Tout récemment, avec quelques internautes qui se reconnaîtront, un mini-échange a eu lieu sur la qualité des albums issus de la mouvance thrashmetal typés "fun". Le concept, pour ces groupes, est d'associer à leur nom et à leur musique, une imagerie rigolote, décalée, et en poussant à fond les délires du
Anthrax de 1987 avec, parfois, une touche empruntée au HxC californien. Bière (
Tankard,
Wehrmacht), animaux (
Re-Animator,
Risk), et autres gimmicks firent ainsi émerger un mini-courant aidé en cela par
DRI,
Excel,
Acid Reign et
Aggressive Agricultor, plus ou moins dans le même trip.
Trouvant cette imagerie un peu enfantine, et pas très adaptée au thrash metal en son temps, mon intérêt pour cette scène a été aussi peu marqué qu'elle s'est estompée très vite,
Tankard mis à part. La qualité étant parfois masquée par les textes à prendre au 23ème degré. Ce délire revient sur le devant de la scène depuis quelques années avec Dr Living
Dead, ou les allemands de
The Prophecy 23 dont nous parlons aujourd'hui, et s'inspire des grands frères
Municipal Waste.
Et bien, il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis. Après un "Green
Machine Laser Beam" qui n'aura pas laissé un souvenir impérissable à la scène en
2012, les Allemands déjantés sortent, toujours sur
Massacre Records, un album frais, varié et percutant. Parsemé, à l'image d'un "Biermacht" de
Wehrmacht (1988) de titres-interludes au milieu de vrais morceaux à la durée plus classique,
Untrue Like a Boss surprend. Par son son, précis, massif et parfaitement équilibré, tout d'abord. Puis, et surtout, par des morceaux inspirés et tour à tour rapides (le fantastique "The Greatest Wrestling Fan"), lourds ("Untrue To The Bone", "Fuck The Dub") et toujours pleins d'envie et de virtuosité (les couplets très Arayesques d'un surprenant "Video Games Ain't
No Shame" qui tourne à la chanson irlandaise avec un break venu de nulle part en son milieu). Les idées foisonnent, au gré de chansons parfois violentes juste ce qu'il faut ("
Action Metal" et ses riffs), mais toujours équilibrées et aux mélodies prenantes.
Tour à tour se jouant des codes et des modes, avec des textes tournant en dérision les stéréotypes au sens large, ces jeunes Allemands poussent à fond le délire, mais au service de morceaux percutants et réellement frais et aboutis. Cà, ça fait du bien, car finalement, l'imagerie est ici un plus à la qualité intrinsèque des morceaux. Sans point faible clairement identifiable (allez, la pochette Eddiesque est un peu cliché, mais c'est sans doute volontaire),
The Prophecy 23 propose même un bonus-track "Arriba Abajo" qui pourrait aisément conclure chaque concert sous forme de fiesta à l'ode du thrash festif comme il se doit.
Chaque titre, ainsi, possède sa propre identité et le melting pot proposé (growls ça et là, leads limpides, refrains à hurler dans le pit, couplets personnalisés, mosh-parts à la S.O.D., virtuosité hallucinante dans l'enchaînement des plans), aussi inspiré qu'un "Biermacht" de
Wehrmacht déjà cité, représente de ce côté-ci de l'Atlantique une alternative plus que crédible à un
Municipal Waste en perte de vitesse ces derniers temps. Bravo !
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