Parce qu'il faut bien compléter les collecs, et avec eux c'est pas gagné, je me suis procuré le dernier
Machetazo il y a déjà quelques temps. A première écoute, j'ose le dire, je me suis un peu emmerdé. Il faut dire que les Asturiens n'évoluent pas excessivement, bien au contraire, le son, encore plus crado et étouffé, semble indiquer qu'ils régressent. Pour la musique aussi d'ailleurs, puisqu'ici on est carrément dans un
Abscess hispanique, plus punk que leurs précédents, mais toujours dans l'optique d'un Death/Grind primitif. Changement d'atmosphère également, puisque celle-ci est plus sombre et bancale, moins fun qu'auparavant, en somme. Ma première réaction fut donc : "Mouais, toujours pareil".
Puis j'y suis revenu après avoir entre temps dégusté d'autres choses moins bourrues, et désormais il me semble bien qu'il s'agit du meilleur album de
Machetazo. Au début le son semblable à une tartine de graisse m'avait caché les petites merveilles qui jalonnent l'album - il faut dire que ça grésille joyeusement comme une côte de boeuf sur le grill. Mais ce son est parfait pour le groupe, qui de toute façon n'a jamais eu l'intention de taper dans le chirurgical ou le synthétique. En bref, s'il y a vraiment ici un côté
Abscess plus qu'
Autopsy, par la grâce d'une simplicité et d'un minimalisme tout punk, c'est un bon album en soi qui se compare favorablement à leurs précédentes sorties.
Machetazo groove toujours à mort, le son de gratte tronçonne alors que la monumentale basse saturée claque au premier rang. Toujours aussi
Old School sans trop en faire dans le blast à tout va, les Espagnols ont trouvé le bon équilibre.
C'est sur les chapeaux de roue que commence ce
Mundo Cripta, avec notamment un enchaînement Alicinaciones Blasfemas/Mortifero
Ente Demoniaco qui sent bon son Lucio Fulci pour cause d'ambiance putride aggravée (vous savez bien, cette fameuse scène du zombie qui leeeeentement pousse la tête de la blonde vers le clou qui dépasse de la poutre...). Quelques samples continuent de participer à la fête, encore que moins nombreux que précédemment, et le chant se fait moins insistant, comme si le groupe avait voulu mettre en valeur le flagrant délit de Rock'n'Roll parfois commis par les riffs et les blasts crétins. Il faut bien le dire, avec environ trois riffs par chanson, et une durée de chacun comprise entre une minute trente et trois minutes, on a peu le temps de s'ennuyer, d'autant plus que l'alliance d'un son de guitare particulièrement abrasif et de passages parfois dissonants réveille régulièrement l'attention de l'auditeur. Certes,
Abscess et
Repulsion sont ici à la fête, parfois mélangés qu'ils sont à du Death
Metal basique de chez basique (un riff particulièrement goûtu sur Altares de lo Macabro), mais chez
Machetazo on n'oublie heureusement pas, au milieu de tout cet océan de graisse bouillonante qu'est Mundo Cripto, de réserver quelques moments d'anthologie. Et en particulier un titre, que dis-je ? Un tube ! La mid tempo
Totem, merveilleuse déclaration d'amour aux films pas frais - certes pas la première du groupe. Sur un riff de basse et un lit de double pédale vient se coller un chant de goule en rût et une guitare frénétique qui transforme instantanément ce titre en classique du groupe.
Allez, soyons honnêtes :
Mundo Cripta n'est pas vraiment moins fun que les précédents albums. Il est juste plus sarcastique, plus second degré, et l'air de sérieux que les trois membres arborent sur les photos du livret n'est qu'un jeu, un piège, une manière de dire que
Machetazo n'arrêtera jamais de donner dans le mauvais goût et l'ironie. Ici tout est plus extrême, le son comme les compositions, l'ambiance comme le chant, et surtout l'humour d'un groupe qui avec amour, perpétue un style qu'il n'a pas créé, qu'il ne prétend pas révolutionner ou faire évoluer (horreur, quelle idée nauséabonde!) mais qui désormais joue à développer sa petite histoire, bien tranquille dans son coin, comme du reste le montre bien le titre qui clôt l'album : Los Cuentos del Muñon Gangrenoso, déjà la cinquième du nom.
Mundo Cripta est intéressant pour découvrir le groupe, attrayant pour tout fan des groupes classiques cités plus haut et a priori indispensable pour tout fan de
Machetazo. Ainsi soit dit.
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