Message a été reçu par le combo hellénique de revenir dans la course, avec cette fois un album full length sous le bras, et ce, quelque trois années suite à son introductif et poignant EP « «
Epiphany ». Pour rappel,
Upon Revival est un quintet grec originaire d'Athènes créé en 2015 par Anastasia Papadopoulou (frontwoman), Babis Papadopoulos (guitare), Kwstas Oikonomopoulos (guitare), John Bacalis (basse) et Thodoris Motakis (batterie), continuant d'oeuvrer dans un registre metal alternatif, harmonisant ainsi des styles très variés, allant d'un metal gothique mélodique (influencé par
Lacuna Coil,
Evanescence,
Elysion, voire
Within Temptation), en passant par le rock'n'metal progressif (dans la veine de
Porcupine Tree) et le metal moderne (dans le sillage d'After Bridge), jusqu'à de classiques influences heavy. Un créneau encore peu exploité par les formations metal à chant féminin, notamment en terre hellénique, laissant ainsi toute latitude à cette talentueuse troupe.
Bien qu'ayant encore peu foulé les planches, nos cinq acolytes se sont déjà illustrés sur la scène locale, et ce, lors de manifestations importantes (Αrchitektoniki, Texnopolis, Kuttaro, entre autres). Désireux de s'illustrer sur la scène metal internationale, ils sont simultanément entrés en studio, tout en ayant pris le temps nécessaire à l'élaboration des cinq titres de leur EP «
Epiphany », une encourageante entrée en matière à l'ingénierie du son plutôt soignée, et ayant stimulé le combo dans son élan créatif. Aussi, aux fins d'un travail de longue haleine et d'un remaniement partiel de l'équipage, ce dernier nous octroie dès lors un album éponyme de 12 pistes égrainées sur une bande auditive d'une durée quasi optimale de 46 minutes. Produit par Andre
Nihil, mixé par Dennis Marakakis et mastérisé par Bill Lagos, l'opus accuse peu de sonorités parasites, laisse entrevoir des finitions aujourd'hui passées au crible tout en témoignant, lui aussi, d'une saisissante profondeur de champ acoustique. Le groupe emmené par sa frontwoman aux chatoyantes inflexions semble désormais en passe d'offrir une farouche résistance face à ses éventuels opposants...
Quand les coups de boutoir se font incisifs et que la rythmique en vient à s'emballer, le collectif égéen trouve sans mal la recette pour nous faire entrer dans la danse. Ainsi, un headbang bien senti ne pourra que malaisément être esquivé sur « Ignition », un ''lacunacoilesque'' up tempo aux riffs aussi invitants qu'épais, glissant le long d'une radieuse rivière mélodique et mis en exergue par les ensorcelantes modulations de la sirène. On pourra non moins caler le pavillon sur «
Vertigo », un mid/up tempo heavy mélodique un poil bluesy aux riffs lipidiques, livrant de poignants gimmicks guitaristiques et recelant une instrumentation empreinte d'authenticité.
Lorsqu'elle ralentit un tantinet la cadence, la troupe parvient à nouveau à nous retenir plus que de raison. Ce qu'atteste « Infinite
Grey », un mid tempo heavy rock aux riffs massifs et à la basse vrombissante, s'écoulant sur une sente mélodique certes convenue mais des plus efficaces et sur laquelle se greffent les puissantes impulsions de la belle. Dans cette énergie, on ne saurait passer sous silence les orientalisantes sonorités dont se pare le félin et progressif « Mind Sublime » ; une troublante offrande dans la veine de
We Are The Fallen qui, en dépit de répétitives séries d'accords et d'une mélodicité en proie à quelques linéarités, pourra interpeller le chaland. On retiendra encore tant le sensuel et ''lacunacoilesque'' « Into the Unknown » que le suave « Amongst the Skies » aux faux airs d'
Elysion, au regard d'enchaînements intra piste des plus sécurisants et de leurs refrains immersifs à souhait encensés par les magnétiques ondulations de la déesse.
Comme ils nous y avaient accoutumés, à leurs heures, nos acolytes savent aussi se muer en de véritables bourreaux des cœurs en bataille. Ainsi, eu égard à son fondant refrain mis en habits de soie par les suaves patines de la maîtresse de cérémonie et à son infiltrant cheminement d'harmoniques, c'est d'un battement de cils que la ballade « Elevate » aspirera le tympan autant qu'il capturera l'âme de l'aficionado d'intimistes espaces. On ne saurait davantage se soustraire aux vibes enchanteresses émanant de « Cell » et « Nevaeh », deux ''evanescentes'' ballades aux subtils changements de tonalité, où se déversent de délicats arpèges au piano parallèlement aux caressantes oscillations de la princesse. Difficile également de passer outre « Dear
Cloud », une balle atmosphérique dans la veine d'un
Within Temptation des premiers émois recelant un piano/voix d'une confondante légèreté et des plus touchants. Et comment ne pas se sentir transporté par les grisants couplets soulignés par l'angélique filet de voix de la diva que nous livre « Parallel
Crossroads », une power ballade aux airs d'un slow qui emballe, que n'auraient nullement reniée ni
Elysion ni
Bare Infinity ?
Est-ce à dire que le sans faute serait au bout du chemin ?
Pas tout à fait. En effet, en dépit d'un refrain aux agréables enchaînements de notes, les couplets du mid tempo aux riffs plombants «
Pandora's Box » s'avèrent, eux, bien plus déroutants. Accusant en prime une tenace répétibilité de son schéma d'harmoniques que tentent de combler les puissantes impulsions de la prédatrice, la sauce peine à prendre.
Résultat des courses : le quintet grec nous livre une œuvre aussi racée qu'étourdissante, pétrie d'élégance, que l'on suit de bout en bout sans ambages. Un potentiel technique réel et judicieusement exploité doublé de la féconde inspiration mélodique de ses auteurs et de la charismatique empreinte vocale de la frontwoman rendent ce set de partitions apte à éveiller d'authentiques plaisirs. Aussi, effeuille-t-on un propos à la fois avenant et délicat, jouissant désormais d'une production d'ensemble de bonne facture mais accusant, tout comme son devancier, un manque de diversification atmosphérique et oratoire. Il faudra encore que nos compères consentent à s'abstraire de leurs sources d'influence afin de permettre à leur projet de gagner en épaisseur artistique. Si les prises de risques ne sont pas encore à l'ordre du jour, la maturité compositionnelle du combo, elle, transpire par tous les pores de son opulent et rayonnant méfait. Quand la fragile chrysalide se mue en un majestueux monarque...
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