Dans la grande famille du metal, il y a deux catégories de groupes : ceux qui innovent ou qui créent et ceux qui se contentent d’emprunter les sentiers déjà tracés par leurs aînés.
Thron, formation fondée en 2015 par des vétérans de la scène teutonne, fait incontestablement partie de la seconde, mais son blackened death sonne plus comme un fier hommage aux gloires des années 90 que comme la vulgaire repompe d’un groupe sans inspiration ni talent.
En effet, sur ce premier album éponyme, les musiciens nous atomisent les oreilles durant 40 minutes, mêlant parfaitement le côté direct, rentre-dedans et carré du death avec la flamme blasphématoire et noire du black metal, le tout servi par une production claire et puissante parfaitement adaptée.
Satan’s Speech, plus long morceau de l’album avec ses 6,39 minutes, nous met à genoux, s’ouvrant sur une intro à la guitare acoustique et une montée en puissance servie par une batterie martiale et une mélodie froidement ciselée, rappelant
Dissection. Puis c’est le déferlement de puissance sur des tempos ravageurs et des riffs aussi accrocheurs que dévastateurs, surtout sur ce refrain charbonneux aux blasts ultra rapides exhalant une aura sataniste palpable. En milieu de morceau, le tempo se ralentit, se faisant plus lourd et incantatoire, avec ces petites dissonances de guitare à la
Watain, et la fin du titre est réellement possédée, avec cette double infatigable et ces chœurs liturgiques qui rehaussent encore la noirceur de l’ensemble
The Blacklist démarre sur les chapeaux de roue, avec ce riff véloce à la mélodie entêtante qui revient nous hanter tout le long du morceau, ainsi que ces parties death mélo irrésistibles: le rythme est soutenu sans être blasté, les guitares nous servent des lignes délicieuses et les vocaux sont parfaits, froids, implacables et cruels. Durant huit morceaux,
Thron réussit l’exploit de trouver la balance parfaite entre violence et mélodies, variant agréablement les rythmes entre mid tempo entraînants et parties blastées transcendées par des notes lucifériennes à l’éclat hypnotique. Les guitares abattent un travail monstrueux, nous assommant de riffs tour à tour furieux et envoûtants, nous ensorcelant avec de superbes parties acoustiques (
Satan’s Speech, The Evilution of
Satan), et se fendant même de quelques soli bien sentis, histoire de montrer que les Allemands ne sont pas des manches. Sur quelques titres, des relents de thrash bien primaire et blackisant viennent nous prendre à la gorge, histoire de boucler la boucle et de montrer que les gaillards connaissent la scèen extrême sur le bout des doigts (les couplets de l’excellent
Mutilation of the
Unholy, Blackest
Hell, qui clôt les hostilités sur une note bien old school avec ce riffing délicieusement saccadé).
Tout juste pourra-t-on reprocher une petite baisse de régime sur la fin, avec quelques titres un peu moins prenants ou déjà entendus (
Bloodfeast,
The Evolution of
Satan).
Pour conclure voilà un black death certes pas original pour un sou mais particulièrement inspiré et maîtrisé qui rappelle le meilleur de la scène suédoise des années 90, avec son lot de riffs qui tuent, de rythmiques à décrocher les cervicales et d’harmoniques sombres et ensorcelantes. Malgré quelques légères redondances, ce premier album éponyme de
Thron est un superbe hommage à une époque glorieuse du metal qui ressuscite les spectres des vieux
Dissection,
Necrophobic,
Sacramentum et
Unanimated, le tout habité par la haine et l’aura sataniste d’un
Watain. Vous trouvez Womb of Lilithu trop mou, The
Wild Hunt trop commercial et vous n’arrivez pas à vous remettre de la perte de Jon Nödtveidt ? Courez acheter
Thron !
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