Porté par le vivifiant EP « Peripheral » sorti en 2015, le quintet australien n'aura attendu qu'un an pour revenir avec son tout premier album full length intitulé «
Victim » ; auto-production de 49 minutes où s'enchaînent 8 pistes, durée quasi optimale pour le maintien d'une attention constante du chaland, du moins, en théorie. Et dans la pratique, qu'en est-il ? A l'aune de cette nouvelle offrande, le groupe confirme-t-il les talents repérés sur leur précédent album ?
Nos cinq belligérants (Konstantina Papadimitriou (frontwoman et parolière), Rafael Katigbak (compositions et guitare), Natalie Bellio (claviers), Glenn Treasure (basse) et Nick James (batterie)) ont élevé le niveau de leurs exigences, octroyant une production à la logistique soignée, témoignant de peu de sonorités parasites. A cet effet, l'enregistrement, le mixage et le mastering, réalisés par Troy McCosker et Scott Simpson (Pony Music, Melbourne, Australie), ont véritablement mis en valeur la rondelle qui, comme son aînée, reste estampée metal mélodique gothique mâtinée de hard rock. Cette œuvre, elle aussi inspirée par
Lacuna Coil,
Evanescence et
Ela, y a néanmoins gagné tant en diversification atmosphérique et rythmique qu'en maturité compositionnelle.
Message a donc été reçu par nos acolytes depuis leur dernier opus...
Comme par le passé, le combo nous octroie quelques passages inscriptibles dans les charts, avec un petit supplément d'âme en prime. Doté de grisants gimmicks à la lead guitare et d'une plombante rythmique, « From the
Ashes » en est une illustration. A la croisée des chemins entre
Evanescence et
Lacuna Coil, ce morceau dissémine une énergie communicative à la lumière de ses refrains catchy. Valorisé par les saisissantes attaques de la déesse, le brûlant instant réserve un captateur solo de guitare et surtout demeure générateur d'un headbang bien senti. Et comment résister au magnétisme des suaves séries d'accords dont se pare « Hiding in the Shadows », piste pop-metal au tracé mélodique d'une précision d'orfèvre ? D'une redoutable efficacité, celle-ci sait varier ses effets, alterner accélérations et ralentissements rythmiques, parallèlement aux attaques vocales d'une belle, ici plus féline que dragonne.
Lorsqu'il s'oriente vers le metal mélodique gothique, sans rechercher le tube à tout prix, le collectif australien ne se montre pas moins à son aise. Dans cette mouvance, on retiendra le frondeur « The
Six Headed
Beast », faisant rugir ses riffs gras parallèlement à une rythmique bien cadencée. Non sans rappeler un
Lacuna Coil typé «
Dark Adrenaline », cette piste rageuse, enserrée de fins mais longs arpèges au piano, se fait tantôt aérienne, tantôt diluvienne. Dans cette tourmente, sur fond d'ondulantes notes synthétiques, les puissantes et sulfureuses patines oratoires de la déesse, à mi-chemin entre Cristina Scabbia et
Angelica Rylin (
The Murder Of My Sweet), retiennent l'attention. Envoûtant instant que n'auraient pas renié ses maîtres inspirateurs...
Seconde corde à l'arc de nos acolytes : le versant hard rock. Judicieusement exploité sur le plan rythmique mais ici desservi par de fades mélodies, il peine à fédérer. A l'image de «
The Hunt », brûlant instant dans la lignée d'
Ela, couplé à une touche atmosphérique gothique. Ce faisant, les guitares saturées ainsi que d'amples nappes synthétiques inondent une piste qui jamais ne baisse d'intensité, mais qui hélas reste peu mélodieuse. On aurait donc souhaité davantage de modularités, notamment sur le refrain, au demeurant servi avec les honneurs par la sirène. Autre titre hard rock, cette fois doublé d'une touche power mélodique, « Wrath » se fait tout aussi volcanique. Même si, par contraste, de fins arpèges au piano s'insèrent, ils ne pourront empêcher une certaine monotonie de s'installer, en raison d'une mélodicité, elle aussi, palote et terriblement répétitive. On regrettera tout autant de lassants roulements de tambours et d'incohérentes notes de synthé en fin de piste.
Sinon, le groupe s'est attelé à un exercice encore inédit, celui des moments intimistes. Et il surprend par sa faculté à encenser le tympan dès les premières mesures, et ce, de deux manières différentes. Ainsi, « On
Hands and Knees », ballade aux faux airs de
We Are The Fallen, doublée d'une touche hard rock à la
Ela, n'a pas tari d'atouts pour nous toucher, à commencer par son refrain catchy. Enjolivée par les câlinantes inflexions de la douce, tout en conservant une dynamique rythmique tempérée et de fines variations, corrélativement à une imparable ligne mélodique, l'émouvante plage scotche le pavillon de bout en bout. Quant à la seconde et sensuelle ballade «
Devil in the Mirror », elle a misé sur un enivrant jeu de nuances mélodiques pour nous rallier à sa cause. Secondée par un vibrant slide à la guitare acoustique, la maîtresse de cérémonie, par ses chatoyantes volutes, se mue en bourreau des cœurs sans avoir à forcer le trait. Estampé
Lacuna Coil, ce tendre moment recèle également quelques armes de séduction bien difficiles à éluder...
Soucieux d'un élargissement de son offre, le combo a également orienté son effort vers les pièces de longue durée, à l'instar de l'outro de l'opus. Ainsi, « My
Gift, My
Curse », fresque metal mélodique gothique dotée d'une touche prog, étire fièrement ses 8 minutes d'un spectacle riche en rebondissements rythmiques ; dans le sillage de
Lacuna Coil, eu égard à ses harmoniques, et d'
Ela, quant à sa dynamique d'ensemble. Si l'on apprécie un fin legato à la lead guitare, on réagira également à l'accélération du corps orchestral, parallèlement aux gradations vocales de la frontwoman. Bref, un exercice rondement mené et révélant une phase insoupçonnée du projet, que l'on souhaiterait réitéré par le quintet australien.
A la lecture de ce méfait, on observe une réelle faculté du groupe à se diversifier, étoffer sa technique instrumentale, enrichir ses harmoniques, affiner ses lignes mélodiques, et à insérer une empreinte vocale désormais identifiable ; autant de qualités ayant favorisé une écoute prolongée, et même poussé votre humble serviteur à une écoute en boucle. D'autre part, des sources d'influence mieux digérées, des compositions éclectiques et plus singulières, un savant dosage entre dynamisme et romantisme, allégresse et émotion, sont autant d'éléments plaidant en la faveur d'un projet porteur d'espoir. Si certains passages mériteraient des retouches et que quelques longueurs seraient à éradiquer, ces lacunes se trouvent comblées par l'évolution stylistique du groupe. Bref, une formation plus aguerrie, ne manquant ni de caractère, ni de panache. Affaire à suivre...
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