005, et dont le second album sort en 2014, après un "Inevitable
Decay" publié en 2011. Trois ans, c'est habituellement le temps qu'il faut à un groupe plus établi entre deux albums, afin de ne pas se faire oublier entre deux parutions. Là, en ce qui concerne
Entrench, dont peu ont entendu parler, c'est carrément interminable. Gage de qualité consécutive à de la réflexion sur les compositions ? Grosse flemme pendant deux ans ? Il faut souligner que Victor Holmström, le batteur, est décédé cette année, et que le groupe a aussi enregistré un split EP avec
Insane en début d'année.
Entrench fait partie de ces formations qui s'inspirent des vieux groupes tels les Suédois (tiens, tiens) de
Merciless (et son fantastique album "The Treasures Within" que j'invite à découvrir), et jouent un thrash/death assez rustique, agressif jusqu'au bout des ongles, et furieusement entraînant dans ses rythmiques. Si l'ombre du
Kreator de "
Pleasure To Kill" est bien entendu plus que palpable, à la fois dans les attaques vocales de Fredrik Pellbrink et dans les roulements de toms de feu Victor Holmstöm,
Entrench emprunte aussi au grand
Sadus des deux premiers albums, avec une dextérité folle ("Adjustto Summit" et ses 8 minutes passées). Cohérent dans sa démarche, sans sacrifier l'album sur l'autel de la brutalité à tout crin, "Violent
Procreation" agresse juste ce qu'il faut, avec une coloration moins foncièrement noire que ses petits copains (
Nekromantheon,
Nocturnal Graves), et se rapprochera beaucoup plus d'un thrash extrême, pas dénué de breaks dévastateurs qui relancent l'intérêt des morceaux aux moments opportuns (celui de "Calm The Urge", très
Kreator). Ca bourrine, ça riffe, rien à dire de ce côté là, le cahier des charges du fan de la doublette des jeunes Petrozza/Reil période 1986 est rempli haut la main. En sus, nous aurons un ou deux moments plus surprenants (la doublette "Chemical
Holocaust/The
Mental Wasteland" terminée par une plage bruitiste du plus bel effet, surprenante dans ce contexte, quelques soli brefs mais cristallins qui jouent le contraste avec à propos).
Alors, oui, bien évidemment, les adeptes d'une production léchée peuvent aller ailleurs, et l'originalité est aussi marquée que le charisme d'une figue pourrie. Mais le résultat comblera les fans de ce style à la frontière du thrash et de l'extrême, à un moment où le death metal naissant bousculait les frontières entre les lignes. Style qui, tout saturé qu'il soit (
Perversifier,
Ripper,
Seprevation, entre autres), nous pond son lot de moments marquants, propres à flanquer une raclée au chat qui traîne dans la cuisine avec les coussins du salon ("
Senseless Slaughter" et son riff de tueur - grand moment de l'album). Les presque 50 minutes passent à une vitesse folle, et si ce n'est une pochette pas des plus adaptées et un logo qui gagnerait à être moins caricatural,
Entrench réussit son coup avec hargne et convaincra sans problème ceux qui se retrouveront dans les groupes cités dans ces quelques lignes.
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