La tâche qui incombe aux chroniqueurs peut, parfois, s’avérer terriblement complexe tant l’exercice de la critique objective, concernant une œuvre ou un groupe à l’expression emplie de défauts embarrassant, n’est pas toujours simple. Une fresque, une création, un album, une chanson, un solo, un riff est souvent l’œuvre d’une vie dans laquelle l’artiste met une probité qu’il croit impartial. Mais cette conviction, aussi sincère fut-elle, ne suffit pas nécessairement à convaincre et ce d’autant plus que l’auditeur lambda possède généralement une neutralité que le créatif oublie naturellement.
Lorsque
Dream Child finis par taire ses ambitions, après un Reaching the Golden
Gate moyennement séduisant, son chanteur, Gerard Fois, décide de fonder
Eternal Flight sur les décombres de cette entité dans laquelle Dominique Leurquin, accessoirement connu pour s’être illustré comme guitariste au sein de
Rhapsody, officia. Après un premier véritable album,
Positive Rage sortis en 2004 sur le label italien Cruz Del Sur Music,
Eternal Flight nous propose de découvrir ce nouvel effort intitulé
Under the Sign of Will.
Et comment peut-on objectivement se satisfaire d’un tel manifeste ? Comment peut-on sincèrement encenser une telle engeance ? Car soyons sérieux ce
Under the Sign of Will n’est indubitablement pas à la hauteur de tous les espoirs placé en lui.
Parlons tout d’abord de sa faiblesse la plus notoire. Evoquons en effet, en premier lieu, cette imperfection évidente qui vient passablement enlaidir cette œuvre. Exprimons donc d’emblée notre amertume devant cette production indigne. Le mixage de cet album nous offre, en effet, le triste spectacle d’un ensemble sonore brouillon et creux dans lequel certaine nuances deviennent quasiment inaudible. De telle sorte que dès les premières mesures d’un Edge of
Fire laborieux aux refrains terriblement académiques, l’écoute d’un tel plaidoyer devient ardue, insupportable, lassante. Il va de soi qu’un tel traitement sonore condamnable, offre à ce
Under the Sign of Will une densité péniblement monolithique de laquelle il s’avère quasiment utopique de vouloir extraire quelques nuances salutaires. Cet album est, en effet, une masse homogène faisant naître un ennui invariablement éprouvant.
Au-delà de cette difformité, déjà forte handicapante, s’en cache une autre tout aussi regrettable. Loin d’exceller dans l’exercice des aigus les plus célestes, Gerard Fois s’y fourvoie, parfois, en un chant dans lequel ses intonation perdent rapidement de la justesse, de la puissance, du coffre et de l’ampleur (Edge of
Fire,
Dark Society…). Il serait, sans doute, plus judicieux de se contenter d’une voix plus médium certes plus commune mais plus confortable tels que sur, par exemple,
Forgotten Sign ou tel que sur le break intimiste de
Ghost (With a Different Soul).
Cet album, de surcroit, s’alourdit aussi de défauts inhérents au genre dans lequel il s’inscrit. Défendre, en effet, une musique, certes Heavy/
Power, mais aussi outrageusement Progressive dans un environnement aussi hostile à la nuance et à la précision est quelques peu suicidaire. Cette inextricable complexité dans un contexte sonore aussi brouillon appesantit encore davantage une œuvre en lui conférant une lisibilité quasi nulle. Cette démarche ajoute encore de l’accablement à l’ennui déjà ressentis jusqu’alors.
Pire encore depuis les derniers atermoiements de
Dream Child un confortable traditionalisme de rigueur semble s’être installé dans la créativité de ces musiciens et outres cette lisibilité perdue au cœur de constructions de plus en plus enchevêtrés, Gerard Fois ne parvient pas véritablement à nous offrir autre chose qu’une expression déjà entendu. Il ne suffit pas de changer de patronyme et de rendre ses créations plus incompréhensibles pour nécessairement avancer. D’autant que ces soucis de production inadapté semble récurents. Simplement autrefois on distinguait le potentiel derrière l’anémie sonore (rappelons-nous de titre enthousiasmants tels que, par exemple, The
Search sur l’album Reaching the Golden
Gate ou le travail de Gerard Fois était engageant), alors que désormais on peine à le deviner.
Au final,
Under the Sign of Will n’est qu’une œuvre désespérante défendant un Heavy/
Power exagérément Progressif qu’une production au mixage blâmable défigure. Et, au-delà de cette carence difficilement surmontable pour l’auditeur, rien ne vient positivement enluminer l’âme profonde de titres aussi ternes. L’ennui est là. Invariable. Inexorable. Cruellement inévitable…
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