« Je te montrerai ton effroi
Dans une poignée de poussière »
T.S. Eliot
La solitude, la désolation, le désespoir, la mort. Autant de termes collant parfaitement à l'atmosphère retranscrite sur ce deuxième album du groupe
Hord. Après un «
Reborn from Chaos » prometteur, celui-ci s'attaque au concept dressé par le poète T.S. Eliot et son
Waste Land, dessinant ainsi les contours d'un monde post-apocalyptique à la
Mad Max.
La recette du combo n'a pas changé d'un iota; leur cyber metal est toujours aussi ravageur, froid et déshumanisé en même temps. Et première surprise, les scratches présents sur le précédent opus ont complètement disparu (Hadrien s'occupant désormais du chant en live), ce qui n'est pas plus mal. Deuxième surprise, et pas des moindres, la production est monstrueuse et renvoie celle du premier opus dans les cordes. Quand on sait que Jochems Jacobs (guitariste et producteur de
Textures) est aux commandes on ne peut qu'être enthousiaste.
L'intro nous plonge irrémédiablement dans cet univers désolé, avant que «
Unreal City » nous prenne à la gorge avec sa fougue et son énergie destructrice. Tel le héros scrutant par la fenêtre ce nouveau monde et ne sachant quoi faire, on se laisse surprendre par cette entrée en matière. Les riffs sont précis et bien exécutés (les moshparts sont bien agencés), la batterie termine de faire le sale boulot avec ces déflagrations atomiques (les blasts sont disséminés ingénieusement ), et o joie, les frenchies n'ont pas perdu leur sens du groove. Et cela se ressent sur les dix morceaux du disque.
Les machines se meuvent au sein de rythmiques lourdes évoquant des grands noms du métal comme
Strapping Young Lad ou encore
Meshuggah, tout cela pour éclater dans une violence contrôlée (« Subdued
Voices »). A mesure que le héros avance les questions se bousculent dans sa tête, la roulette russe des sentiments bat son plein. La voix de John, entre beuglantes hardcores/extrêmes et voix claires, déchire le ciel pour essayer d'embrasser le visage du personnage ne serait ce que d'un timide rayon de soleil salvateur et reposant (« A Heap Of Broken Images » et son break plein d'espoir). Mais cette chaleur n'est point celle du soleil; c'est celle de l'Enfer. Cette voix se fait, ainsi, l'écho des souffrances de notre désespéré. Qu'elle explose dans une rage meurtrière («
Through The
Ashes » et son refrain imparable) au gré des souvenirs retrouvés ou qu'elle se meut dans une mièvrerie pour jeunes filles vierges (« l'acoustique mais non moins raté «
The Burial Of
The Dead »); elle nous pousse à découvrir le fin mot de l'histoire.
Nous sentons que le dénouement est proche, malgré une longue marche évidente pour y arriver (« l'ennuyant « The Grand Expedition » qui porte bien son nom). Tout cela pour finalement succomber une dernière fois (« The
Waste Land part 2 » et ses nombreux breaks écrase face), abandonnant ainsi cette triste vie. Peut être était ce un rêve? Une hallucination? Ou était il au purgatoire? L'auditeur est libre de choisir sa voie.
Sombre et percutant, froid et planant, la musique de
Hord ne laisse personne indifférent. Beaucoup moins alambiquée et plus éthérée, cette nouvelle offrande est un vrai chemin de croix, un récit initiatique constituant une claque moderne et terrifiante de ce qui pourrait être le monde de demain. Parmi les ténors du cyber métal (
Sybreed en tête), les français se sont fait une place de choix... sous le soleil.
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