Liste des groupes Metal Mélodique Cyhra The Vertigo Trigger

Nous avions laissé Cyhra avec un "No Halos in Hell" paré de bonnes intentions, très moderne et prêt à déferler sur le monde.
Le covid en décida autrement et certains membres du groupe, Jake E en premier lieu, vécurent plutôt mal la situation, les confinements, l’impossibilité de partager, de faire des concerts et ainsi de vivre sa passion. De son propre aveu, l’envie de faire de la musique en prit même un coup et le vocaliste hésita à reprendre une activité artistique.

Néanmoins, poussé par ses compagnons d’armes très expérimentés comme Jesper Strömblad ou Alex Landenburg, le frontman retourna au front et c’est ainsi que, quatre ans après leur second opus, Cyhra est de retour avec "The Vertigo Trigger".
Lorsque l’on écoute ce nouvel essai, difficile de croire que quatre ans se sont écoulés ainsi qu’une véritable introspection tant l’album reprend exactement là où les choses se sont arrêtés. Un metal très mélodique et moderne, avec quelques riffs plus extrêmes (héritage de Jesper et Euge) qui se propulsent grâce à des refrains ultra catchy, limite FM, sur des structures totalement lisibles (pour ne pas dire convenues). "Ready to Rumble" en est le parfait exemple. Intro cybernétique, riff massif, batterie plutôt efficace et rapidement une mélodie très easy-listening pour accueillir l’auditeur dans un fauteuil. La voix de Jake enchante, caresse, parfois avec sensiblement de hargne mais toujours un accompagnement dans la mélodie et un refrain qui rentre en tête avant même la fin de la première écoute. C’est simple. C’est efficace. Les allergiques au metal moderne trouveront (à juste titre ?) que des musiciens avec de tels CVs pourraient légitimement proposer des compositions plus fouillées mais est-ce que ce serait forcément plus abouti ? Surtout que la démarche semble sincère et que les musiciens paraissent s’amuser dans cette configuration.

Les titres s'enchaînent. Comme autant de singles. De hits. De morceaux taillés pour la scène, parfois interchangeables mais très souvent avec un refrain prêt à faire de redoutables dégâts. D’un enivrant "Live a Little" aux sonorités bien plus électroniques à un "1.000.000 Fahrenheit" qui n’aurait pas dépareillé sur un In Flames récent (côté musique, évidemment le chant n’a rien de comparable) en passant par la rugosité d’un "If I" (et son côté plus suédois dans l’attaque du riff et la partie de batterie) ou la construction plus poétique du très beau "Ashlight" et ses arrangements très lumineux, parfaitement mené par une ligne vocale quasiment pop, on ressent assez souvent ce “cahier des charges” respecté à la lettre. Longueur des compositions, façon d’amener des breaks, refrain libérés des riffs pour avoir plus de place dans le riff, intro électronico-cyber … tout est coché et rien ne dépasse d’un album qui manque singulièrement de surprises et surtout d’une véritable âme.
Il se dégage quelque chose de trop superficiel, voire artificiel, de la musique de Cyhra, pour réellement avoir envie d’y revenir plusieurs fois.
Il y aura un "Let’s Have my Story Told" plus orchestré (faisant curieusement pensé, dans les arrangements, à Kamelot … dans lequel Alex est désormais batteur !) qui bénéficie d’une belle progression et surtout d’un refrain ultra efficace. On pourra aussi évoquer le plus massif "Too Old for FairyTales" qui, dans son intro, évoque également le In Flames du passé (on refait pas un Jesper …) passé à la moulinette des années 2020 (édulcoré donc).

"The Vertigo Trigger" ne donne pas énormément d’éléments supplémentaires pour parler de lui. C’est un bon album dans l’air du temps, calibré et fait pour être diffusé en masse mais qui risque de ne pas vraiment traverser les âges ni de marquer qui que ce soit. Nous sommes très loin des ambitions du groupe de faire de grosses tournées et de remplir les stades avec un disque quasiment identique à son prédécesseur. Une épée en mousse, qui ne pourfend pas grand chose …