Quand on évoque aujourd’hui les scènes metal en plein développement, la Russie est assez souvent citée. Ce pays rattrape ainsi lentement mais surement son retard par rapport à d’autres nations européennes, plus au fait avec ce genre musical. Comme par exemple, l’Allemagne, la Suède ou même la Finlande, petit pays très créatif. Ce dernier serait le modèle suivi chez la plupart des formations slaves, dont «
Last Wail » qui nous vient du fin fond de la grande fédération. De la ville d’Omsk plus exactement. Ce groupe fondé en 2008, incorporant une chanteuse, nous fait l’honneur d’une première estocade avec son volume paru en 2011 sous le label Stygian
Crypt, « The Tale of
Endless Night ». Il s’agit en fait d’une réédition de la démo du même nom sorti en 2010. Le groupe aura simplement ajouté en supplément la reprise «
Windrider » d’«
Ensiferum » depuis. Fort de constater aussi que le full lenght en question se présente sous deux pochettes possibles, dont celle de l’ancienne démo réutilisée. En parlant de réutilisation, l’auditeur ne sera pas étonné de savoir que «
Last Wail » est un fervent admirateur d’«
Ensiferum » et de «
Wintersun », et qu’ils ont pioché dans leurs travaux.
Cet emprunt se vérifie dès l’introduction ouvrant le volume, par un acoustique commun aux ballades de folk metal scandinave. Usant d’un fond légèrement épique et de sonorités naturelles comme la pluie ou l’orage. On dévoile ainsi le décor avant que ne débute les scènes. La principale d’entre elles va se jouer immédiatement après. «
Warrior of
Justice » surgit dans un folk pagan énergique et parfaitement élancé qui n’a rien à envier aux différents travaux d’«
Ensiferum ».
Alien, notre chanteuse ou plutôt growleuse, figurera en élément actif et original, s’illustrant tantôt par un chant strident à la
Cadaveria, tantôt par un growl brut et affirmé. Il est dommage en revanche que la qualité sonore et la production laissent à désirer. C’est ce qui aurait pour effet de faire perdre tout impact à la musique, au même titre que les différents airs antédiluviens en provenance des claviers de Solveig. Ceux-ci ne parviendront que très moyennement à recréer l’ambiance épique et le timide jeu de la lyre sur «
Revenge », titre articulé par le death mélodique cette fois. Un death mélodique au riffing écrasé assez peu avenant. Même le fond atmosphérique n’arrive pas à colorer ce morceau transparent.
Ce death mélodique revendiqué par le groupe ressort pleinement de l’éponyme « The Tale of
Endless Night », mais souffre ici encore d’une redondance marquante chez l‘opus. On sentirait notamment de la part des guitares un manque de conviction, des hésitations. « The
Doomed in
Despair » se montrera plus habile dans l’exercice, faisant batailler les guitares dans un lieu gagné par une forte dimension épique. Sans non plus soulever les foules, nous pourrons nous contenter également d’un «
Merciless » tourmenté, qui se démarquerait par ses incorporations de violon et d‘accordéon, et par son riffing taquinant volontiers avec le pagan. Ce serait dans une sauce similaire que serait croqué «
Windrider » d’«
Ensiferum » par «
Last Wail ». Comme pour «
Merciless » le chant prendra une place primordiale, voir quelque peu étouffante. Sur « Fighting the
Dark » ce serait même un handicap, empêchant la bonne circulation des mélodies, accentuant l’impression de constipation sur les couplets principalement.
Il est étonnant de se rendre compte combien ces russes se sont inspirés de leurs voisins finlandais, imitant leur style sans pouvoir toutefois les égaler. On pourra aussi songer à leurs compatriotes plus expérimentés d’«
Ambehr » qui avaient proposé dans leurs derniers volumes un mélange subtil entre folk metal et death mélodique. Pour trouve une véritable identité slave chez «
Last Wail », il faudra se pencher sur la ballade instrumentale «
Mystery » et sur l’outro de l’album. Tous deux dans un ton reposé, dans une vision champêtre propre à ces formations de l’Est de l’
Europe.
Voici une première pièce peu extraordinaire, qui impressionnera pourtant à première écoute. En effet, il est assez rare de retrouver une vocaliste de metal extrême growler avec autant de conviction. Une conviction qui ne semblerait pas tenir trop compte de celle des autres camarades, plus fluctuante au fil des morceaux. La troupe combat avec des armes fragiles. On retient en plus de la faiblesse de production, de la linéarité de certains compositions, un manque d’expérience et de lucidité. Celui-là même qui l’obligerait à suivre de trop près ses camarades finlandais, au lieu de filer haut et de planer au dessus de leurs montagnes de l’Oural. «
Last Wail » peut reprendre à son compte cette première expérience pour se munir de nouvelles armes cette fois. Espérons aussi que se calmera entre-temps cet amour porté à leurs idoles du pays des lacs.
13/20
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