Toxik, c'est l'histoire d'un coup de vent: à peine sept ans, entre 1985 et 1992, pour seulement deux albums studios, "
World Circus" et ce dénommé "
Think This". Toutefois, l'intensité de cette rafale permit à ces prestations de surfer sur la vague des classiques de la scène speed/thrash.
Tout droit venu d'une petite ville de l'Etat de
New York, Peekskill, le groupe a concentré tous les aléas de la vie d'un groupe en une courte mais intense histoire. En effet, après s'être fait connaître sous le nom de "Tokyo", ils durent reconstruire leur réputation après avoir changé de nom suite à des menaces de poursuites légales venant d'un groupe ayant déjà déposé ce nom.
De plus, ils connurent les innombrables changements de line-up habituels, dont les principaux furent le départ du batteur Sal Dadabo pour rejoindre
Twisted Sister ou encore, ce qui nous intéresse davantage pour notre sujet, l'arrivée du guitariste John Donnelly pour soutenir la tournée faisant suite à la sortie de ce
Think This.
Enfin, il y eut aussi la glorieuse tournée avec Roadrunners Records et
King Diamond en Europe et aux USA, avant que le groupe ne finisse par se dissoudre en 1992, choix presque judicieux face au marasme dans lequel s'engouffrait toute la génération Thrash.
Seul vestige de leur passage, il ne leur reste donc que leur discographie (et la mélancolie d'une époque révolue), dont je propose d'en étudier le second volet: "
Think This" ainsi dénommé.
Ce album est fidèle à son nom: profondément réfléchi, recherchant à explorer l'originalité après avoir parcouru l'intensité avec "
World Circus".
Toxik propose dans ce second opus un speed/thrash de haute voltige, intensément mélodique avec des solis hauts en couleurs (entendez par là emplis de sonorités très aiguës), en témoignent les énormissimes démonstrations solitaires de Josh Christian tout au long de l'album, et tout particulièrement sur les titres "Black and White", "Wir NJN 8-In
God" et même "
Machine Dream".
En accompagnement, le chant de Charles Sabin, qui avait remplacé Mike Sanders après la tournée de
World Circus, est dans le même ton que la musique: dans les aiguës, parfois à outrance. Sa prestation vous séduira ou vous rebutera, c'est sans doute là que tout se jouera concernant votre jugement de cet album. Toutefois, quand on écoute la ballade "There Stood The Fence", on ne peut nier un talent certain. Ce titre est digne des grosses écuries Heavy ou
Hard Rock (j'ai en tête le groupe
Scorpions) dont la qualité des ballades se base sur les incroyables prestations vocales.
Sans être interminables, les morceaux sont globalement plus longs que dans le précédent album. Le groupe prend plus le temps de développer ses idées en profondeur, de travailler un certain jeu d'ambiance avec des intros à presque chaque titre, pour lesquels on retiendra celle de "Time After Time" qui nous révèle le secret pour créer l'hystérie ou encore celle de "
Toxik" faisant l'apologie de l'avidité. Tout cela relié donne un fort élan progressiste et un brin technique, pour un rendu original et parfois même perturbant comme via "
Think This" et sa rythmique écorchée.
Qui dit Speed metal dit forcément de forts consonances
Power metal, et parfois même amalgame. On peut s'en rendre compte dès le titre "
Toxik" qui laisse apparaître des sons scintillants plutôt typique. Cela finit toutefois par en devenir complètement évident avec le titre suivant: "Spontaneous", dont le refrain s'épice d'un ambiance épique digne des grandes pontes du
Power mélodique tel
Stratovarius ou encore
Rhapsody. Malgré cela, l'aspect très spontané du titre, dont le nom a été choisi selon la circonstance, de par l'intensité du riff recadre le morceau vers un thrash pur.
En parlant de son lourd thrashisant, "Technical Arrogance" rappelle que l'aspect technique d'un style n'empêche pas l'impudence des groupes plus "classiques" du même style, "Shotgun Logic" en fait de même concernant l'aspect intraitable.
En conclusion, nous avons ici un album complet et riche. Fortement inspiré,
Toxik imprime ici un style propre faisant sensation par le développement d'idées originales sans sacrifier outre mesure l'intensité qui avait la force de "
World Circus". De par ces propos, la nouvelle de leur reformation en 2007 ne peut être que de bonne augure pour, l'espérons- nous, nous redonner un bon bol d'air frais au doux parfum de nostalgie.
Même si "Think This" est un bon album, comparé à "World Circus" il est d'un niveau inférieur, et cela pour plusieurs raisons : des morceaux moins intenses qui pour certains auraient mérité d'être plus travaillés, et surtout le remplacement de Mike Sanders par Charles Sabin qui possède une voix certes mélodique, mais sans la puissance ni l'aisance dans les aigus de celle de son prédécesseur.
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