Liste des groupes Thrash Metal The Prophecy 23 Fresh Metal

Six ans après le phénoménal Untrue Like A Boss qui donna un vrai coup de pied aux fesses de la scène crossover européenne, revoici les joyeux drilles de The Prophecy 23 avec leur nouvel album sous la casquette. Le groupe allemand a soigné sa forme, avec des couleurs vives qui personnalisent sa présentation, tant sur la pochette de leur disque qu'avec leur garde-robe bien étudiée. Leur Eddie grimaçant nous rappelle au bon souvenir des farnientes estivales, laissant espérer un été 2021 bien plus remuant que celui qui se profile à l'horizon, conséquence de l'épidémie ayant frappé en ce début 2020.

Le quintet, en tous cas, possède suffisamment d'énergie pour retourner la tête de chaque thrasher désespéré, avide de mosh, beer and thrashmetal. Avec une formule désormais rodée, perfectionnée sur l'album précédent (hautement recommandable, au cas où ce ne serait pas clair), The Prophecy 23 assène ses mosh-parts avec toujours autant de verve et de facilité. Sur une base crossover classique (on pense au Suicidal Tendencies le plus énervé, mais aussi à toute la clique thrashcore à la Municipal Waste, Insanity Alert et compagnie) à base de morceaux assez courts, énergiques en diable, mordants et fusant comme un balle slicée de Roger Federer, les Allemands ajoutent des gimmicks très personnels. Leur principale marque de fabrique est la place laissée aux paroles, présentes, très présentes (ce qui peut constituer un défaut souvent, est ici plutôt bien arrangé, grâce à un flow réussi et un sens du groove indéniable, tout sauf monotone), constituant parfois l'intérêt principal d'un titre. C'est bien simple, il ne se passe pas 15 secondes sans intervention vocale. Heureusement, c'est souvent impactant dans le bon sens du terme, et cela contribue aussi à personnaliser chaque morceau. Gang vocals, refrains beuglés, répétitions de couplets s"apparentant à des refrains, la panoplie est complète, au risque de trop plein qui pourra être ressenti pour les non-familiers du gang. Notons en sus un son d'excellente facture, qui sert énormément l'impression de punch désiré.

Force est donc de constater que les bougres n'ont pas leur pareil pour faire mosher leur petit monde. Très faciles dans leurs instrumentations (on pense sur ce point à Gama Bomb, avec qui les points communs sont évidents, voix d'ours en plus et linéarité en moins), farci de breaks, de riffs velus sur chaque titre, avec une basse bien présente ("We Kindly Ask To Shred", entêtant), et un sens du refrain qui tue évident, The Prophecy 23 est un remède contre le virus de la morosité. Un peu les Trollfest du thrash, pour faire dans la caricature, tant on a l'impression que tout est simple, facile et que remuer un popotin de thrasher dans le pit ne doit être qu'une formalité pour eux. Alors, si le dernier tiers de l'album est moins remarquable que sa remarquable première moitié (malgré l'implacable "Mammons" que n'aurait pas renié un PowerTrip enragé, ci-dessous en écoute), entrecoupé par l'interlude "Mexico Maya Mosh", et si cette verve vocale pourra énerver parfois, Fresh Metal porte bien son nom, tant le groupe sonne actuel et donc frais dans son rendu, sans tenter de copier untel ou untel, dans un genre pourtant très identifiable et parfois redondant.

Le label allemand Massacre Records, à une période un peu creuse en nouveautés thrash, a eu le flair et la bonne idée de sortir cet album vivifiant. Un peu plus fourni que son prédécesseur, et dans une démarche comparable en plus poussé, quoique moins surprenant, Fresh Metal va jusqu'au bout de sa démarche. A l'inverse des paroles de l'emblématique "No Deep Talks, Just Drinks", l'appropriation des lignes vocales très fournies peuvent constituer une étape nécessaire pour apprécier pleinement ce Fresh Metal, ce qui n'était pas le cas chez son prédécesseur. Le morceau final, inhabituel dans un chant classique et fort d'une ligne mélodique surprenante fait toutefois figure de slow et termine sur une note différente ce Fresh Metal fortement recommandable pour qui saura faire fi de ces quelques réserves.