Un vent d'inspiration renouvelé venu d'Australie souffle, à l'instar de la dernière livraison de ce jeune quintet originaire de Melbourne. Créé en
2012, conjuguant les talents de Konstantina Papadimitriou (frontwoman), Rafael Katigbak (guitare), Glenn Treasure (basse), Natalie Bellio (claviers) et Nick James (batterie), le combo. demeure cependant peu popularisé hors de sa terre originelle. Et ce, bien qu'il soit déjà à la tête de plusieurs réalisations, dont le bien-nommé « Demos » (2013) et de trois singles, à l'aune de « Leap », « One You Legt Behind » et surtout du tubesque « The Change », auto-productions successives sorties peu avant « Peripheral », initial EP de 6 titres s'égrainant sur 29 généreuses et vivifiantes minutes.
Dès leurs débuts, nos acolytes pratiquent un metal mélodique progressif mâtiné de hard rock, abondant en riffs massifs et en mélodies catchy, évoluant quelque part entre
Lacuna Coil,
Evanescence et
Ela. Originale combinaison de sources d'influence, qui s'en ressent sur la totalité de l'opus, mais qui ne saurait totalement effacer la singularité technique de l'oeuvre. Pour une mise en relief de ses cinglantes compositions, le groupe a peaufiné ses arrangements et soigné sa production d'ensemble, à commencer par le mixage, dosant équitablement instrumentations et lignes de chant. Sans omettre de sereins enchaînements inter et intra pistes et la quasi absence de notes résiduelles dont témoigne la rondelle.
Comme un heureux présage, tout en l'ayant retravaillé, le collectif nous offre son dernier single pour tenter de nous rallier à sa cause. Ainsi, à l'aune de «
The Shining », le combo a souhaité nous livrer ce qui pourrait s'apparenter à un hit en puissance. Sur fond de délicats arpèges au piano, des riffs acérés et massifs impulsent une irrépressible dynamique, que n'aurait reniée ni
Lacuna Coil, ni
Evanescence. Evoluant sur une sente mélodique catchy, propice à un headbang subreptice, la maîtresse de cérémonie, délivrant de sensuelles volutes, se montre particulièrement à son aise sur ce vibrant mid tempo oscillant entre hard rock et metal atmosphérique gothique. Efficacité, tonicité et élégance sont les maîtres mots de cette enivrante offrande. Dans cette dynamique tubesque, on retiendra également « Leap ». A l'instar d'un
Evanescence à l'époque de « The Open Door », des perles de pluie au piano infiltrent ce mordant et immersif effort laissant entrevoir une fine technicité de chacun des instrumentistes, notamment du lead guitariste, soufflant de virtuosité. Sans oublier la charismatique présence vocale de la belle, dont le timbre chatoyant s'apparenterait cette fois à celui d'Ami Lee à ses débuts, rien de moins.
Sur un mode rythmique plus soutenu, nos acolytes réservent à l'amateur de leurs maîtres inspirateurs de savoureux instants. D'une part, des riffs rugissants et ondulants inondent le frénétique « Take a Breath », titre metal mélodique gothique à mi-chemin entre un
Lacuna Coil typé «
Dark Adrenaline », à la lumière de sa ferveur et de sa suave et accessible mélodicité, et d'
Ela, dont il se rapproche par sa touche hard rock bien sentie. En outre, nous est octroyé un fin et prégnant legato à la basse, doublé d'un saisissant solo de guitare, sur fond de batterie ayant privilégié les frappes sèches et une cadence éminemment soutenue. Dans cette tourmente, les inflexions étirées dans les médiums dispensées par la sirène, aux faux airs de Cristina Scabbia, semblent opportunément s'insérer au sein du corps instrumental. D'autre part, le bien-nommé «
Aggression » nous agrippe prestement à la gorge par ses riffs corrosifs étreignant une rythmique enfiévrée. Lui aussi dans le sillage atmosphérique de
Lacuna Coil, il diffuse une énergie communicative, mise en exergue par d'accrocheurs refrains et une mise en habits de lumière par les pénétrantes impulsions de la belle.
Un poil en-dessous du lot, mais disposant tout de même de quelques atouts susceptibles d'encenser le tympan, se place l'outro de l'opus. Ainsi, le saillant «
Dark Clouds » décoche ses sanguines attaques guitaristiques le long d'un tapping martelant, dans la lignée d'
Ela. Feignant de nous égarer dans de complexes harmoniques et dans des plans technicistes à mi-parcours, le combo ne perd nullement de vue le fil mélodique, au demeurant immersif sur le refrain. Un poil plus sombre et moins immédiatement accessible, le méfait réserve néanmoins quelques effets de surprise susceptibles de maintenir intacte l'accroche auditive.
Au final, on parcourt la demi-heure de la galette sans encombres, avec l'indicible désir d'y revenir, pour goûter à nouveau aux vibes de l'inspiré combo australien. Pour un premier essai, force est d'admettre que la qualité de la production d'ensemble est au rendez-vous de nos attentes et qu'un potentiel technique et mélodique s'esquisse déjà. Mais la marge d'évolution est suffisante pour permettre à nos compères de livrer un message musical plus varié quant à ses atmosphères et à ses exercices de style, et témoignant d'une pointe de prise de risque, dont on peut regretter l'absence sur le présent manifeste. Il leur faudra, par ailleurs, s'éloigner un peu plus de leurs modèles identificatoires pour assurer à leur projet davantage d'épaisseur artistique. Néanmoins, malgré ces réserves, eu égard à ses grisants accords, l'effort reste porteur d'espoir pour nos gladiateurs. Bref, une formation à suivre de près...
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