“Un changement en prépare un autre”
Nicolas
Machiavel
Un gros succès. Une tournée qui explose les compteurs. Une popularité qui grimpe en flèche. Et un split totalement imprévu pour l’hydre à deux têtes qu’est
I Prevail, quand il annonce le départ de son chanteur clean Brian Burkheiser.
Que l’on apprécie ou non la scène moderne, il faut avouer que "
True Power" a été une petite déflagration dans son genre, en amenant habilement une personnalité propre dans une multitude d’influences où beaucoup purent s’y retrouver, évoquant autant
Linkin Park que Bring Me the
Horizon ou encore des groupes plus brutaux (on pense au radical "
Body Bag").
Le questionnement autour de "
Violent Nature" était de savoir comment allait faire le groupe avec uniquement Eric Vanlerberghe au chant, lui qui assurait jusqu’à présent les parties extrêmes du groupe. La réponse est assez évidente : le vocaliste s’est laissé aller et s’est mué en vocaliste complet, chantant même beaucoup plus en clean qu’en saturé sur ce disque qui porte finalement bien mal son nom (tout du moins musicalement).
Dix morceaux, trente-deux minutes au compteur : cela fait léger, malgré le fait que la réduction du temps des albums commence à devenir monnaie courante (les artistes semblant écouter ceux qui disent que les auditeurs n’ont plus aucune faculté de concentration).
On se retrouve donc avec un disque ramassé, composé des morceaux concis mais sans l’impression d’urgence qui pourrait aller avec. Disons-le clairement : on s’ennuie même sacrément à son écoute. Là où "
True Power" avait été une bouffée d’air frais plein de dynamisme, de puissance et d’idées (les placements vocaux, les interventions électroniques, le côté tubesque qui côtoyait des morceaux plus agressifs), "
Violent Nature" paraît malheureusement bien plus insipide.
Le titre éponyme, brutal à souhait dans son chant, son texte et son riff vicieux, rappelant plus la folie d’un Greg Puciato avec une musique syncopée à couper au hachoir, se permettant un break mécanique pour monter en intensité avant un final taillé pour le live. Le tout en 2min10, emballé c’est pesé !
L’ouverture de "Synthetic Soul", en piano voix, est initialement surprenante, intrigante et instaure un climat entre angoisse, mélancolie et rédemption. Il aurait pu (dû ?) permettre de déboucher sur un morceau laissant exploser sa personnalité. Pourtant, après un riff plus agressif, on se retrouve sur un beat electro indus plus proche d’un
Deathstars /
Lord of the
Lost du pauvre que de
I Prevail, pour revenir sur un refrain uniquement en clair bien trop mièvre pour déjà convaincre, et encore moins pour ouvrir un disque. Le groupe semble se chercher et la surp
Rise de ce premier titre (surtout pour un auditeur comme moi qui aime les p
Rises de risques) fait retomber le soufflé bien vite. "NWO" suit rapidement avec une intro ressemblant beaucoup trop à "Self
Destruction", revenant à l’agressivité vocal de Eric mais un riff d’une pauvreté affligeante et un déroulement qui s’articule autour des beats électro autant que de guitares ne servant que des nappes grasses et fades.
Honnêtement, il est difficile de faire sortir des titres du lot tant l’ensemble semble écrit dans un moule interchangeable, sans franche personnalité. "Pray" s’inscrit vraiment dans tout ce que le metalcore peut proposer de moins impressionnant. Du chant autotuné, des guitares frémissantes, des effets électroniques, une batterie au minimum syndical et une facilité d’accès faisant bien trop adolescent. "
Rain" débute de façon plus intéressante et ambitieux (le riff déjà et le pattern de batterie) mais le beat electro revient après 30 secondes avec encore ce chant doucereux et un refrain passe-partout entendu des milliers de fois. Il a été critiqué à
Bad Omens ou
Sleep Token d’amplifier la mélodie et le chant clair mais on remarque à l’écoute de ce disque qu’apporter de la lumière et du clean n’est pas si aisé pour que ce soit réussi et émotionnel (ce "Crimson & Clover" faussement acoustique qui ne fonctionne pas vraiment). Nous aurons bien un "
God" plus vindicatif (arrivant un peu tard) mais avec la même structure que le titre éponyme avant un "Stand Away" un brin navrant (toujours ce schéma).
"
Violent Nature" est une véritable déception, à presque tous les niveaux. Dans l’écriture, dans l’interprétation, dans l’intensité, dans le contenu … je n’y vois que peu de choses à sauver, surtout après un disque aussi réussi que "
True Power" qui validait les bonnes impressions de
Trauma à l’époque. Il va falloir se relever d’un tel disque car la jungle est féroce et les prédateurs tellement nombreux qu’elle ne laisse jamais de place aux bêtes blessées …
Aux premières écoutes, j'avais plutôt bien apprécié ce Violent Nature mais après plusieurs réécoutes approndies, je suis globalement en accord sur ton verdict. C'est un album très irrégulier où le très bon (le titre éponyme aux attraits djent et deathcore, une immense boucherie ou God avec son impressionnant breakdown et ses influences électroniques séduisantes) cotoie le moins bon (Into Hell qui ressemble à s'y méprendre à du Dayseeker, NWO qui ne mise que sur la violence avec un riffing redondant), voire le médiocre (Pray avec encore un esprit Dayseekerien mais surtout un refrain chiant à mourir, une guitare acoustique pas plus reluisante et des effets vocaux qui sont censés renforcer une certaine mélancolie mais qui rendent la composition ultra mieilleuse).
J'aurais été peut-être un peu moins sévère (genre 12 ou 13) car l'album s'écoute tout de même bien dans son ensemble, bien aidé par les durées et le nombre des morceaux mais effectivement, c'est bien moins inspiré et marquant que True Power.
Le single Violent Nature m'a bien plus, je me disais, si tout l'album est dans cette veine ça va le faire !
Tout retombe très vite, à par GOD, le reste est moyen, ou tout juste sympathique.
Je te rejoinds, 11 ou 12/20.
Merci pour la chro
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