Ne jamais baisser les bras. Persévérer dans son art en allant toujours de l’avant et ce en dépit de la faible reconnaissance que l’on obtient ou la méconnaissance à l’égard de son travail. Vivre véritablement pour sa passion en y mettant toute son âme et ses tripes. Voilà un état d’esprit qui irais à ravir à
The Chasm, groupe mexicain formé en 1992 par le guitariste et vocaliste Daniel Corchado. De par son ancienneté on pourrait croire que cette formation possède désormais un statut culte au sein de la scène death/thrash dans laquelle ils évoluent depuis tant d’années. Cependant la réalité est toute autre. En effet il aura fallu attendre douze années et 6 albums pour qu’ils puissent enfin bénéficier d’une distribution digne de ce nom avec ce "
The Spell of Retribution", sorti en novembre 2004 sous la houlette de
Wicked World Record, "sous label" du géant Earache.
Tout d’abord, ne vous laissez pas abuser par la pochette ou par le look de nos mexicains qui, qu’on se le dise, sont on ne peut plus kitch. Parler de la pochette, sombre et mystérieuse, me permet également d’évoquer l’une des particularités de ce disque. En effet même si les membres de
The Chasm résident maintenant aux Etats-Unis, ils n’ont cependant pas renier leurs origines sud américaines. Ainsi les sujets abordés dans les paroles de "
The Spell of Retribution" traitent de leur pays natal, de la mythologie propre à leur contrée durant les périodes antiques. Décrire la musique de
The Chasm est loin d’être aisé car il pourrais s’agir d’un melting pot de divers influences, aussi variés que le thrash à la
Kreator, des influences clairement puisées dans le death metal old school mélangé à, comme je l’ai dit précédemment, une atmosphère sombre et mystique.
Il serais tentant de partir dans une description linéaire de l’album, titre par titre, tant chaque morceau est riche et complexe. Cependant cela ressemblerais au final plus à un véritable roman qu’à une chronique tant les éléments à faire ressortir sur papier sont nombreux.
L’album s’ouvre sur "From the
Curse, a Scourge", titre instrumental qui voit des harmoniques somptueuses laisser place à des riffs terriblement entrainants nous projetant immédiatement dans le concept de l’album, mystique, noir et puissant. Chaque morceau est relativement long. Ainsi chacun des dix titres nous offre de multiples changements de rythmes, semblable aux péripéties que l’on trouve dans les histoires. Des histoires, voilà à quoi nous font penser chaque chanson de «
The Spell of Retribution ».
Des accélérations dantesques ("The Omnipotent
Codex") à des passages acoustiques mélancoliques comme sur le somptueux "
Retribution of the
Lost Years", les paysages musicaux explorés par
The Chasm sont aussi riches que variés. Le combo fait effectivement preuve d’une étonnante modernité dans ses compositions tout en restant dans un style profondément old school. Les envolées de guitares, tantôt thrashisantes, tantôt lourdes et crasseuses font mouche à tous les coups tant l’atmosphère dégagée est prenante. La paire rythmique est loin d’être en reste en apportant également une lourdeur apocalyptique de par la basse de George Valaetis et le jeu de batterie de Antonio Leon donne aux morceaux ce côté catchy et entrainant qui font obligatoirement bouger la nuque de l’auditeur littéralement scié par tant de maitrise et de singularité. Cet ensemble est soutenu par la voix de Daniel Corchado qui dans un registre old school et crasseux réalise ici une bonne performance, notamment sur "
Manifest My
Intervention".
Aucun titre n’est en dessous du lot mais si un morceau devait être retenu pour une quelconque raison ce serait pour ma part l’époustouflant "The
Eclipse :
Monument to the
Empire", divisé en trois « actes » formant au final un pavé dantesque et épique de plus de neuf minutes.
The Chasm, ayant pour la première fois de son histoire bénéficié d’une réelle distribution pour l’un de ses efforts, à en cette fin d’année 2004 frappé vraiment très fort avec ce sixième album même s’il reste injustement méconnu de l’opinion populaire. Cette galette régalerait pourtant autant les fans de death que de thrash ou de heavy.
Aucune trace de laisser aller ou de négligence artistique dans ce "
The Spell of Retribution", cet opus marque à mon sens l’apogée de la créativité et du talent de nos quatre mexicains.
Certains groupes ont la capacité de nous emmener vers de nouveaux horizons sans artifices tout en subjuguant l‘auditeur de par leur originalité et leur maitrise.
The Chasm fait irrémédiablement parti de ceux là.
16/20
L’un des albums actuels que j’écoute le plus souvent, et mon préféré de la bande de Daniel Corchado. Je lui trouve un surcroît d’entrain et d’intensité en regard de ses prédécesseurs, et toujours ce culte de mort si bien entretenu. Depuis la force de l’intro From the Curse, jusqu’à la profondeur et la puissance de morceaux tel The Omnipotent Codex ou Eternal Cycle of Delusion, The Spell of Retribution me met sur les genoux à chaque écoute. Outre son concept mystique, ses atmosphères à couper au couteau et cet hommage si grand et si noble au deathmetal, j’adore par-dessus tout l’immense singularité et l’intégrité de The Chasm, qui ne ressemble décidément à aucun autre confrère et reste à fidèle à ses principes. Fabien.
Je rêve d'un monde où chaque Homme saurait ainsi exprimer la véritable et singulière teneur de son âme (bien que je sache que ce serait oublier l'absence de ces qualités chez une bonne partie de cette humanité, malheureusement)...
L'album est, pour ma part, un vrai regal d'ecoute.....
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