Ukryty Wymiar

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16/20
Nom du groupe Artrosis
Nom de l'album Ukryty Wymiar
Type Album
Date de parution Octobre 1997
Produit par Piotr Witkowski
Enregistré à Hellenic Studio
Style MusicalMetal Gothique
Membres possèdant cet album24

Tracklist

1.
 Lisa
 02:42
2.
 Czarno-Białe Sny
 03:56
3.
 Taniec
 03:44
4.
 Nazgul
 04:46
5.
 Siódma Pieczęć
 05:19
6.
 Rzeka Istnień
 05:05
7.
 Żywiołom Spętanym
 06:14
8.
 Epitafium
 06:12
9.
 Góra Przeznaczenia
 05:06
10.
 Szmaragdowa Noc
 05:56

Durée totale : 49:00

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Artrosis


Chronique @ dark_omens

07 Novembre 2013

Une œuvre de Metal Gothique riche, pas forcement majeure, mais assurément inoubliable...

The Gathering avec son Mandylion, et Theatre Of Tragedy avec son album éponyme, viennent seulement de définir les nouvelles aspirations d’un Gothique dans une vision plus douce où l’expression féminine s’inscrit, enfin, comme un atout majeur, essentiel et primordial. Et alors que dans une démarche où chacun de ces deux groupes affirme de manière forte les caractéristiques d’une personnalité nouvelle, s’élève de Pologne une petite voix mélancolique dont les accents langoureusement remarquables vont conquérir l’ensemble des cœurs meurtris Polanes, avant de toucher les autres, non moins désespérément avides de sombre tristesse, en dehors des frontières slaves.

Formé en 1995, dans la petite ville de Zielona Gora, Artrosis s’inscrit dans une philosophie très proche de celle des deux groupes déjà cités. Les similitudes flagrantes entre les intonations vocales de sa chanteuse Magdalena "Medeah" Dobosz et celles d'Anneke Van Griesbergen sont indéniables. On doit aussi parler de ressemblances musicales évidentes. Artrosis partage avec ces "tragédiens" allemands le goût pour ce doux enlisement de mélodies aux sons lascifs, et avec l’école hollandaise celui de rythmes parfois plus soutenus. Au fond, à l’exception des ses origines, ce groupe pourrait n’être rien d’autre qu’une étrangeté anecdotique.

Et pourtant, là où nos Polonais offrent une véritable évocation différente c’est, tout d’abord, dans l’amalgame réussi de ces deux influences majeures. Il donne, en effet, un récital contradictoire où la délicatesse ténébreuse atmosphérique très allemande s’unit formidablement à l’énergie plus "virulente" de guitares et à de tempos plus hollandais. Union délicieuse avec laquelle il se positionne donc très clairement, à l’instar de The Gathering, souvent dans une approche très lointaine de ce Doom/Death originel, mais aussi, à l’image de Theatre Of Tragedy, dans une inquiétante grâce, dans une paisible tristesse, avec notamment l’utilisation de ces nappes de synthé, de ces pianos et de ces violons, et parfois de ces passages plus lents, déjà indispensables au genre.

C’est ensuite dans la personnalité propre de l’entité Artrosis qu’il faut trouver son particularisme le plus envoûtant. Proche d’un cri primal originel, proche d’une vérité organique qui vient du plus profond de son âme, il exprime ses langueurs tourmentées, et belles tout à la fois, dans la langue polonaise qui l’a vu naître. Ses mots se chargent alors d’une aura mystérieuse très poignante, et particulièrement adéquate aux émotions propres à ce nouveau mouvement naissant. Il parait, bien entendu, évident que Medeah sculpte de manière plus nuancée et plus naturelle les contours d’un émoi bien plus palpable et bien plus gracieux dans les intonations d’une expression dont elle use depuis toujours, que dans celle d’un anglais qui serait forcément plus forcé.

Pour en finir avec ces divergences enrichissantes, on ne peut parler du Artrosis de ces années-là sans mentionner ses musiciens, ou plutôt, leurs absences. Impuissant à trouver un vrai batteur, l’instrument est joué par Maciej Niedzielski à l’aide de son synthé. Si cette déficience derrière les fûts aurait pu, et aurait dû, constituer un véritable handicap pour la musique du trio, elle en sera, pourtant, un de ses plus grands atouts. Ces notes de cymbales, de caisses claires et de toms virtuels, froides et pesantes, machinales et sans vie, conduisent chaque riff tourmenté et mélancolique de Krzysztof « Chris » Bialas dans une alliance aux mécaniques implacables, et souligné admirablement par le contraste, avec une Medeah très aérienne, vers un inexorable trouble saisissant.

Cette opposition entre l’aspect organique et éthéré des voix, des éléments classiques liés aux genres (violons, synthés…) et l’aspect mécanique et accablant de la musique est l’essence même du paradoxe, et surtout de la magie liée à ce groupe. Elle illustre de manière très différente cette dualité beauté/laideur, lumière-obscurité, que Theatre Of Tragedy exprime dans ces conversations entre vocaux Death masculin et chants clairs féminins.

L’album le plus représentatif du travail d’Artrosis reste ce Ukryty Wymiar, sorti principalement sur le territoire polonais dans un relatif anonymat, et qui doit son succès aux médias locaux, et à un public toujours plus grand. Tant et si bien que ce retentissement conduira le groupe à envisager une sortie moins confidentielle sous le nom de Hidden Dimensions. En effet, soucieux de rendre son propos moins inaccessible, les chansons et le titre de cet album seront traduits et proposés dans des versions anglaises, leurs faisant perdre un peu de ce charme énigmatique.

Quoiqu’il en soit ce Ukryty Wymiar donne à entendre les mélodies envoûtantes d’une œuvre entêtante. Dès les premières mesures, Lisa nous hypnotise. Ce titre, aux lenteurs infinies, où Medeah nous invite à un périple intérieur profond, et ce, d’une plainte épurée de tout mot, unique lamentation incantatoire accompagnée d’un riff incessant et sombre, d’une nappe de clavier et de quelques sons de synthés. Dans un registre très similaire, Rezka Istnien y rajoute simplement la gravité de quelques narrations masculines parlées. Ce voyage ne prendra fin que lorsque résonneront en nous les dernières notes de Szmaragdowa Noc, qui est sans doute, malgré ses violons, le titre le moins Gothique de ce disque et qui préfigure déjà, un peu, de la direction musicale que prendra Artrosis par la suite.

Chaque titre de ce Ukryty Wymiar est un paysage unique où se mêlent des couleurs ternes et d’autres moins pâles pour donner un tableau émouvant. Une de ces fenêtres sur le monde d’Artrosis, Zywiolom Spetanym, dans ses passages rythmiques les plus soutenus et ses sonorités de guitares les moins sombres, nous laissent entrevoir, sans doute très involontairement, les infimes prémices de ce qui, bientôt, sera le Metal Symphonique féminin. Ce qui n’est pas absurde si l’on songe que The Gathering est à la fois une des influences de ce genre, et une influence majeure d’Artrosis.

Le reste de l’album s’inscrit parfaitement dans cette confrontation de styles décrite plus haut, où Artrosis se nourrit à la fois du Doom/Death des uns, du Gothique plutôt Rock des autres et parfois même, de manière très brève, de Heavy. Et cela pour nous offrir une œuvre de Metal Gothique riche, pas forcément majeure, mais assurément inoubliable.

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COF42 - 08 Novembre 2013: Un bien bel album avec une atmosphère particulière.
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