Trois années évaporées déjà depuis leur introductif et rayonnant album studio «
Proof of Existence », et l'on était à deux doigts de penser les espoirs d'évolution du quintet argentin comme envolés. Déjouant tout pronostic, le voici de retour, à tâtons, à l'aune d'un modeste EP répondant au nom de «
The Spark » ; auto-production où cinq pistes inédites et à l'ingénierie du son plutôt soignée se succèdent sur un ruban auditif de 27 minutes tout au plus. Cette laconique et rutilante offrande pourrait-elle désormais propulser le collectif sud-américain parmi les espoirs du metal symphonique à chant féminin, et constituer, par là-même, un glaive à la lame tranchante dont la concurrence pourrait avoir à se méfier ?
Fidèle à ses aspirations premières, le combo nous immerge à nouveau au sein d'un propos metal mélodico-symphonique aux relents dark gothique et progressif, dans la lignée d'
Epica,
Stream Of Passion,
Diabulus In Musica,
Sirenia,
Xandria et
Draconian. Dans ce dessein, le line-up a subi une légère retouche. A bord de la goélette nous accueillent dorénavant : la soprano Florencia Sategna (dont le cristallin filet de voix serait à la confluence entre
Anneke Van Giersbergen, Marcela Bovio (ex-
Stream Of Passion) et Claudia Uhle (
Angelzoom)), le guitariste Gonzalo Kobalenko, le bassiste/vocaliste Walter González, le claviériste Sebastián Guerrero et le batteur Nicolas Di Giano (ex-
Dreamflight), en remplacement d' Ariel Ruocco. Mais levons plutôt l'ancre, pour une brève traversée en eaux limpides mais à la profonde agitation intérieure...
Tout comme son prédécesseur, au regard de ses pistes magmatiques, le méfait délivre de sémillants cheminements d'harmoniques, nous poussant dès lors à une inconditionnelle adhésion. Ainsi, le chaland ne mettra qu'une poignée de secondes pour entrer dans la danse de « Subjective Inhibitions » ; entraînant up tempo à la jonction entre
Delain et
Stream Of Passion. N'ayant de cesse de déployer ses riffs épais adossés à une rythmique éminemment frondeuse, le vivifiant effort nous octroie, par effet de contraste, de sensibles arpèges au piano. Dans ce champ de turbulences évoluent les graciles et enivrantes volutes de la princesse, trouvant alors leur pleine mesure sur une sente mélodique des plus pénétrantes. Un moment à la fois foncièrement pulsionnel et fortement chargé en émotions, aux allures d'un hit en puissance que l'on ne quittera qu'à regret.
Dans une même énergie, d'autres espaces d'expression se feront toutefois plus insaisissables, voire moins ragoutants. Et ce, à l'instar du tonique et ''sirénien'' «
The Spark », pourtant propice à un headbang bien senti. Si les rampes synthétiques se font délicieusement enveloppantes, on ne pourra hélas éluder ni de persistantes linéarités mélodiques ni de flottants enchaînements d'accords, au risque parfois de nous égarer de notre route. Peut-être bien le bémol de l'opus.
Dans un souci de diversification de sa palette atmosphérique, le groupe s'est, par ailleurs, acoquiné avec d'orientalisantes sonorités. Exercice de style judicieusement exploité bien qu'insuffisamment finalisé par nos acolytes. Aussi, retiendra-t-on « A Nameless Song », troublant et subtil mid tempo dans le sillage d'
Epica et
Xandria (première mouture), fleurant bon les vastes et brûlants espaces dunaires, témoignant d'arrangements instrumentaux d'excellente facture. C'est dans une ambiance résolument chatoyante, un brin capiteuse, qu'évoluent les intarissables riffs crochetés et la basse ronronnante de cet ensorcelant entrelacement de notes. Dans cette aventure se lance un duo mixte en voix de contrastes bien habité, la belle, eu égard à ses limpides et sensuelles patines, donnant le change aux serpes oratoires de son acolyte de growler. En revanche, le ''xandrien'' mid tempo progressif «
Collide and
Collapse » ne trouvera guère d'issue favorable pour nous faire plier l'échine. Ses accélérations inopportunes tout comme sa terne mélodicité sont autant d'éléments nous faisant hésiter à remettre le couvert, en dépit de sa fringante coloration orientalisante.
Enfin, comme il nous y avait déjà sensibilisés, le collectif argentin délivre une fois encore quelques moments d'une rare intensité émotionnelle à l'aune de ses passages tamisés. Aussi ne tardera-t-on pas à frissonner sous le joug des caressantes oscillations d'un délicat piano exhalant des entrailles de « The Lighthouse », légère et somptueuse ballade a-rythmique que n'auraient reniée ni Elessär ni
Diabulus In Musica. Profondément mélancolique et doté de nuances mélodiques d'une extrême finesse, s'enorgueillissant des cristallines impulsions de la maîtresse de cérémonie, l'instant privilégié fera voler en éclats toute tentative de résistance à ses charmes.
En définitive, la menue rondelle nous plonge dans un paysage de notes à la fois coloré mais nullement édulcoré, volontiers impulsif, un tantinet énigmatique, parfois romantique, dans la lignée de son illustre devancière. Toutefois, en dépit d'une qualité de production aux petits oignons, d'arrangements de bon aloi et du potentiel technique affiché, l'aficionado du genre n'éludera ni les pâleurs mélodiques dont s'affublent certains passages ni les carences relatives aux enchaînements intra-pistes de la galette. Tout aussi frondeur que son aîné, le présent effort se révèle cependant un poil moins impactant, car moins émouvant, in fine, que d'aucuns auraient pu le souhaiter.
Sans avoir véritablement fait évoluer son projet artistiquement parlant, le combo signe ainsi une œuvre certes headbangante et diversifiée sur le plan atmosphérique, mais manquant cruellement d'homogénéité et non exempte de baisses de régime. Un sursaut s'avérera donc nécessaire pour voir le combo argentin à nouveau flirter avec les gammes enchanteresses de naguère et ne pas se faire dérober le glaive par ses féroces opposants. Peut-être à l'aune d'un second album full length de la trempe de son prédécesseur ?...
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