Liste des groupes Metal Symphonique Mercy Isle Storm

Inspirée par les œuvres de formations metal mélodico-symphonique à chant féminin telles que Delain, Nightwish, Xandria, Arven ou encore Autumn ou Sengir, entre autres, la chanteuse au chatoyant grain de voix Kassandra Novell (ex-Orphonic Orchestra) a orienté son projet artistique dans une même veine stylistique avec, dans son équipe, l'opportun renfort de musiciens aussi talentueux qu'expérimentés. Ainsi, en 2014, s'y sont simultanément adjoints : le claviériste Joop de Rooij (Aria Flame, ex-After The Silence, ex-Magion, ex-Galanor, ex-Transentience), le guitariste Cory Scheider (ex-Luna Mortis, ex-Casket Robbery, ex-Second Soul), le bassiste Chad Novell (ex-Orphonic Orchestra, ex-Casket Robbery, ex-Second Soul, ex-Strange Land, ex-Luna Mortis (live), ex-Aria Flame (live)) et le batteur Adam Maltby (ex-Luna Mortis, ex-Casket Robbery, ex-Second Soul).

Une année d'un minutieux et exigeant travail en studio a permis au quintet américano-néerlandais de nous octroyer une menue mais bien inspirée auto-production, à l'instar de « Storm », initial et laconique EP d'à peine un quart d'heure, suite à la promotion du single « I'M Gonna Make It », favorablement accueilli par les critiques et un public local encore relativement clairsemé. Ce faisant, on découvre une formation pleine d'allant, de conviction en ses vertes forces, d'une pugnacité contrôlée et d'un sens aigu de la mélodicité dont se parent les 4 compositions tantôt énergisantes, tantôt romantiques de la frugale rondelle. Pour la mise en valeur du produit, le combo a pu compter sur une qualité d'enregistrement convenable, propre mais non aseptisée ni édulcorée, d'un mixage sans jambage, réalisé par Voa VoXyD (Akamaradara Studios), l'ensemble étant mastérisé par Ronin Chris Murphy (Veneto West Studios). C'est en toute humilité que l'on est accueilli, à l'aune d'un artwork futuriste au trait fin et aux différentes nuances de gris, signé Gogo Melone. Entrons dès lors dans les arcanes de cette introductive offrande, ayant valeur de rite initiatique pour nos acolytes.

Premiers accords, premiers émois, à l'aune de passages estampés metal symphonique, aux gammes délicates, plutôt accessibles mais nullement simplistes, et investis en mid tempo. Ainsi, d'une pénétrante dynamique, le hit « I'M Gonna Make It » déploie ses cristallins et sinusoïdaux tentacules synthétiques pour nous aspirer, au fil d'un cheminement mélodique éminemment magnétique, jouant sur les nuances atmosphériques et de fines variations de tonalité plutôt que d'user d'artifices édulcorés. Dans le sillage conjoint de Delain, The Murder Of My Sweet et Arven, on ne tarde pas à entrer dans le chaudron bouillonnant pour ne plus en sortir, sinon avec l'indicible espoir d'y replonger, pour goûter à nouveau à la caresse des délicats accords et des angéliques patines oratoires de la belle. Carton plein donc sur les 3 minutes d'un acte prégnant et aux charmes avérés. D'autre part, non sans rappeler Stream Of Passion avec un zeste d'Imperia, « Uncaged », brûlant méfait mélodico-symphonique aux arrangements effilés, enchaîne d'enivrants arpèges au piano au fil du défilement du cortège instrumental. Dans une même logique de dissémination des harmoniques que son voisin de piste, de lumineux couplets alternent avec des refrains immersifs à souhait. Une entrée en matière devenue classique dans sa forme, dans ce registre, mais qui ne saurait se soustraire à l'éveil d'authentiques plaisirs.

Moins directement orienté vers les charts, mais gardant un mordant susceptible d'impacter quelques oreilles averties, déjà imprégnées des travaux de leurs sources d'influence, on retiendra une plage non moins invitatoire à l'adhésion. Ainsi, le virulent et délicieusement torturé « Storm », titre éponyme d'obédience power symphonique, livre un riffing acéré étreignant une rythmique resserrée, dans le sillage d'un Nightwish de la première fournée. Doublé d'oscillantes nappes synthétiques, le corps orchestral s'engage dans une courbe ascendante, intensifiant ses frappes et accentuant ses descentes de toms. Dans cette joyeuse tourmente, les volutes de la déesse, muée en lionne, se calent dans de saisissants médiums pour ne plus lâcher sa proie.

Enfin, comment résister à l'appel de la sirène qui, par d'insoupçonnées envolées parfaitement sous contrôle, nous mène en des terres sereines à l'instar de « No One Will Save You », délectable piste oscillant entre mid et low tempo. Ce serait sans compter avec une dualité de voix masculines (chant clair/growls), empêchant à cette plage de tomber dans les travers d'une léthargique ou mielleuse offrande comme d'aucuns parmi leurs homologues stylistiques pourraient en proposer. Au final, la magie opère sur une plage au quadrillage vocal indéfectible, aussi original que complémentaire.

A l'instar de cette frêle mais goûteuse galette nos compères marquent ainsi de leur sceau leurs premières et engageantes compositions. Bien qu'inspirées par leurs sources, ces dernières ont été suffisamment digérées pour rendre identifiables leurs initiales portées. Il faudra néanmoins que la formation y gagne en épaisseur artistique, en variété, en originalité, en durée pour rallier un auditorat élargi et, progressivement, s'imposer pour rejoindre le carcan des valeurs montantes de ce registre metal. Une production soignée qui appelle de ses vœux un prolongement du projet embrassé par la valeureuse formation, notamment à l'aune d'un album full length, déjà en préparation. Selon votre humble serviteur, il se pourrait que nous n'ayons pas à attendre bien longtemps pour les voir réenclencher la jouissive boîte à musique...