Il serait vain de présenter ce Xième projet de
Metal Noir Québécois par de simples mots. Quelques éléments suffisent à annoncer la couleur (qui sera forcément grise) :
Monarque, talentueux musicien officiant dans le célèbre groupe du même nom, participe ici à
Sui Caedere (en latin "se massacrer soi-même", ayant donné le mot "suicide"), groupe lancé par Morphée (
Ciel Nordique) et
Lord Efferus (
Veneficium). Une première production sortie l'an dernier chez
Sepulchral Productions (célèbre pour avoir produit la plupart des groupes québécois comme
Gris, Sombres Forêts,
Forteresse...)
Alors quoi ? C'est sombre, froid, malsain, ça crie la noirceur de ce bas monde ? Certes, mais pas de la même façon que
Monarque. Ici les parties de guitare acoustique sont plus mises en valeur comme dans l'intro. Alliée à une ambiance morbide et lointaine, cette première et courte partie musicale nous plonge dans les limbes d'un monde où aucune couleur n'existe, puis la "Prélude
Triste" nous porte vers un autre horizon. Un Black
Metal composé de guitares grésillantes (mais non au niveau de "Il était une forêt..."), tout juste ce qu'il faut pour nous laisser entendre les autres éléments. La batterie est simple et discrète, le chant de
Monarque très reconnaissable, mais tout à fait différent de ce que nous connaissions déjà...
La haine et le macabre ne sont pas les sujets principaux de
Sui Caedere. Pour porter un tel nom et nommer sa première pièce "Thrène", il faut être assez torturé dans l'âme (ce qui n'est pas forcément le cas de tout le monde.)
Tristesse et mort. Voilà à quoi peut se résumer le projet. Comme si la vie n'était que souffrances, et que tout s'arrêtait par une libération soudaine, à la fin de l'existence de chacun. Une vie tourmentée, comme celle de Émile Nelligan, poème maudit du Québec, auquel les musiciens rendent ici hommage en mettant en musique les œuvres de cet homme.
Monarque, disais-je plus haut, ne crache donc pas de blasphèmes, mais plutôt des cris de souffrance, de perdition, dans un son très obscur et des ambiances qui sentent le caveau fraichement ouvert. Synthé, piano, orgue et surtout guitare acoustique accompagnent les moments de rechute dans des pistes comme "Le
Mort Silencieux" ou "Le Cercueil" (on croirait même entendre le synthé de "Filosofem" par moments). Un Black
Metal tantôt lent, tantôt rapide, qui traine notre carcasse contre notre gré, et qui vous enferme dans les contrés gelées de l'Est du Canada. Un cauchemar musical qui fait efficacement ressurgir les émotions du poète cité précédemment.
Il est vraiment difficile de décrire avec justesse et en détails tout ce que peut procurer un album de DSBM tel que celui-ci. Ce n'est pas majestueux et hivernal comme Sombres Forêts ; ce n'est pas dépressif et magnifique comme
Gris ; ce n'est pas expérimental et obscur comme
Miserere Luminis ; ce n'est pas noir et schizophrénique comme
Shining...
Sui Caedere est autre chose naviguant entre le morbide et le déprimant, une longue agonie à écouter seul dans un cimetière (sans vouloir jouer sur les stéréotypes, c'est exactement ça qu'il faudrait faire), pour s'imprégner de la réalité et du son brouillé de "Thrène". Une jolie réussite à acquérir pour les fans de tous les groupes cités dans cette chronique.
++
-R-
http://www.myspace.com/_razort_
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