Sans compromis. Telle fut la mentalité autour de laquelle un quintette d'origine d'Hambourg se forma en 1987 alors sous le nom de Black Lords. Après une démo "The Way of Force" plutôt convaincante, le groupe, qui dès lors avait corrigé son nom en celui d'
Erosion, signa sous le label indépendant We Bite Records. Grâce à cela put sortir en novembre 1988 leur premier album intitulé "
Mortal Agony".
Force est de constater l'intégrité du groupe envers ses principes de bases, tant on assiste ici a un thrash au son très condensé donnant un effet bouillonnant et ainsi frénétique à l'image d'un inarrêtable "Humanity".
Un "False Prophets" démontre également une belle homogénéité en termes de puissance, tous les secteurs étant affectés par une exaltante fébrilité: chant, riff, tempo etc...
Ce qui frappe dans un premier temps est cet inévitable chant hargneux et, il faut bien se l'avouer a l'écoute d'un "
The Unborn", sévèrement burné de Chris Zenk. Très typé hardcore, il donne cette touche crossover qui personnalise et donne son charme à l'album, nous pondant dans ce registre de furieux titres à l'instar de "
Nuclear Frost".
Quant à elles, les séquences purement rythmiques comme dans "
Erosion / Way Of Force", épiques a l'image d'"
Aftermath", ou encore lancinantes dans le genre de "Bilharzia", lui confèrent une toute autre dimension qu'un simple thrash agressif ou brutal. En effet, le groupe conserve jusqu'au final "The
King" une fraicheur et une originalité dans cette fureur qui dérivent parfois vers l'inaccoutumé.
Effectivement, l'enchainement entre l'instru "Paralysed" et l'éponyme "
Mortal Agony' fait montre d'étrangeté dans sa construction mais révèle l'aspect parfois insaisissable du groupe. Sensation qu'on retrouve dans le bien-nommé "
Into The Void", tant il emprunte l'ambiance de l'original de
Black Sabbath en la brutalisant, un peu comme l'avait fait
Evildead pour le "He's A Woman, She's A Man" de
Scorpions. En effet, ce titre, le plus technique de l'opus, est le théâtre d'un jeu de guitare pour le moins assez singulier.
"
Mortal Agony' s'avère donc être un album plus que solide. Captivant sans être révolutionnaire, original sans être inclassable, nerveux sans être inabordable,
Erosion tenait là le bon bout et pouvait devenir un pilier de la scène crossover/thrash. Ce ne sera pas tout à fait le cas...
Peu après la publication de ce "
Mortal Agony", le guitariste Ulf
Kaiser fut remplacé par Michael Hankel (plus tard connu pour avoir rejoint
Holy Moses) avant une tournée européenne avec le fameux groupe d'hardcore/crossover/thrash américain
Ludichrist; ce qui démontre d'ailleurs des filiations d'
Erosion; départ plus tard suivi par Jan Bünning (lui connaitra la renommée avec
Paragon) remplacé par Rainer Wischnewski.
Il faut croire que ces changements eurent de désastreux effets, le groupe s'engluant par la suite graduellement vers plus de médiocrité.
Merci pour l'info en tout cas.
Le morceau "Into The Void" n'est pas une reprise de Black Sabbath, mais un titre original composé par Stefan Römhild (guitare) et Jan Bünning (basse).
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