Liste des groupes Black Atmosphérique Skendöd Vanskapt

Dans le metal comme dans la musique en général, on peut faire un triste constat: trop de grands talents restent dans l'ombre alors que des milliers de misérables partagent leur musique faussement sincère avec le monde entier et se font aimer par une majorité aveugle. Skendöd est l'un de ces groupes, inconnu au bataillon alors qu'il semble avoir tant à donner. Si ma chronique peut vous faire découvrir cette très bonne formation malheureusement anonyme aux yeux du monde, ça suffira à remercier le groupe pour ce qu'il nous a ici offert.

Triste comme introduction n'est-ce pas? Il faut dire que Skendöd et son black metal dépressif aux ambiances noires et au goût de larmes n'est pas une atmosphère propice à la bonne humeur et encore moins aux blagues foireuses que je peux parfois glisser subtilement dans mes chroniques. Savez-vous que chaque année des centaines de bébés chiots sont noyés par leur propriétaire avant même d'avoir pu dire adieu à leur triste maman? Bon ok ça va, ça va, j'arrête. Normalement j'aurais dit quelques mots sur la pochette mais je pense que ça se passe de commentaire, elle parle d'elle même.

Vous l'aurez compris, ce n'est pas du son de hippie. Quelque part entre Sun of the Sleepless et Gris, les phrases musicales de Skendöd sont très sombres et parées de mélodies dépressives inspirant une profonde mélancolie. Il va être pour le moins difficile pour le commun des mortels d'apprécier et comprendre ce disque tant il peut sembler répétitif et le fait que les musiques (sans compter "Prolog" et "Epilog") ne durent pas moins de 10 minutes 20 ne joue pas franchement en la faveur du groupe. Allons-y, parlons-en de ce "Prolog (Vanskapt)", notre premier contact avec l'album. Pendant 4 minutes, le riff de fond est absolument le même, seul la deuxième guitare apporte une dimension à la musique. On aime ou on n'aime pas, mais autant vous le dire tout de suite, il en sera presque de même pour toutes les tracks de ce "Vanskapt". La batterie, pourtant bien présente, souffre d'un manque de précision qui peut parfois donner l'impression d'un son étouffé cependant c'est un style et ça colle très bien avec les ambiances déchirantes de cet album. Non, le véritable point noir de Skendöd ce n'est pas les instruments... c'est la voix. Malheureusement, Ulf semble ne pas du tout maitriser les techniques de chant growl et laisse comme l'impression de chanter avec du pain dans la bouche (non, vraiment, ce n'était pas une forme de blague). Résultat un gros manque de puissance dans la voix et une présence vraiment irrégulière, de ce côté là, Skendöd peine à convaincre qui que ce soit.

Plus on avance dans l'album plus s'impose cette impression d'extrême linéarité. Un chose est sûr, Skendöd n'a absolument rien du metal progressif, d'ailleurs, si le metal régressif existait, il en serait déjà plus proche. Presque 20 minutes sont déjà passées, toujours rien, aucune subtilité. Un black metal dépressif tout ce qu'il y a de plus simple, sobre et sans fioriture. Cependant on ne va plus tarder à découvrir une première habileté, un court passage de black doom sur le troisième morceau intitulé "Anorxians Svarta Angel". Ce ne sera pas suffisant pour relancer la curiosité, on sait ce que l'on écoute et il est flagrant que l'on ne tente pas de nous surprendre. Pourtant, lorsque l'on pense réellement enterrer nos espoirs d'entendre quelque chose qui se démarquera de l'album on se retrouve surpris par l'interlude symphonique de "Tiden Brännet Allt", le quatrième morceau de "Vanskapt". Une interlude symphonique qui, l'air de rien, virera discrètement sur un Doom cafardeux. Avec ce morceau on se rend compte qu'à défaut d'être un excellent chanteur, Ulf exprime sa douleur à la perfection, et il contribue réellement à donner de la profondeur à l'univers de Skendöd.

Je prends quelques lignes pour parler de la production de ce disque. Évidemment, c'est du black metal alors il ne faut pas s'attendre à une production américaine, mais on remarque une certaine irrégularité dans la qualité d'enregistrement sur l'ensemble de l'album. C'est flagrant lors que l'on passe d'une musique à l'autre, le son n'est pas le même sur tous les morceaux. Dit comme ça, ça pourrait paraitre presque gênant mais pas du tout, je le souligne juste dans le cadre de la chronique. Rien d'excessif, le tout est très digeste et ce n'est qu'un léger détail.

Tout au long de mon analyse j'ai abordé beaucoup de points "négatifs" à propos de cet album alors vous devez vous demander ce qui peut bien justifier ma note? En réalité, je vais vous étonner mais personnellement je lui aurait mis plus car je pense que cet album ne peut-être noté autrement que d'après un ressenti personnel (et pour ma part, il m'a beaucoup touché). Seulement voilà, en tant que chroniqueur, ma note doit-être basée sur la raison. "Vanskapt" est un très bel album chargé d'une aura déprimante et il faut un sacré talent pour pouvoir construire quelque chose de tel avec des plans si simplistes. Les amateurs de black dépressif y trouveront certainement leur compte à condition de prendre le temps de bien écouter l'album et de se laisser entièrement baigner dans le monde de Skendöd. Une belle découverte.

14/20
Nemphis.