Avant de vous parler des australiens de RUNESPELL, il faut d'abord que j'apprenne, à ceux qui ne connaîtraient pas, l'existence de DROWNING THE LIGHT dans la scène Black
Metal Oldschool d'Australie. DROWNING THE LIGHT, c'est avant tout le projet de Nightwolf puis d'Azgorh (encore présent au sein du line-up, contrairement au premier). Expérimentant de nouvelles atmosphères, de nouveaux paysages sonores au sein du Black
Metal Oldschool hérité de DARKTHRONE, la recette sera simple : Imprégnez-vous de la mélancolie de la scène française des années 90 des Légions Noires (MÜTIILATION en tête) et mélangez-là au sens du riffing finlandais des SATANIC WARMASTER, HORNA, SARGEIST ou GOATMOON. Ainsi, le chaudron obtiendra comme potion magique la musique de DROWNING THE LIGHT. Et ce groupe se montrera prolifique. Ma suggestion d'album pour ce groupe visionnaire ? L'album The
Serpents Reign en premier plutôt que les derniers, même si From the
Abyss est excellent et recommandable. Mais The
Serpents Reign l'est encore davantage.
Fondé il y a très peu de temps par Nightwolf, ancien membre de DROWNING THE LIGHT, toujours actif chez ETERNUM (bien que le groupe en question soit pour le moment en stand-by) et fondateur de BLOOD STRONGHOLD (d'autres groupe majeurs pour cette scène) et artiste hyperactif à l'âme noire comme la pénombre d'une forêt, RUNESPELL commença cette année-ci par une humble démo,
Aeons of Ancient Blood. La démo en question sortira en mai de cette année. Mais pour l'album complet, on attendra la fin de l’Été que le grand sabbat des vacances se termine. C'est donc fin septembre que l'album
Unhallowed Blood Oath sortira.
Le visuel nous ramène aux premiers albums de DROWNING THE LIGHT, notamment The
Serpents Reign. Tout ce qu'on voit, que ce soit la pochette, le logo ou la pose de Nightwolf, l'épée plantée au sol, nous ramène vers la gloire des temps anciens et de son paganisme déchu. Le désir de revenir à quelque chose de plus noble, de plus haut que l'être humain seul, se fait d'ors et déjà sentir. Le visuel rappel également ce qui s'est fait sur BLOOD STRONHOLD pour le côté organique et grisonnant. Ainsi, nous pouvons espérer une musique qui nous donnera goût à la guerre afin de réveiller en nous nos instincts les plus belliqueux.
Et sur "Oblivion
Winds", nos espoirs sont comblés. Suite à une intro ne durant même pas une minute mais nous mettant dans le bain, le titre démarre avec une mélodie majestueuse comme Nightwolf l'aura rarement atteinte. Nous sommes donc partagés entre haine, mélancolie et soif de gloire. Et en plus de ça, "Oblivion
Winds", c'est également une montée en puissance émotionnelle jusqu'à une fin grandiose. Les guitares jouent le rôle principal car elles apportent toute l'atmosphère. Ces dernières peuvent se faire aussi bien calme que d'une puissance orageuse. Le chant écorché rappelle celui d'un Meyhna'ch de MÜTIILATION. La basse est difficilement perçue à travers le paysage sonore et la batterie donne un rythme acceptable pour le style. Mais est-ce que la basse et la batterie sont importantes dans le Black
Metal ? Non, c'est plutôt le chant et la guitare (et parfois le clavier lorsqu'il y en a). On peut toujours me contredire en parlant du Black
Bestial ou du Black
Brutal. Mais si des exceptions défient toujours les règles, ces dernières demeurent toujours à leur postes. Donc, pour résumer, tout est bon. Et malgré la barre mise très haute avec ce premier titre, trônant telle une tour sur le côté d'un château fort, "
Bloodlust and
Vengeance" continuera à nous asséner des riffs plus que mémorables. Mention spéciale à ce riff sur "
Bloodlust and
Vengeance", sublimé par un mid tempo de batterie poignant comme une souffrance tragique et inévitable.
Hélas, à partir de "As
Old Gates Unfurl...", on sera en droit d'être déçu par l'arrivée de cette interlude dispensable. Chez DROWNING THE LIGHT, nous sommes déjà habitués aux intros, outros et interludes à la guitare presque acoustique. Mais ici, ça ne prends simplement pas. Et le pire, c'est que l'interlude dure trois bonnes minutes. Bref, si vous n'aimez que peu ou pas du tout ce genre d'interventions, vous pouvez passer au titre suivant. Ça ralentit la vitesse de l'album. Mais si vous aimez ça, tant mieux pour vous ! En plus, paradoxalement, elle renforcera l'ambiance de la suite de l'album.
"
Heaven in
Blood", c'est ce qui se fera de plus malveillant sur tout l'album. Sur ce titre, relevant la barre après l'insatisfaisante interlude, nous sommes emmenés parmi les adhérants, adeptes de ce genre de rituels noirs désormais oubliés dans notre société actuelle. Au fur et à mesure de ce morceau, une puissance démoniaque va être invoquée. Et par la suite, cette entité sera lâché sur le monde de RUNESPELL, notamment sur les ennemis du château fort de Nightwolf. C'est là qu'on se rend compte que ce château fort, cette patrie régie par Nightwolf, combat au nom du Mal Absolu pour ses adversaires. Mais nous la défendrons au péril de notre vie jusqu'à la fin de l'album. Dommage que "
Heaven in
Blood" dure aussi peu de temps. Avec des riffs comme ça, en travaillant davantage ses idées, Nightwolf aurait put faire un titre quasiment aussi long que les deux premiers de l'album.
Dernier titre avant l'outro, "All
Thrones Perish" commence sur des chœurs guerriers qu'on aurait apprécié plus audibles et plus présents sur ce dernier titre. Ces chœurs étaient déjà un peu présents sur "
White Death's
Wings", mais, pareillement, ils n'ont pas été assez travaillés à mon goût. Et ceux qui apprécient le mélange entre le Black Oldschool et
Pagan (dans le style de GRAVELAND ou de BILSKIRNIR) seront déçus comme moi de cet état de fait. Car il ne s'agit que de quelques brèves apparitions. Mais encore une fois, "All
Thrones Perish" côtoiera le chef d’œuvre. Nous voyons, pendant cette œuvre d'art de six minutes, chuter des rois autrefois puissants. Et les riffs sont à nouveaux majestueux comme seul le Black
Metal sait en produire. Le dernier riff de ce titre nous amènera vers un paysage encore jamais contemplé sur cet album. Et ce paysage ne sera rien d'autre que le sentier de la gloire et du triomphe. RUNESPELL a désormais triomphé de ses adversaires, mais pour combien de temps ?
Se hissant bien loin au-dessus de la masse, ce premier album de RUNESPELL nous présente une bonne surprise de la part de Nightwolf. C'est un des meilleurs albums qu'ait produit cette âme sombre, bien qu'il soit dure de définir les meilleures productions de cet homme tellement il y en a. Cependant, l'effet se voit atténué par certaines déceptions comme par exemple l'interlude en troisième track ou les chœurs des derniers titres peu présents. Mais malgré ça,
Unhallowed Blood Oath se hissera vers les étoiles qu'il aura l'honneur de côtoyer. Une excellente production de Black
Metal Oldschool pour cette années 2017, meilleure encore que l'album des norvégiens de BEASTCRAFT, dans le même style.
La légion de RUNESPELL est désormais prête à rejoindre le déploiement de la scène Black
Metal australienne Oldschool de Nightwolf.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire