Liste des groupes Metal Mélodique Autumn Bride Undying

Encore une énième formation metal mélodico-symphonique à chant féminin, probablement vouée comme tant de ses pairs à une disparition prématurée des tabloïds, me direz-vous, et vous auriez sans doute raison. A quelques nuances près toutefois...

Conscient des risques encourus à se lancer tout de go dans la bataille, ce quartet autrichien originaire de Vienne a précisément laissé le temps nécessaire à la maturité technique et mélodique de ses premières compositions. En effet, cofondé en 2015 par la chanteuse aux chatoyantes inflexions Susanne Pointinger, dite ''Suzy 'Alyson' Q'' (Sextiger), le guitariste Alexander Schmid et le batteur Maximilian Fingernagel (Brewed And Canned, Days Of Loss, ex-Sextiger), ce ne sera que cinq ans plus tard que le groupe nous gratifiera de ses deux premiers et vibrants singles, « Guardian Angels » et « Fears and Devotion » ; deux des dix pistes de leur introductif et présent album full length, « Undying », une galette d'une durée de 45 optimales minutes, signée chez Stamping Ground Records. Mais, préalablement à l'analyse de la rondelle, quelques mots relatifs aux conditions de réalisation de ce set de compositions s'imposent...

Avec l'intronisation en 2018 de l'expérimenté bassiste Ben Pauswek (Days Of Loss), le combo entra en studio, sollicitant alors la patte du producteur Norbert Leitner pour l'enregistrement, le mixage et le mastering de leurs premiers titres ; enregistrements qui se poursuivront en 2019, année du clip de « Guardian Angels », réalisé, tout comme son successeur, « Fear and Devotion », un an plus tard, aux Tamás Künsztler Productions. Aux fins d'un travail en studio des plus minutieux, les enregistrements ne seront finalisés qu'en 2020, laissant dès lors entrevoir un mixage bien équilibré entre lignes de chant et instrumentation et bien peu de sonorités résiduelles. Une production d'ensemble de bon aloi autorisant l'écoute d'un seul tenant de ce propos metal mélodico-symphonique à la fois pulsionnel, entraînant, pétri d'élégance, jouant à plein la carte de l'émotion, où les influences de Nightwish, Evanescence, The Gathering, Autumn, Lacuna Coil se font tour à tour sentir. Mais entrons sans plus attendre dans la soute du navire en quête d'éventuelles pépites profondément enfouies...

C'est cheveux au vent et pied au plancher que s'effectue le plus clair de la traversée, avec quelques gemmes essaimées çà et là sur notre chemin. Ainsi, l'accroche s'effectuera sans ambages sous le joug du refrain catchy dont se parent « The Path » et « Forelsket », deux ''lacunacoilesques'' mid/up tempi aux riffs effilés et mis exergue par les puissantes impulsions de la sirène. Dans cette énergie, on retiendra les aériens et ''nightwishiens'' « Moonlit Waters » et « Guardian Angels » tant pour la soudaineté des montées en régime de leur corps orchestral que pour la fluidité de leur ligne mélodique et leurs enchaînements intra piste des plus sécurisants. Enfin, sous-tendu par une sanguine rythmique et une basse résolument vrombissante, le vitaminé « Shadows » poussera assurément le chaland à une headbang bien senti.

Plus en retenue, d'autres pistes sauront, elles également, retenir l'attention de plus d'une âme rétive. Ce qu'atteste « Fear and Devotion », un tubesque mid tempo metal mélodique aux riffs massifs, au carrefour entre Lacuna Coil et The Gathering, octroyant un infiltrant cheminement d'harmoniques. Dans cette mouvance, on n'esquivera ni « Ravenqueen » ni « All of the Lights », mid tempi heavy mélodique aux ronronnants gimmicks guitaristiques et déversant tous deux un entêtant refrain mis en relief par les poignantes attaques dans les médiums de la belle. Quant aux séries d'accords échafaudées sur « Undying », orientalisant low tempo à la confluence de Lacuna Coil et Evanescence nous immergeant dans une ambiance des Mille et Une Nuits, elles s'avéreront aptes à éveiller d'authentiques plaisirs.

Quand les lumières se font douces, nos gladiateurs se muent alors en de véritables bourreaux des cœurs en bataille. Ce qu'illustre « Monsters », une troublante et ''autumnienne'' power ballade glissant le long d'une radieuse rivière mélodique, propice au total enivrement de nos sens. Un instant privilégié aux airs d'un slow qui emballe, mis en habits de soie par les caressantes volutes de la maîtresse de cérémonie et magnifié par un violoncelle samplé non sans rappeler Apocalyptica.

Pour son premier essai, le quartet viennois s'en sort avec les honneurs, nous livrant une œuvre à la fois solaire, volontiers impulsive, des plus engageantes, parfois troublante, un brin romantique, poussant peu ou prou à une remise du couvert sitôt l'ultime mesure de l'opus envolée. D'aucuns auraient sans doute espéré un propos plus diversifié sur les plans atmosphérique et vocal – la belle monopolisant le micro de bout en bout du périple – une offre plus étoffée en matière d'exercices de style (instrumentaux, fresques, duos...) ainsi que l'une ou l'autre prise de risque inscrite au cahier des charges. Octroyant une ingénierie du son aux petits oignons, témoignant parallèlement d'une technicité instrumentale maîtrisée et d'une féconde inspiration mélodique, le combo autrichien aurait néanmoins une belle carte à jouer pour s'imposer parmi les sérieux espoirs du metal mélodique à chant féminin. Du moins, on ne peut que le leur souhaiter...