Après quelque 12 albums au compteur (la plupart étant passés sous les écrans radars), Lenny
Wolf aura décidé de mettre un terme à son bébé
Kingdom Come. Ainsi, a l’heure du bilan, on sera légitimement en droit de se poser la question suivante :
Kingdom Come est-il passé à côté de son histoire, même et surtout après toutes ces années ? C’est bien possible.
Au regard de l’excellence de ses 2 premiers albums, il y avait en effet là matière a se dire qu’en poursuivant sur sa lancée, ce groupe, monté de toutes pièces autour de l’ex
Stone Fury Lenny
Wolf, avait tous les atouts pour accroître son succès sur la durée.
Si constamment tenu de se justifier, au prétexte de quelques filiations avec
Led Zeppelin (en particulier sur son premier album), et voilà peut-être ce qui aura scellé le destin de cette formation pourtant si prometteuse, telle que nous la connaissions alors. Je n’ai d’ailleurs personnellement pas le souvenir d’autres formations ayant eu à subir une telle fronde de la part de la presse
Hard de l’époque.
Désormais seul Maître face a son destin, il est du coup assez surprenant que Lenny
Wolf ait finalement choisi de conserver le nom du groupe à lui tout seul. Sachant que jamais plus le chanteur allemand (s’en retournant des Amériques) n’inscrirait la musique de
Kingdom Come dans ce qui avait, jadis, tant séduit ses premiers fans. Celui de ce puissant
Hard Rock aux fortes connotations Blues. C’est donc dans ce contexte, après avoir enregistré deux albums diversement appréciés, que Lenny
Wolf publiait, en 1995, son cinquième album, "
Twilight Cruiser".
Si le jerrican illustrant sa pochette demeurera à jamais pour moi une énigme, qu’en est-il de son contenu ? Musicalement, même dans sa grande variété de styles, "
Twilight Cruiser" est incontestablement une réussite. En vérité, la seule et unique chose qui m’aura toujours chagriné dans cette suite donnée à
Kingdom Come, vient de la manière dont Lenny
Wolf appréhende désormais son chant : cet aspect assez plaintif, jouxté à ce trémolo quasi permanent dans ses intonations, la puissance des débuts semblant s’être envolée, comme si le chanteur n’osait plus pousser sa voix. Voilà ce qui, je pense, m’aura finalement éloigné de ce (faux)
Kingdom Come par la suite. Mais pour l’heure, je vous propose de nous attarder un instant sur ce qui, selon moi, fait la qualité d’un tel album, aujourd’hui encore.
Tout d’abord, Lenny aura ici privilégié un enregistrement au son souvent très naturel et direct. Au point de donner l’impression à l’auditeur d’être dans la même pièce que les musiciens. Personnellement, j’adore ce traitement.
Entouré d’excellents partenaires de jeu, Lenny
Wolf aura trouvé en la personne du guitariste Markus Deml, un musicien de premier ordre. Quel remarquable toucher que le sien ! Quel feeling sur chacune de ses interventions (d’où qu’elles viennent) !
Tour à tour « Gilmourien » sur les presque 7 minutes de l’irrésistible titre éponyme, rugissant sur le très expéditif «
Hope Is on
Fire », groovy à souhait sur le ludique « Thank You All », Heavy et bourré de feeling sur le chorus de « Can’t Put On and Not Take Back », émotionnel sur «
Cold Ground » et le final « Should Have Know ». Bref, vous l’aurez compris, le guitariste fait ici « feu de tout bois », et il n’est pas pour rien dans la réussite de ce disque aux ambiances multiples. L’homme ne s’encombre surtout jamais d’un jeu « tape à l’œil », comme il est souvent de mise dans l’écurie
Hard et
Metal. Toujours au service des compositions, il délivre à chaque fois LA partition juste pour donner tout son caractère au morceau en question. Aussi, je vous invite à aller voir sur le net qui se cache derrière ce guitariste discret et pourtant si talentueux. On comprend mieux alors pourquoi...
Ce qui fait aussi la qualité de "Twillight Cruiser", c’est que le chanteur est allé là ou ses aspirations et ses envies le menaient, sans se réfréner le moins du monde. Tantôt Heavy ou plus Bluesy, brouillant les pistes dès l’entame de son morceau d’ouverture ou développant des moments plus calmes et ambiants en d’autres occasions, le
Hard Rock proposé ici ne répond au final pas toujours aux codes ou aux schémas auxquels nous sommes d’ordinaire habitués. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle je reste profondément attaché à ce disque, même après tout ce temps. Tout y est assez surprenant et donc vivifiant.
De son côté, la section rythmique, remarquable de concision, cimente le tout avec force talent, et n’a certainement pas à rougir face à celle du binôme que formait James Kottak et Johnny B Franck sur les deux référentiels premiers albums.
Pour finir, il me paraît important de souligner l’importance que les claviers auront pris dans la musique de Lenny
Wolf. Sans jamais être envahissants, ils apportent à chaque fois une couleur particulière aux titres, et ne se gênent d’ailleurs pas, quand l’occasion s’y prête, à venir jouer du coude auprès des guitares.
En vérité, depuis que j’ai ressorti cet album de mes tiroirs, après une longue hibernation de plusieurs années, ce "
Twilight Cruiser" me donne même le sentiment d’avoir gagné en saveur, 30 ans pile après sa sortie. Une chose suffisamment rare pour être soulignée.
sublime album de KC .
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