Lanfear est assurément un groupe curieux. L'éclectisme avec lequel il compose une musique déroutante, puisant son inspiration au sein de genres variés et parfois contradictoires, avec tantôt une certaine agressivité, tantôt une certaine musicalité, tantôt une certaine complexité, mêlant le tout avec raison et minutie, est, en effet, assurément étonnant. En résulte une expression indiscutablement difficile à définir se situant quelque part aux confins d'un Heavy
Metal Progressif mélodique aux relents parfois âpres et rugueux. Une expression, de surcroît, indiscutablement compliqué à appréhender pour les néophytes de cette sophistication inhérentes à certains des genres abscons évoqués précédemment.
Néanmoins faisons fi de ces considérations qui, après tout, sont propre à chacun s'agissant de cette difficulté, et tentons de nous immerger profondément au cœur de ce nouvel opus. Après un court prélude, un Colours of Chaos au détour radical et pugnace, au break très doux et très "jazzy", vient délicieusement nous assaillir. Ce premier morceau, sans doute le meilleur de l'album, éveille nos sens. S'ensuivent quelques moments très agréables tels que ceux ressentis à l'écoute des intéressants By-Product
Nation, Idiopathic
Discreation, d'un surprenant Camera Silens aux chants gutturaux éraillés très "Thrashy" et aux breaks hispanisant étrange, ou encore par exemple tel que
Disharmonic Consonnance au final cybernétique.
Au-delà des vertus de ces morceaux, saluons aussi les aptitudes très convaincantes d'un excellent chanteur,
Nuno Miguel De Barros Fernandes, dont les talents pluriels, s'exprimant en des volutes mélodiques et, ou, extrêmes, offrent quelques qualités supplémentaires à ce manifeste. Une expressivité qui, en effet, donne un surplus de relief à des titres qui, soit dit entre nous, n'en avaient pas nécessairement besoin.
En outre, notons aussi que la pochette de ce Harmonic Consonance est très symbolique. Sur un champ de ruine grisâtre où de nombreux débris de pierre, de métal et de poussière s'entassent, au loin, proche de la carcasse d'un immeuble, squelette témoignant de la folie des hommes, se trouve un arbre aux feuilles couleurs ocre au pied duquel se tient un homme. Le message est sans doute un peu trop démagogique et facile, il n'en demeure pas moins que l'illustration est superbe.
Ce sixième volet de la saga des Allemands de
Lanfear est donc un album très plaisant. Et ce même si l'apprivoiser nécessitera un peu de temps aux béotiens. Une difficulté et un effort qui, sans conteste, ne sera pas du goût de tous et qui, très certainement, explique, en partis, les raisons de l'impuissance de cette formation à s'extraire de l'anonymat dans lequel elle agonise indéfiniment. Ce constat est d'autant plus regrettable que son travail propose un équilibre entre ces divers aspirations relativement fluide et compréhensible pour peu qu'on daigne lui consacrer un peu d'intérêt.
Lanfear est donc assurément un groupe insolite qui nécessite d'avoir un minimum de curiosité pour franchir le pas.
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