Ma rencontre avec Love Is Noise est totalement fortuite puisqu’elle vient du célèbre YouTuber Nik
Nocturnal. Adepte du concept « How to write a [insérer groupe de metal culte] song », ce dernier a invité un certain Cameron Humphrey, un vocaliste anglais dans la conception d’une chanson qui imite
Deftones. Fan du neo metal/shoegaze de la première heure, il m’était impossible de passer à côté de la vidéo et je dois dire que j’ai été particulièrement impressionné par la performance du chanteur dont la palette est une subtile fusion entre Chino Moreno (
Deftones) et Erik Bickerstaffe (
Loathe). Ni une ni deux, je me suis plongé dans la maigre discographie du frontman et de sa formation composée uniquement de quelques singles et d’un EP. Il faut dire que le collectif britannique n’a que quatre années d’existence, ce qui explique grandement le peu d’enregistrements actuels.
Lorsque j’ai appris la sortie de leur tout premier full-length nommé
To Live in a Different Way, je me suis immédiatement jeté dessus et je suis ressorti dès la première écoute touché par cette puissance émotionnelle, par ces instants de plénitude et par cette atmosphère si pure au sein des compositions. Je vais certainement tuer le suspens de cette chronique mais ce disque est un immense coup de cœur à bien des niveaux, un souvenir désormais indélébile. La signature chez la maison de disques
Century Media a de quoi surprendre, le label étant davantage habitué à des genres extrêmes. Mais ceci est peut-être déjà une preuve de la virtuosité du quatuor britannique et de leur habileté à jouer entre divers styles parmi lesquels l’indie, le rock, le shoegaze, le post-hardcore ou encore le metalcore.
Ce premier coup de pinceau a de quoi dérouter car sous ses apparences accessibles, pour ne pas dire parfois mainstream, se cache une véritable caverne de curiosités. Si la plupart des morceaux adoptent un tempérament vaporeux, le combo sait aussi montrer les crocs à l’instar d’un Jawbreaker où le riffing principal, efficace à souhait, évoque la furie des débuts du nu metal et emprunte même quelques attraits d’un
Engine N°9 de …
Deftones. L’énorme breakdown final dégage une colère monstrueuse et laisse entrevoir les rares instants hardcore grâce au chant hurlé, au son d’une incroyable lourdeur ainsi qu’à une rythmique languissante. Pour autant, au sein de cette même mélodie, les refrains sont poétiques et les effets de guitare se mêlent à une voix chaleureuse.
Loin d’une atmosphère sinistre ou neurasthénique, le groupe nous emmène dans l’admiration et dans l’embellissement du monde qui nous entoure dans Soft
Glow, une chanson qui nous remémore ce ou ces être précieux qui illuminent notre quotidien. Les paroles du refrain «You are the one that shines on me, you have me eternally» est une véritable déclaration d’amour auprès d’un proche, d’un ami, d’un partenaire ou d’un compagnon, rien de si surprenant pour un opus sorti le jour de la Saint Valentin. Afin de renforcer ce discours plein d’altruisme, l’instrumental s’accélère tels des battements de cœur avec une blastbeat étonnement gracieux et de ce scream qui appuie sur ces mots si doux.
Même dans des compositions lyriquement douloureuses comme sur It hurts to know you’re there (traduisez ça fait mal de savoir que tu es là) qui retrace notre vulnérabilité face à une personne qui nous a quitté ou abandonné, toute la mélancolie s’émancipe par quelques accords de guitare d’une simplicité enfantine mais qui visent pourtant là où ça fait mal. Sous un style rock alternatif, le chant est dans cette même sobriété mais laisse entrevoir une grande fragilité, une souffrance qui s’intensifie avec un solo de guitare modéré.
Plusieurs titres font également preuve, sans que l’on s’en rende forcément compte lors de notre première découverte, d’une somptueuse créativité. Anemoia et son esprit Radiohead-esque en est le témoignage parfait avec ces synthétiseurs électroniques réservés, cette ambiance innocente, ces quelques notes éthérées de glockenspiel et ce jeu de cordes entortillées. La mélodie nous confère même une section planante et introspective qui ressemble à s’y méprendre à de l’harmonica de verre.
Notre odyssée se conclut par le majestueux Ascending, morceau le plus long mais aussi l’un des plus complexes de l’album. Dans un registre majoritairement post-rock, la chanson nous livre dans une contemplation lente et cicatrisante. Si la mélodie débute par un recueillement songeur, elle progresse vers une forme de complainte bouleversante ponctuée par quelques riffs corpulents et grinçants. Le message derrière cette œuvre est une nouvelle fois personnel, à savoir garder un espoir au milieu de nos incertitudes et de vivre au maximum notre présent. La prestation vocale est quant à elle réconfortante par son dynamisme, dans une palette entièrement claire et optimiste par ces belles montées.
Avec
To Live in a Different Way, Love Is Noise signe un premier album d’une rare intensité et mêle habilement puissance et délicatesse, rage et contemplation. À travers des compositions vibrantes, le groupe nous entraîne dans un tourbillon d’émotions où la nostalgie se fait lumineuse et l’introspection salvatrice. Chaque morceau, minutieusement ciselé, témoigne d’une sensibilité précieuse portée par une production soignée et une voix magnétisante.
Ce disque est plus qu’un simple coup de cœur : c’est une ode aux émotions brutes, un équilibre subtil entre force et vulnérabilité. Chaque note semble résonner comme un souvenir et chaque mélodie agit comme un baume sur l’âme. Le quatuor britannique réussit à capturer cette essence rare qui fait de cet opus une expérience immersive, intense et sincère. En imposant sa signature et sa vision musicale à travers une multitude d’influences, la formation ouvre une porte vers un avenir des plus prometteurs.
Merci pour la découverte, cet album me parle beaucoup, il me rappelle l'album de Casey sorti l'année dernière qui m'avait tant marqué (album de l'année pour ma part), je suis bien content d'être tombé sur ta chronique
Avec grand plaisir !
C'est vrai que je n'avais pas fait le rapprochement entre les deux albums mais maintenant que tu le dis, je perçois aussi quelques similitudes. Tu as l'oreille fine
Effectivement, une belle surprise que cet LP. Merci pour ta chronique qui à éveillé ma curiosité
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