Quelques notes de piano.
C’est ce qui suffit à ce premier album éponyme de
TotalSelfHatred pour nous faire basculer à jamais dans son univers et sa perversion.
Quelques notes de piano.
C’est ce qui suffit à ce premier album éponyme de
TotalSelfHatred pour nous dévoiler en sonorités un paysage pur et glacial, typique des lacs et forêts infinis de Finlande. Quelques notes évoquant immanquablement l’eau, forme naturelle se voyant rapidement dérangée par la grondeur de guitares humaines et organiques, brisant en un instant le panorama si magnifique installé initialement.
Quelques notes de piano.
Cette introduction de "Enlightment", morceau splendide et malsain tout en restant d’une beauté crépusculaire, traçant avec soin la ligne de conduite d’un album pour le moins exceptionnel.
Les hurlements déchirés des deux vocalistes, A et C se répandent dans l’air et étouffent l’atmosphère si précieuse à notre survie mentale. Ils nous tranchent les veines avec une précision chirurgicale et imperturbable de toute trace d’humanité saine d’esprit.
Car le black metal de
TotalSelfHatred ne s’embarrasse pas de concept satanique futile ou d’envie annihilatrice, non, les finlandais transmettent une douleur avant une haine, haine qui plus est, complètement retournée sur leurs personnes et non sur l’extérieur. Une violence sous forme de catharsis aliénant l’auditeur grâce aux riffs dissonants et à une lourdeur doom partout présente, jusque dans ce son suffocant et parfaitement réussi.
Si le tempo dépasse rarement le mid (malgré quelques blasts savamment dosés), il ne fait que donner à l’auditeur ce sentiment inconfortable et dérangeant de repli sur soi et de chute infinie dans un néant dont on ne connait rien et qui, dans ce sens, nous horrifie.
L’horreur !
Sentiment présent dans l’introduction cinématographique et malsaine de "
Ruoska", plantant un décor ambitieux et imposant, s’émiettant rapidement pour laisser place à une misanthropie exacerbée usant du premier blast-beat de l’opus.
Les hurlements désenchantés de A et C se veulent relativement distincts l’un de l’autre. Le premier utilisant un registre excessivement cru et violent, tandis que le second se verra la plupart du temps susurré à l’oreille de son auditeur par un chant complètement déshumanisé. Vomissant littéralement ses paroles, il apporte une noirceur et surtout un désespoir sans commune mesure (écouter les premières mesures de "Spirituelles
Equilibrium" et vous comprendrez !) et que très peu de musiciens peuvent se vanter d’atteindre.
Mais si l’on devait nommer l’élément le plus important, et sans doute le plus surprenant de cet album, ce serait évidemment ce piano évoqué ci-dessus. A, l’unique compositeur de cette créature rampante qu’est
TotalSelfHatred, a composé ses morceaux avec une base au piano, et utilise cet instrument d’une manière quasi-unique, apportant presque une force biblique à l’ensemble. La mélancolie en émanant se veut impressionnante mais parfaitement adaptée à la recherche musicale des finlandais, à savoir le reflet d’un monde non pas en perdition, mais en proie à des doutes sur sa propre survie.
Les riffs tranchants voire cisaillants de "
Sledge-Hammered
Heart" ou "Mighty Black Dimensions" ne vous laisseront inéluctablement pas de marbre, notamment sur ce dernier morceau proprement désespéré où l’osmose entre les deux chants se veut…si belle dans sa laideur.
Je sais que mes propos peuvent paraître étranges mais cet opus se démarque justement grâce à cette beauté, cette justesse loin d’un simple et pitoyable "Fuck you" au monde moderne. C’est une véritable recherche psychologique qui est effectuée tout au long de ces sept longs morceaux, aux structures infinies et abyssales.
Si dans l’ensemble, l’art impur de
Shining peut être évoqué, jamais les profanations d’un
Horna (dans lequel officie C) ne nous viennent à l’esprit tant l’impression de vivre quelque chose d’unique nous abreuve continuellement l’esprit, même le sombre et terrifiant artwork représentant ce visage que l’on imagine privé d’humanité (et cette couleur bleu magnifique et glaciale).
Comparé à la masse putride et inintéressante de hordes black metalliques,
TotalSelfHatred ne fait jamais songer à la chaleur d’un crématoire, mais plus simplement à la froideur d’une journée ordinaire et mélancolique de n’importe quel individu finlandais…
Ma plus grande surprise de cette année, et mon album numéro un sans aucun doute.
Un album destiné à devenir culte dans le paysage musical extrême, ne perdez donc plus votre temps, sous peine d’une certaine inculture…
Je ne connaissais pas ce groupe et je m'en vais bien vite combler cette lacune.
Merci pour cette chronique.
C'est vrai que de l'athmosphérique en toute sobriété, c'est plutôt rare. Totalselfhatred s'en tire bien avec cet album. Certains passages font penser - entre autres - à du old Shining, à l'époque où le groupe faisait encore du black dépressif et pas de la sous-merde dépressive. Il y a plein d'influences, mais aucune ne prédomine. Le groupe a trouvé une voie (voix) bien à lui.
Prometteur...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire