La vie est un théâtre, une comédie faite de personnages, de dialogues et de décors. On reproduit sur les planches de la scène bouffonneries et drôleries de toutes sortes, mais aussi des pièces qui eux ne nous arracheront pas le moindre sourire. On jouerait plutôt dans ce dernier cas des drames, des histoires plus sérieuses. Quoiqu’il en soit l’objectif est de créer des émotions aux spectateurs, parfois même aussi d’interpeler, de heurter par un message, le surprendre par des intrigues et effets en tous genres. Chaque vie est un spectacle en soi. Il peut être fameux ou décrépit. L‘histoire peut être celle d‘une déchéance ou inversement la conquête d‘une gloire. Pour un 3ème acte à sa pièce, «
Illnath » créé la surprise, 5 ans après sa précédente sortie, « Second
Skin of Harlequin ». Cette formation de black mélodique à son origine, cherche désespérément moyen de percer. Chacune de ses œuvres étant portée à controverse, accueillies par les uns, rejetées par les autres. Comparé à un Cradle/Dimmu like, «
Illnath » va brouiller les pistes cette fois. Quand une recette ne réussit pas, on change les ingrédients. Dennis Stockmarr à la batterie et Mona Beck au chant font leur entrée. Et oui, on aurait ainsi fait le pari d’un chant féminin pour remplacer, celui pourtant efficace sans être remarquable, de Narrenschiff. Le résultat ne nous fera aucunement sourire. Il ne s’agit pas là d’un drame pourtant.
On pourrait en premier lieu être surpris par cette musique mélodique si insouciante et enfantine en provenance des claviers. Ce serait devenu mesquin quand vient à s’ajouter le jeu de guitare énervé de Peter
Falk, et le chant à la
Cadaveria de Mona Beck, qui aura composé les paroles des chansons. « Third Act » donne déjà un résumé de cet album, déconcertant et ennuyeux.
Pas qu’il ait manqué de technique ou souffrant de réel manque de volonté de leur part. Mais les différentes associations proposées n’iront pas convenablement ensemble. Troublant à tel point que cela perd son caractère de black mélodique plus au profit d’une nomination metal mélodique qui ne veut déjà pas dire grand-chose. Le groupe a perdu de sa violence, du peu de caractère qu’il pouvait encore s’enorgueillir. Tout ceci est en réalité peu avenant comme le démontre «
Snake of
Eden ». Ce chant corrosif n’ira décidément pas avec cette musique digne d’un «
Sarah Jezebel Deva », peu ambitieuse et assez répétitive.
La répétitivité de certains morceaux est un défaut majeur de l’opus. Comme on le remarque sur «
Tree of
Life and
Death », la composition pâlit d’une grande linéarité, malgré la prise mélodieuse plus accommodante en son milieu de piste. Les riffs s’adonnent parfois à du heavy metal, ayant pour effet d’adoucir certaines parties et de la mettre en cohésion avec les claviers. Le chant ne privilégiera pas du même soutien à notre grand dam. Du heavy metal, on en retrouvera sur « Spring
Will Come » assez malhabile dans sa forme, mais on aurait bien ici, il faut le reconnaître, quelque chose de plus entrainant et de plus dynamique. Les riffs heavy seront plus étiolés au sein d’une rythmique abrasive thrashy sur « Lead the Way », qui réussira plus par son break oppressant, que par le son très synthétique des quelques incursions de claviers. Assez plat, trop timoré au final. Ce mélange peu appétissant semblerait mieux réussir au gentillet « Scarecrow ». Ce titre jouira lui, d’un refrain harmonieux où voix de Mona et chant clair de Thomas Hubertz s’entremêlent.
Tout aussi pataud que « Spring
Will Come » dès son premier abord, « Shorthanded » vibrera de violents soubresauts incontrôlés, mal adaptés au chant de Mona, qui tentera de se défendre du mieux qu’il y paraît. Hormis, le refrain et les passages de guitare, ce serait quelque peu indigeste. Étrange sensation de chaud et froid vous filant le rhume. Le morceau partagerait des similarités avec «
Fall of
Giants », mais le chant cette fois se montre davantage agile. La musique s’est même un brin endurcie et ressemblerait déjà plus à «
Illnath » lors de ses précédents opus. Sans être merveilleux, c’est déjà plus prenant, inventif. Sombre et énigmatique, «
Vampiria » aussi, va se distinguer des autres pistes et rappellera l‘intriguant album « Second
Skin of Harlequin ». L’obscurité réussirait donc mieux à «
Illnath ». Qu’ont-ils espérés de cette éclaircie dans leur musique? Le bonus « Kingship
Incarnate » donnerait un aperçu de ce qu’aurait été «
Illnath » dans la continuité aux deux précédents opus. Intimidant, profond. Le chant y est d’ailleurs mieux mis en avant, renforcé sur le plan sonore. Voila un album qui aurait pu soulever les intérêts si les autres morceaux avaient été calqués à celui-ci.
Peu nombreux seront ceux qui assisteront à cette pièce; des inconditionnels d’«
Illnath », quelques nostalgiques. Les amateurs de black mélodique croiront s’être trompés sur la marchandise, se demanderont si tout ça a vraiment un sens. « Third Act in the Theatre of Madness » ne fera ni sourire, ni gémir et peu applaudir. S’il y avait une pierre à jeter, ce ne serait pas à Mona Beck qui se saura efforcée d’adapter son chant crispant à une musique qui n’allait pas de paire. On se rend bien compte qu’ils n’ont pas été très inspirés dans la composition musicale. Beaucoup de répétition, des pistes qui mises bout à bout feraient presque un seul morceau sans trop de cassures. «
Illnath » a perdu de sa superbe. C’est quasiment toujours au 3 ème acte que les évènements se précipitent. On saura si un 4ème fera d’«
Illnath » une pièce dramatique ou une pièce épique.
12/20
Acheté par hasard, je ne connais pas les précédentes réalisations qui semblent bien meilleur à te lire.
Je me suis laissé prendre par la pochette qui est très sympa et reflète bien le contenu de l’album.
Mais au delà du manque de cohérence dans l’enchainement de certains riffs, le plus agaçant dans tout ca reste cette production mal équilibrée. Le son de la batterie est insupportable, trigger à mort, limite électro.
Je trouve la production raté.
Maitriser le style Cradle n’est pas donné au tous le monde.
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