Impulsé par un premier et truculent album studio, «
The End of an Era », on pouvait subodorer que le combo italien ne resterait pas terré dans l'ombre bien longtemps... Pari gagné ! Mû par un vent d'inspiration renouvelé et désireux d'en découdre plus sérieusement aujourd'hui qu'hier, voilà le quintet milanais prestement revenu dans la course ! En effet, une année seule séparera cet introductif effort de son successeur, «
Trust », signé, à son tour, chez le puissant label italien Scarlet Records. Ce faisant, les 11 plages de la fraîche rondelle seraient-elles à même de propulser l'inspirée formation parmi les valeurs montantes d'un espace metal mélodique moderne actuellement soumis à une concurrence galopante, et ce, une année et demie seulement suite à sa sortie de terre ?
Dans cette deuxième traversée en eaux profondes et quelque peu houleuses, nous embarquent à nouveau : Carolina Bertelegni, chanteuse aux claires et puissantes inflexions, Alex Pedrotti et Alessandro Tuvo aux guitares, Cristiano Trappoli à la basse et Matteo Malchiodi à la batterie. De cette indéfectible collaboration naît une œuvre rock'n'metal mélodique moderne, à la fois sanguine, enjouée et sensuelle, où les sources d'inspiration sont à puiser, cette fois, dans le patrimoine compositionnel de Volturian, Metalite,
Walk In Darkness, Spiritbox, Ad
Infinitum,
Lacuna Coil,
Evanescence et
We Are The Fallen. Tout comme son prédécesseur, ce second élan a fait l'objet d'une production plutôt soignée, relevant de la patte experte des deux guitaristes patentés. En découle une qualité d'enregistrement ne concédant pas l'once d'une sonorité résiduelle, tout en offrant une saisissante profondeur de champ acoustique. Il ne nous reste plus qu'à suivre nos cinq corsaires dans leurs pérégrinations marines...
La troupe transalpine révèle à nouveau sa capacité à générer une énergie aisément communicative, à commencer par ses pistes les plus éruptives. Ce qu'atteste, en premier lieu, « G.O.D. (Given or
Denied) », up tempo aux riffs étourdissants adossés à une sanguine rythmique, au carrefour entre Metalite et
Lacuna Coil ; mis en habits de lumière tant pas les claires oscillations que par les screams déchirants de la déesse, couplets frondeurs et refrains entêtants glisseront avec célérité dans nos tympans alanguis. Sous le joug de sémillantes rampes synthétiques, d'une sente mélodique, certes déjà courue, mais des plus impactantes, et de son énergie aisément communicative, le ''volturien'' mid/up tempo « Control », quant à lui, générera à n'en pas douter un headbang bien senti et quasi ininterrompu. Mais le magicien aurait encore quelques tours dans sa manche, et des meilleurs...
Quand ils desserrent un tantinet la bride, nos acolytes trouvent, une fois encore, les clés pour nous aspirer dans la tourmente sans avoir à forcer le trait. Ce que prouve, tout d'abord, « Animal by Choice », mid tempo aux riffs épais à la confluence de
Lacuna Coil et de Volturian ; essaimant de martelants coups d'olives tout en se calant sur une sente mélodique des plus enivrantes, qu'empruntent les pénétrantes inflexions de la sirène, ce vibrant méfait ne se quittera qu'à regret. Dans cette énergie, on ne saurait davantage éluder «
Never Feel,
Never Fear » mid tempo aux riffs crochetés à mi-chemin entre Metalite, Spiritbox et Volturian : pourvu d'enchaînements intra piste des plus sécurisants, de truculents harmoniques et d'un fringant solo de guitare de clôture, le chavirant propos n'aura pas tari d'armes pour se jouer des plus tenaces de nos résistances. On retiendra, enfin, « Give Me a Fuckin' Break » et « Conquer and
Divide », ''lacunacoilesques'' mid tempi éminemment tourmentés et jouant à plein sur les effets de contrastes oratoires, les caressants médiums de la belle tranchant avec les screams rageurs qu'elle se plaît à intercaler. Et, dans un cas comme dans l'autre, la sauce prend, in fine.
Lorsqu'ils nous mènent en de plus apaisantes contrées, nos compères parviennent d'un battement de cils à nous retenir plus que de raison. Ce qu'illustre, d'une part, « Under My
Skin, Before Your
Eyes », ballade romantique jusqu'au bout des ongles que n'auraient sans doute reniée ni
Evanescence ni
We Are The Fallen. Glissant le long d'une radieuse rivière mélodique, sur laquelle se calent les félines oscillations de la maîtresse de cérémonie, et recelant un grisant solo de guitare, l'instant privilégié ne saurait être esquivé par l'aficionado de moments intimistes. D'une sensibilité à fleur de peau et sous couvert de l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'elle nous invite à suivre, et non sans rappeler
Walk In Darkness, la ballade atmosphérique «
Trust » pourra non moins faire plier l'échine à plus d'une âme rétive. On pourra encore se voir happé par « I
Wish », ballade rock'n'metal mélodique aux relents dark gothique, dans la veine coalisée de
Walk In Darkness et Ad
Infinitum ; pourvu d'un fondant refrain encensé par les sensuelles ondulations de la belle et ses enivrantes séries de notes, le félin méfait poussera assurément à une remise en selle sitôt l'ultime mesure envolée.
Est-ce à dire que le sans-faute serait au bout du chemin ?
Pas tout à fait ! Ainsi, se posant tel un bref interlude instrumental aux arrangements de bonne facture, «
Lost... » ne s'avère pas moins en proie à d'intarissables linéarités mélodiques doublées de répétitives séquences d'accords. On passera donc son chemin, cette fois. En dépit de lignes de chant parfaitement ajustées et d'arrangements finement esquissés, en raison d'un refrain peu loquace et d'un manque de cohérence harmonique dont ses couplets s'en font l'écho, le ''lacunacoilesque'' mid tempo «
Waterfall » ne saurait davantage prétendre à une inconditionnelle adhésion.
En définitive, le collectif italien nous octroie une œuvre à la fois chatoyante, un brin tourmentée et pénétrante, incitant à y revenir dès la chute finale amorcée. Bénéficiant à son tour d'une ingénierie du son ne souffrant que de rares irrégularités, et instillé d'une technicité instrumentale plus affermie aujourd'hui qu'hier, ce second élan n'aura pas tari d'armes efficaces pour avoir raison de bien des tentatives de résistance à son assimilation.
Il conviendrait cependant, à l'instar de leur précédent effort, que nos acolytes étoffent leur propos d'exercices de style encore vierges de toute incursion de leur part, et qu'ils confèrent davantage d'épaisseur artistique à un méfait ne manquant ni d'allant ni de panache. Carences que compensent moult sillons mélodiques délicatement sculptés et des plus ensorcelants, et une signature vocale non seulement plus affirmée, mais aussi enrichie d'inédites et pénétrantes modulations. Bref, un deuxième essai aussi enivrant qu'empreint de sensualité insufflé par la troupe transalpine, susceptible de la placer dès lors parmi les valeurs montantes de leur espace metal d'affiliation...
Note : 15,5/20
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