Liste des groupes Crossover Erosion (GER) Thoughts

Après un imparable "Mortal Agony" sorti en 1988, Erosion nous revient avec deux nouveaux musiciens. Exit donc, guitariste rythmique et bassiste, et changement de cap aussi pour l'orientation musicale, nettement moins thrash. Si la pochette représente un homo sapiens accroupi, il est probable que l'évolution sous jacente du groupe en soit directement inspirée (quoi de mieux pour représenter une espèce et son devenir alors embryonnaire ?)

Ouvrant sur un "H" vindicatif et up-tempo, Erosion nous envoie un crossover énergique et ambiancé. Le son, notamment, a considérablement évolué et les sonorités désincarnées remplacent les riffs thrash. Cela confère à cet album assez unique une ambiance hardcore aidé en cela par le chant toujours aussi hargneux de Chris Zenk, sorte de diablotin enragé, point fort du groupe par sa voix arrachée en permanence.

Paradoxalement pas moins agressif, l'album, très court (33 mns), présente 8 morceaux très distincts qui, pourtant, forment un ensemble cohérent dans un magma sonore vraiment particulier. Sortent du lot, l'agressif "The Scourge" avec un solo atypique et des riffs mémorables, mais aussi le plus progressif "Thought", qui alterne plans à la Metallica période "Master" et riffs plus typés hardcore, rejoignant en ce sens d'autres groupes de l'écurie "We Bite" assez prolifique dans cette seconde moitié des 80's. Les morceaux sont quand même tous de qualité, avec quelques contretemps empruntés ci et là à l'école techno-thrash de Mekong Delta et consorts. L'album et le son épuré permettront à un apprenti thrasher de bien distinguer tous les instruments, ainsi que chaque plan, bien affirmé, aidant une écoute ainsi facilitée. Ce mix de plusieurs styles, s'il surprend de prime abord, est attachant et spécifique.

Insistons sur le son, abrasif et cru, qui convient à merveille au groupe, mais qui ne permettra pas à Erosion de se faire remarquer d'une concurrence accrue vu la période. Afin d'être le plus précis possible, et pour imager mon propos, il présente certaines similitudes avec l'album "Aggravation" de Treponem Pal lui conférant une touche industrielle d'avant garde pour l'époque. Pour les thrashers purs et durs, l'évolution aura ainsi pu paraître déstabilisante, tant le groupe paraît différent. Seule la voix du chanteur nous raccroche au précédent méfait, ce qui est un pari qu'Erosion ne renouvellera pas, tant le bien nommé "III" effectue un retour aux sources du thrash allemand.

Album attachant, et assez intemporel. Une découverte possible pour qui ne serait pas allergique au mix riffs thrash-indus/son hardcore.

15/20