Thron est un peu un groupe sorti de nulle part. Formé en 2015 à Schwarzwald en Allemagne, le combo, complètement inconnu, parvient à sortir deux ans après son éclosion un premier album éponyme sur Clavis Secretorvm, excellente surprise qui reprenait à la lettre les codes du meilleur du black death à la suédoise des 90’s. Malgré un tirage confidentiel, ce premier jet avait réussi à s’imposer à l’oreille de quelques connaisseurs, et c’est désormais sur la grosse écurie Listenable Records que le quintette nous revient, avec la lourde tâche de faire au moins aussi bien que leur
Thron de 2017.
Cassons le suspense tout de suite, même si
Abysmal reste un bon album, l’objectif est loin d’être atteint. C’est que
Thron ne parvient plus à trouver l’équilibre idéal entre agressivité et mélodie, et sur ce second full length, les titres sont trop longs, ce qui nuit grandement à leur dynamique. Merde, où sont passés les blasts ? En abandonnant le côté plus direct et in your face du premier album, les Allemands perdent grandement en efficacité, et de fait, les mélodies, omniprésentes, ressortent trop peu de l’ensemble par manque de contraste et ne parviennent que trop rarement à nous emporter pleinement le long de ces 57 longues minutes.
En soi, la musique du combo n’a pas foncièrement changé, et on reconnaît leur black death à la suédoise dès les premières secondes de l’arpège d’entrée de
Beyond the Gates, la qualité étant toujours au rendez-vous avec dix compos bien chiadées, un son impeccable bien qu’un peu lisse et une technique d’exécution toujours irréprochable. Ceci dit, je trouve que l’art du combo a perdu en partie l’aura sulfureuse qui faisait la force de l’album précédent, présentant un ensemble certes irréprochable musicalement, toujours sombre, mais manquant d’intensité et de vitesse, la plupart des titres manquant de cette petite étincelle noire pour embraser vraiment la flamme du Satanisme.
Les choses étant dites, rendons tout de même à
Thron ce qui lui appartient : ces passages lents largement dominants sont dans l’ensemble plutôt réussis (The Glorious Ride, à la violence larvée avec ce mid tempo présent tout du long de ces 7,14 minutes, est en soi un bon titre, il manque juste d’un peu de relief et de changement de rythme pour rester accrocheur de bout en bout) et il reste une poignée de passages dynamiques et réellement prenants tels le début de
Beyond the Gates, imparable avec cet arpège sombre qui se fond en un excellent riff d’école, à la fois mélodique et maléfique, le riff d’entrée de Deadsoul également très accrocheur, l’entame de
Blood of
Serpents qui tabasse bien comme il faut (quel dommage qu’il n’y ait pas plus de passage de cet acabit !), le break central de The Wrath of Gods, qui nous envoie une très belle mélodie tout en parvenant à envoyer la sauce... Oui, vous l’aurez remarqué, souvent les trente premières secondes des morceaux en somme, car trop souvent, le reste du morceau s’essouffle un peu et se perd dans un black death générique qui privilégie le mid tempo aux explosions de blasts tant attendues, même si, je le répète, l’ensemble reste indubitablement de très bonne qualité.
Pour conclure,
Abysmal est indubitablement un bon album, c’est juste qu’il souffre la comparaison avec son prédécesseur (l‘effet de surprise en moins) et qu’il propose une version trop gentille et léchée du black death pour réellement me convaincre. Ceci dit, à l’image de sa pochette, il constitue une parfaite porte d’entrée pour les téméraires qui voudraient franchir le pas et découvrir un metal plus extrême. Allez auditeur, ne sois pas timide, encore un pas, la perdition la plus délicieuse et addictive t'attend de l'autre côté…
I
Will Wait
Beyond the Gates
Forging the
Apocalypse
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