Le Matin des Magiciens, l'instrumental à l'aura quasi mystique qui débute ce premier opus des Italiens de
Renegade, est un titre qui n'aurait sans doute pas juré s'il avait été l'introduction d'un de ces disques dont certains de nos groupes hexagonaux avaient le secret durant les années 80 et qui nous aurait dépeint ces créatures maléfiques hantant les marais de contrés maudites. Il précède un morceau plutôt sympathique qui, exception faites de la voix particulière de Stefano Senesi (voix sur laquelle nous reviendront plus tard), nous rappellera furieusement la perfide
Albion de
Steve Harris et de ses acolytes (Iron Maiden). Un souffle britannique que l'on retrouvera sur de nombreuses autres pistes de cet opus comme par exemple sur Fear of the
Fire, un titre au final splendide mais qui aurait sans doute mérité des refrains plus réussis ou sur un
Lies, sans doute la meilleure piste de cette œuvre, à l'entame acoustique du plus bel effet précédant bientôt un déchainement Heavy
Metal.
Avec Hot
Again, l'auditeur est tout à coup cueilli et décontenancé par les atours d'une plage très
Hard Rock. Une surprise à laquelle il ne pouvait s'attendre tant rien ne l'y préparait. Etonnant.
Pas nécessairement séduisant mais surprenant. Une collision que
Renegade reproduira plus tard avec un Las Vegas et un
Too Hard to Die qui, s'ils nous offrent tout deux une vivacité enthousiasmante, n'en sont pas moins des morceaux festifs comme seul les héritiers d'AC/DC ou de
Steelheart savent en composer. Là encore pas sûr que l'auditeur soit pleinement conquis.
Pas sûr non plus d'ailleurs qu'il le soit par un
Nothing to See qui, malgré quelques jolis passages, nous donne surtout à entendre des mélopées maladroites d'où peinent à émerger une certaine continuité. Quant à la ballade As a
Stone, là, clairement, il faudrait être soit sourd, soit très indulgent (soit insomniaque) pour lui trouver quelques qualités.
Après ce bref exposé des forces, et surtout des faiblesses de ce manifeste, revenons un instant sur la voix de Stefano Senesi. Si elle connait parfois (très rarement) quelques ratés qui nous font grincer des dents, c'est surtout son particularisme qui nous frappe. Non pas qu'elle soit d'une originalité folle puisqu'elle s'inscrit, peu ou proue, dans cette tradition aigue ordinaire de vocalistes transalpins. Toutefois en y ajoutant quelques accents "Dickinsonien" et quelques autres qui ne sont pas sans nous rappeler, toutes proportions gardées,
Geoff Tate (Queensryche), le chanteur de
Renegade lui donne un rendu un peu singulier.
Lorsque résonnent les dernières notes de ce
Too Hard to Die de ces Florentins, il ne nous reste qu'un sentiment un peu mitigé. Celui d'avoir eu à faire à un disque plutôt agréable dès lors que le quintet puisait dans ses envies les plus anglaises mais nettement plus dispensable dès lors qu'il allait chercher ailleurs. Accordons-lui cependant le bénéfice du doute et attendons la suite pour émettre un jugement plus définitif.
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