Quatre années déjà envolées depuis son introductif et complexe album studio, «
Garden of the Gods », et voilà le combo nord-américain à nouveau sur les starting-blocks, muni d'un second opus de même acabit dénommé «
Tragic Tales » ; auto-production de 7 opulentes pistes égrainées sur un ruban auditif de 43 minutes. Le temps pour la troupe de peaufiner sa technique instrumentale, de densifier un poil ses compositions, d'affiner ses lignes mélodiques et d'affûter encore son ingénierie du son, la galette n'accusant que de rares sonorités résiduelles, signe d'une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut. Ce faisant, ce nouvel arrivage permettrait-il dès lors au collectif d'essaimer plus largement ses riffs que son devancier ?
Conformément à ses aspirations premières, le collectif continue d'oeuvrer dans un registre rock'n'metal gothique progressif à la touche tantôt heavy, tantôt doom, où les influences seraient à chercher du côté de
Rush,
Dream Theater,
Savatage,
Tristania,
Nightwish ou encore
Autumn. Un regard éclectique singularisant le propos et, une fois encore, parfaitement assumé par nos quatre compères, à savoir : Jenn Hailey au chant ; Bob Ross à la basse, aux claviers et percussions ; Gary Campbell aux guitares et Mike Olson aux guitares, claviers et percussions. Est-ce à dire que ce second mouvement marcherait sur les pas de son aîné à l'exclusion de toute autre alternative qui, précisément, en fonderait son originalité ?
A l'instar du précédent effort, quand il nous projette sur des charbons ardents, le collectif trouve à nouveau les clés pour nous retenir, un peu malgré nous. Ainsi, au regard de son refrain immersif à souhait mis en exergue par les chatoyantes impulsions de la déesse, alors apparentées à celles de Marjan Welman (
Autumn, Vetrar
Draugurinn), et recelant d'insoupçonnées et grisantes montées en régime du corps orchestral, l'''autumnien'' mid/up tempo «
Against My Will » ne saurait être éludé.
Mais les passages un tantinet plus en retenue sont ici les plus nombreux, et ne détiennent pas moins l'arsenal technique et esthétique susceptible de nous faire plier l'échine. Ce qu'attestent, d'une part, «
The Show » et «
Blackmore Road », mid tempi gothique progressif aux riffs acérés à mi-chemin entre
The Gathering,
Dream Theater et Vetrar
Draugurinn. L'un, calé sur une sente mélodique certes convenue mais finement esquissée sur laquelle se greffent les troublantes inflexions de la sirène, et doté d'un flamboyant solo de guitare, le second, un poil plus linéarisé mais pourvu d'un vibrant solo au saxophone, ces deux énigmatiques méfaits pousseront assurément le chaland à un headbang subreptice. Dans cette énergie, on retiendra encore le mid tempo «
The Thin Veneer », un intrigant condensé entre
Nightwish et
Rush, tant pour ses enchaînements intra piste des plus sécurisés, la soudaineté de ses accélérations rythmiques qu'au regard d'un pont techniciste bien customisé.
Par ailleurs, si le combo semble à son aise lorsqu'il oeuvre dans de pléthoriques pièces en actes gothico-progressives, l'accroche peinera toutefois à s'effectuer dès les premières écoutes. A l'image de son devancier, l'exercice de style exploré nous livre d'insoupçonnés effets de contraste rythmiques, non sans toutefois concéder d'inextricables longueurs, atténuant d'autant l'impact escompté. Ce qu'illustre «
Brave New World », qui, tel « Rise of the Gods », nous impose un lent démarrage, lui-même cachant mal les percutants roulements de tambour d'une régularité métronomique qui s'ensuivent. Dans cette lignée, l''autumnien'' low tempo progressif «
The Wreck of the Edmund Fitzgerald » glisse le long d'une engageante rivière mélodique tout en jouissant d'arrangements ''nightwishiens'' et d'un grisant solo de guitare. C'est néanmoins sans surprise que s'achève le parcours de cette lascive offrande qui, pourtant, se révèle à la fois pénétrante et sensuelle.
Mais l'opus s'affuble d'une baisse de régime plus manifeste. Aussi, au regard d'une incessante répétibilité des schèmes d'harmoniques dispensés, octroyant parallèlement une sente mélodique des plus fades et un break inopportun, le poussif low/mid tempo «
Wasteland » éprouvera quelques difficultés à rivaliser avec ses voisins de bobine. Et ce ne sont ni le bref et peu ragoûtant solo de guitare ni l'empreinte vocale d'une interprète cette fois peu habitée qui sauveront la frêle embarcation du naufrage.
Marchant sur les traces de son aîné, ce second mouvement nous immerge au cœur d'un propos à la fois complexe, mystérieux, troublant, techniquement affûté, bénéficiant d'une production d'ensemble et d'arrangements de bonne facture. Cependant, là encore, les exercices de style tendent à sa répéter et les variations atmosphériques à se faire discrètes. Si le sillon mélodique s'avère désormais un poil plus lisible, l'émotion peinera parfois à être au rendez-vous de nos attentes. C'est dire qu'en dépit de quelques moments forts, le message musical devra se voir affiné et un zeste moins hermétique qu'il n'apparaît pour espérer impacter plus largement le chaland. Bref, un second effort en demi-teinte, dans la lignée de son prédécesseur...
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