Le chanteur, guitariste, auteur et compositeur Matt Smith est indéniablement un artiste à l'opiniâtreté respectable. A l'aube de cette histoire, fort de ces espérances artistiques, il décide de fonder
Theocracy et de donner vie à ses travaux en un premier effort où, esseulé, il s'attèle à exprimer toutes les spécificités d'un art, à l'évidence, très influencé par le Heavy
Power Metal européen, et dont, de surcroit, les thèmes et les textes lui sont inspirés par ses croyances religieuses profondes. Une musique qu'en un néologisme barbare nous pourrions résumer par le terme "Heavy White
Power Metal", en somme. Cet album éponyme sort en 2003.
Bien évidemment, eu égard aux moyens limités dont bénéficia l'opus, inutile de dire que sa production apparait comme désuète et manquant singulièrement d'intensité aujourd'hui. De plus l'utilisation d'une boite à rythme programmé en lieu et place d'une véritable batterie accentue encore ce défaut. La froideur mécanique de l'électronique, en dépit de réels progrès en la matière, n'ayant jamais véritablement atteint le naturel d'un vrai instrument. Il en découle donc un son, parfois, un peu trop mécanique et synthétique là où l'aspect organique de fûts et de peaux, et la brillance de cymbales, eut été nettement plus appréciable. Afin d'illustrer ce fâcheux aspect, évoquons des titres tels que Ichthus ou tels que New
Jerusalem, tout deux introduit par une descente de toms maladroite et dont les sonorités de charleston* paraissent, elles aussi, un peu trop artificielles.
En outre, difficile de ne pas s'agacer de ce conservatisme issu du vieux continent auquel un
Theocracy admiratif voue, à l'évidence, un culte duquel il ne parvient pas toujours à extraire une personnalité propre. Et ainsi de continuer à déplorer cette expression ordinaire d'une dévotion sans grand intérêt. Conjugué, parfois (rarement, fort heureusement) à une immaturité prompte à bâtir des mélodies gauches et un peu naïves, il oscille dangereusement manquant de chuter (Ishthus ou encore le très moyen The
Serpent's
Kiss).
Notons aussi, que les chants manquent de singularité se confondant avec tant d'autres. Et que s'ils ne parviennent pas à nous satisfaire pleinement, ils sont toutefois suffisamment agréables pour ne pas nous décevoir.
Au-delà de tous ces désagréments, certes, regrettables mais pas nécessairement insurmontables, force est de constater que l'artiste nous laisse entrevoir les bribes d'un talent prometteur au son de titres parfois attachant aux guitares séduisantes (les bons
The Healing Hands et Twist of
Fate), il s'illustre aussi, et surtout, dans cette capacité à produire de la nuance en des changements, des breaks et des passages à la diversité superbe et maîtrisée (The
Serpent's
Kiss et ces instants plus posés ou cette foule de voix se mêlent aux pianos avant de laisser place, à nouveau, à l'agressivité des guitares et des chants. Mentionnons aussi, à cet égard, le très intéressant
Mountain ou encore, par exemple,
Theocracy).
Ce premier essai éponyme laisse transparaître quelques espoirs encourageants, mais souffre cependant de bien trop d'imperfections pour pleinement nous séduire. Nul doute que soutenu par de vrais musiciens, et non pas par des machines, et qu'avec des moyens supplémentaires, ce groupe pourrait bien mieux faire.
* La charleston, aussi appelé Hi-
Hat ou Charley, est une partie de la batterie composée de deux cymbales accrochées sur un pied à pédale. Son rôle, tout comme celui de la caisse claire et de la, et ou, des grosses caisses est très importants dans l'assise rythmique.
Bien résumé. Beaucoup de potentiel et de talent avec ce groupe, mais leur utilisation est à peine utilisée
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