"Salve
Sathanas"
Oui bon on a compris,
Machetazo est de retour avec une compil' qui regroupe tous ses EP et splits, et ça fait du bien. Car pour celui qui observe un tant soit peu la discographie des Espagnols, l'évidence ne tarde pas à sauter à la gueule : quasiment la moitié de leurs titres ne sont pas sur leurs albums LP. Et pourtant, sur ces nombreux disques sortis sur des labels obscurs, et donc introuvables de nos jours, on trouve des inédits, mais aussi des versions alternatives de titres connus, ainsi que des reprises dont le moins qu'on puisse dire, c'est que certaines sont surprenantes.
On a donc en main une galette qui contient l'équivalent de huit EP, enregistrés entre 1998 et 2004, et le plus marrant est que le groupe a choisi de les présenter en ordre chronologique inverse. Il est donc frappant de constater les différences de production au fur et à mesure que l'album avance, les premières étant d'excellente qualité (comme sur les LP) alors que les dernières dégagent un bon fumet underground, tout en restant correctes.
Mais la musique dans tout ça ? Et bien mon brave,
Machetazo ne change pas des masses, car depuis 1998 il pratique un Death/Grind archaïquement old school, très semblable à ce qu'on pouvait entendre entre 89 et 93, et donc sous très forte influence
Autopsy,
Impetigo,
Carcass,
Dismember et compagnie. L'optique du groupe et le son caractéristique qu'il a développé le rendent même comparable par moments à
Impaled, comme sur ces riffs groovy à moitié pompés sur
Carcass, qu'on distingue clairement dans Luto. Pour le reste, l'identité de
Machetazo est intacte et pure, à peu près comme un cadavre de raton laveur écrasé par un poids lourd début juin et toujours étalé au bord de la route fin août.
Parmi les titres présentés il y a certains classiques, comme Masticasesos, Humillado y Descuartizado por Mongolicos, La Mascara del Demonio,
Trono De Huesos ou Garrote
Vil. De manière plus surprenante, il y a aussi des reprises, puisqu'on a droit à une version dégueulasse de Black
Metal de
Venom, aux traditionnels
Massacre,
Repulsion et
Impetigo, mais aussi
Carcass,
Black Sabbath et même
Saint Vitus ! Reprises plus ou moins réussies,
Machetazo étant à l'évidence plus à l'aise sur les boucheries rapides que sur les groove Heavy des deux derniers. La reprise de
Repulsion est d'une sauvagerie sans nom, celle de
Massacre est transformée en quasi Grind, alors que
Saint Vitus se voit joué très fidèlement, mais avec un son ultra grave et grésillant, et que
Black Sabbath est défloré avec un mauvais goût et une absence totale de scrupules qui friserait le génie si ça ne donnait pas un résultat presque abominable - on peine à reconnaître l'originale.
Du reste, on a parfois droit sur les intros des EP à quelques samples issus de films démoniaques divers et (a)variés, qui s'intègrent plutôt bien dans l'ensemble. A vrai dire, bien qu'assez longue (dame, 61 minutes de ce traitement, on est en droit d'être rassasié) cette compilation passe sans problème sans qu'on ait envie de faire une pause, tant la sensation de brutalité et l'ambiance sale va de pair avec un certain amusement de sale gosse, une joie mauvaise que
Machetazo rend tout à fait perceptible à l'auditeur.
C'est donc un achat tout à fait recommandable pour le fanatique du genre, et même le novice en la matière pourra y trouver une bonne introduction à l'oeuvre de
Machetazo, encore que pour ce faire on puisse plutôt lui conseiller un album comme
Carne de Cementerio ou
Trono De Huesos. En somme,
Ultratumba n'est pas le genre de galette qu'on écoute en boucle, mais est tout à fait le genre d'album qui squatte régulièrement une platine CD, qu'on soit seul et qu'on veuille ne pas se prendre la tête, ou qu'on soit avec des potes et qu'on veuille une bonne bande son pour biture et blagues que la morale et la bonne société réprouvent - à l'instar de la musique de
Machetazo.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire