Certaines personnalités incarnent un style musicale à elles seules, des sortes d’icônes incontournables qui ont apporté leurs lettres de noblesse à un style en particulier. Je pense par exemple à Lemmy pour le punk/hard ou Ozzy pour le heavy. En death métal, un des premiers noms à me traverser l’esprit est forcément celui de Paul Speckmann…
Et oui, Paul Speckmann est le bassiste / chanteur de pas mal de formations Thrash/death, dont les trois plus connues sont MASTER, KRABATHOR et le bien nommé
Abomination. Je sais que parmi pas mal de jeunes métaleux qui lisent ces lignes, beaucoup ouvrent de grands yeux; avec au dessus de la tête un gros point d’interrogation. Ces trois groupes ont tous sortis de très bons albums de death métal au début des années 90, avant le splitter, se reformer, re-splitter, se re-reformer sous des line-up complètement différents, avec toujours à la barre l’indestructible Speckmann. Celui-ci a d’ailleurs en parallèle persévéré dans la même voie avec le SPECKMANN PROJECT, formation qui regroupait divers membres de tous ses autres groupes. Mais si, concentrez vous un peu, c’est pas si compliqué… A une époque, notre homme tournait même avec MASTER en tête d’affiche, PUNGENT STENCH au milieu pour qu’il se repose un peu, et il remettait le couvert en troisième position avec
Abomination ! Un acharné je vous dis…
La même année, en 1992, et sur le même label,
Nuclear Blast, sortaient l’excellent premier album de MASTER, « On The
Seventh Day,
God Created…
Master ! » et cette deuxième réalisation de
Abomination, «
Tragedy Strikes », nettement meilleure que la première. Il faut dire que pour la batterie, Speckmann ne s’est pas associé à un manche, c’est le très bon Aaron Nickeas (aussi présent dans MASTER et SPECKMANN PROJECT) qui martèle les fûts.
«
Tragedy Strikes » est un mélange de thrash au riffs assez simples et de poussées death métal. Les vocaux de Speckmann, pas vraiment gutturaux, collent d’ailleurs parfaitement à ce style. Si les deux premiers morceaux de l’album se montrent seulement sympathiques, le disque ne décolle vraiment qu’à partir du troisième titre, "Pull The Plug" (rien à voir avec le titre de DEATH) qui envoie méchamment la purée avec une touche punk/hardcore bien plus présente. La suite est tout autant réjouissante, avec de tant à autre de petite surprises comme les quelques parties plus mélodiques de "
Will They
Bleed", les riffs et ambiances plus recherchés de "
Soldier" ou l’instrumental aux rythmiques simples et tranchantes "Killed Or Be Killed". Les morceaux les plus marquants restent néanmoins les plus directs (les plus courts aussi !) "Pull The Plug", ou le très entraînant "Industrial Sikness" au refrain imparable. Mais attention, le son, l’ambiance et les compos en générale restent primaires, cet album s’adresse uniquement aux passionnés d’une musique brute et sans artifices. Les amateurs de death tel qu’il se pratique actuellement ne s’y retrouveront probablement pas et risquent même de trouver cet album assez terne. On est très loin des grosses réalisations de CANNIBAL CORPSE ou DECAPITATED ! Mais son ambiance et son feeling ne me lassent pas, c’est un album que j’ai dans le cœur, point ! De plus, les paroles, sans être d’une philosophie profonde, traitent de sujets sérieux et ne se vautrent pas dans les clichés gore, ce qui apporte un crédibilité supplémentaire à
Abomination malgré son nom pas original pour un euro.
Même si vous ne vous sentez pas inspiré par la musique de Speckmann ou que de death old-school du début des années 90 ne vous intéresse pas, vous aurez au moins appris plein de trucs sur lui en lisant ma chronique ! Vous pourrez vous la peter dans vos discutions de métaleux, hé hé… Au fait, il est tchèque, pas étonnant, avec de tels modèles, que la République Tchèque soit aujourd’hui le paradis du grind !
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