Jeune formation metal symphonique américano-néerlandaise initialisée en 2014 par la chanteuse Kassandra Novell (ex-
Orphonic Orchestra), marchant sur les traces de
Within Temptation,
After Forever,
Delain,
Epica,
Nightwish,
Xandria ou encore
Evanescence,
Mercy Isle s'affiche aujourd'hui comme un concurrent de choix pour ses homologues générationnels. Aussi s'est-il donné les moyens de ses ambitions à l'aune de ce premier album full length, galette de 10 titres (dont 3 repris de son précédent opus) égrainés sur un ruban auditif de 44 minutes équilibrant l'offre entre dynamisme et romantisme. En effet, suite au discret mais encourageant EP «
Storm », sorti en 2015, et déjà une petite tournée américaine au compteur, dont une participation active à plusieurs festivals, le groupe s'est attelé sans relâche en studio, peaufinant ses enregistrements, son mix (signé Sander Gommans et Daan Janzing), l'artwork de la pochette et des illustrations (laissé aux mains expertes de Jan Yrlund (Darkgrove)) pour nous offrir ce sémillant et enivrant opus metal mélodico-symphonique empreint de touches pop et rock prog.
Des arrangements de bon aloi, le recours à quelques invités triés sur le volet (dont Sebas Honing à la guitare, Jeroen Goossens à la flûte, Erik van Ittersum aux claviers, avec la participation d'Amanda Somerville (
Trillium,
Avantasia,
Aina...) en qualité de coach vocal, coproductrice et vocaliste), à une chorale, et à un line up renouvelé (dont Joop de Rooij (
Aria Flame, ex-
Magion...) aux claviers ; Chad Novell (ex-
Orphonic Orchestra, ex-Second Soul...) à la basse et au chant ;Ywe van der Pol à la batterie ; Freek Gielen à la lead guitare ; Eelco Slont à la guitare rythmique) sont autant d'indices révélateurs d'une formation qui ne souhaite plus rester dans l'ombre bien longtemps. Aussi, entrons sans plus attendre dans le vaisseau amiral...
C'est dans un chaudron bouillonnant que l'on plonge, tout d'abord, à l'aune de passages incandescents, souvent émoustillants, propices à un headbang bien nourri. Ainsi, l'endiablé et théâtral « Uncaged » (repris de l'EP) dans le sillage d'
After Forever, octroie une rythmique enjouée sur fond de riffs effilés, servie avec les honneurs par une déesse modulant ses énergiques et claires inflexions avec brio, avec de faux airs de
Floor Jansen dans les montées en puissance. Dans cette intarissable dynamique, difficile de rester de marbre sur un refrain qu'on entonnerait à tue-tête, même si une impression de déjà entendu se fait jour. De son côté, le cadencé « The
Ghost », relevant de la même source d'inspiration, envoûte par ses variations atmosphériques tout en témoignant d'une saisissante juxtaposition des empreintes vocales d'un duo mixte en voix claires. Octroyant des refrains catchy judicieusement liés à des couplets bien sculptés, ce brûlot ne manquera pas non plus son effet.
Sur des plans rythmiques plus contrastés, le combo parvient également à tirer son épingle du jeu. Ainsi, sur une rythmique syncopée et progressive, l'entraînant pop-metal «
Wake Up » décoche ses riffs corrosifs tout en ne perdant jamais de vue le captateur fil mélodique, dans le sillage de
Delain sur leur dernier effort « Moonbathers », avec l'ombre d'Amanda Somerville planant eu égard aux modulations des claires impulsions vocales de la belle, dont les attaques ne sont pas sans rappeler celles de Nele Messerschmidt (
Elvellon). De plus, on ne passera pas outre un joli solo de guitare sur un break que vient relayer une saisissante reprise sur le refrain. Echevelant mid/up tempo, dans la veine atmosphérique de
Trillium, «
Storm », quant à lui, déploie de sulfureux accords sur fond d'épaisses nappes synthétiques sur lesquelles danse le grain de voix frondeur et aérien de la séductrice. De quoi nous inciter à approfondir la question...
Lorsqu'il ralentit la cadence, le collectif nous offre également quelques passages immersifs, dans la lignée de certaines formations majeures de ce registre. D'une part, des riffs gras imprègnent le mélodieux mid tempo « Stop,
Kiss Me », dans la lignée de
Delain, avec un zeste d'
Elvellon. Une délicieuse tourmente, un poil orientalisante, réservant un pont technique bien enlevé précédant une fine reprise sur le couplet. Un refrain agréable, à défaut d'être imparable, complète la toile de cette avenante offrande.
Plus encore, porté par la puissance oratoire d'une dizaine de choristes, l'enjoué mid tempo « Come to Me » prend des airs d'
Epica sur le couplet, contrastant avec un refrain plus en retenue mais non moins mélodieux. En outre, un alerte picking à la lead guitare s'insinue sur un pont opportun, relayé par une progressive reprise sur le flamboyant couplet. On suit alors l'emphatique et rayonnant corps instrumental secondé par un brassage vocal parfaitement sous contrôle. Et, là encore, le combo emporte l'adhésion.
Enfin, lorsqu'il s'adonne à l'écriture de ses mots bleus, le groupe nous octroie de troublants, et parfois même, de bouleversants instants. Déjà « If I Could » se pose comme une enchanteresse ballade progressive sous forme d'un classique mais inspiré piano/voix, où les angéliques volutes de la maîtresse de ces lieux font mouche quel que soit le compartiment où elle se meuvent. On appréciera, en outre, l'expert doigté aux synthés additionnels prodigué par Erik van Ittersum, ainsi que le solo de flûte signé Jeroen Goossens, ajoutant à la magie de l'instant fragile. Une pièce à fleur de peau d'une esthétique mélodique difficile à prendre en défaut, que pourrait lui envier
Within Temptation, susceptible de laisser quelques traces dans l'âme de ceux qui y auront goûté. De même, un délicat piano/voix infiltre «
No One Will Save You », subtile ballade progressive déjà présente sur l'EP, non sans évoquer
Xandria (seconde mouture), avec une touche de Revamp relative au cheminement harmonique, où les impulsions de Kassandra agrémentent une ligne mélodique invitante, celle-ci partageant le micro avec Chad, son comparse masculin (et mari) en voix claire. Quelques growls en tapinois s'invitent à la danse, mais desservent plus le duo mixte qu'il ne le valorisent, en définitive. Enfin, de sensibles arpèges au piano nous accueillent sur « Saying Goodbye », soyeuse et nightwishienne ballade a-rythmique, mise en exergue par l'osmotique et émouvant duo Kassandra Novell/Amanda Somerville, conjointement au souffle éolien et caressant du flûtiste Jeroen Goossens. Un profond et mélancolique moment intimiste, classique dans sa trame harmonique mais d'une confondante maîtrise vocale, suivant une sente mélodique exigeante et tout en nuances.
Au final, les efforts communément consentis en studio se sont avérés payants, la troupe ayant concocté une œuvre riche en arrangements, techniquement aboutie, variée, résolument accessible, classique mais efficace. En dépit de ses qualités, l'opus révèle toutefois une faiblesse de composition. Ainsi, l'énigmatique mid tempo « I Am » en voix masculine en demi-teinte, sans se montrer désagréable, s'avère peu propice à l'adhésion. On comprend que cet engloutissant morceau aura du mal à se hisser au niveau de ses voisins de piste. Petite erreur de parcours qui n'empêche nullement le combo d'afficher un enviable potentiel, certes à affiner et personnaliser encore mais qui devrait lui permettre de se hisser parmi les valeurs montantes du metal symphonique à chant féminin...
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