The Sound of Scars

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16/20
Nom du groupe Life Of Agony
Nom de l'album The Sound of Scars
Type Album
Date de parution 11 Octobre 2019
Style MusicalMetal Alternatif
Membres possèdant cet album17

Tracklist

1.
 Prelude
 00:31
2.
 Scars
 02:46
3.
 Black Heart
 03:32
4.
 Lay Down
 03:49
5.
 Then
 01:17
6.
 Empty Hole
 03:03
7.
 My Way Out
 03:56
8.
 Eliminate
 02:16
9.
 Now
 01:30
10.
 Once Below
 03:31
11.
 Stone
 03:21
12.
 Weight of the World
 03:33
13.
 When
 01:43
14.
 I Surrender
 05:56

Durée totale : 40:44

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Life Of Agony


Chronique @ JeanEdernDesecrator

18 Octobre 2019

Groovy, catchy et badass

Life Of Agony a toujours été un groupe à part, marquant.

Marquant dès son premier LP "River Runs Red", sorti en 1993, il s'est démarqué de la scène hardcore avec un crossover groovy et puissant.
Marquant par sa noirceur et sa singularité, en choisissant la forme d'un concept album porté par des textes et des intermèdes glaçants. Les membres du groupe ont eu leur lot de problèmes personnels et de bagages psychologiques piégés, servant d'inspiration pour leurs textes. En illustrant cet envers de photo de famille, toile d'araignée de rages rentrées, de non-dits et de rancunes tenaces, "River Runs Red" a frappé l'esprit de ceux qui l'ont écouté à l'époque.
Marquant par son chanteur Keith Caputo, écorché et provocateur, à la démarche dégingandée de mini Iggy Pop, dont la voix de gorge un peu forcée (à la limite de l'horripilant) sortait des canons du genre.

Life Of Agony faisait office de chainon manquant insolite entre hardcore et metal. La composition venait en grande partie du bassiste Alan Robert, le batteur Sal Abruscato (ex Type O Negative) multipliait les changements de tempo en cours de morceau (sacrilège !!!!), le guitariste Joey Z (et pas Jay Z) avait un énaurme son de gratte, des solos plutôt metal, et ce beau monde poussait plein de gros scandages de choeurs testonéronés .

Ensuite, LOA a poursuivi son chemin avec l'album "Ugly" en 1995, nettement moins hardcore et plus travaillé, avant de sortir son troisième effort "Soul Searching Sun" en 1997. Celui-ci se révéla, à l'aune de mon impartiale oreille musicale, décevant sur tous les points, sauf la prestation du chanteur Keith Caputo en grand progrès. C'est justement lui qui a quitté le groupe, pour, je vous le donne en mille Emile, divergences musicales. La suite fût une vie d'agonie en eau de boudin, avec une tournée émaillée de changements de line-up successifs, et un split aux allures définitives en 1999.

Comme souvent, c'est à l'occasion d'un concert de reformation en 2003 que Life Of Agony se… reforma, dans sa configuration originelle. Il en résulta le très beau "Broken Valley", un quatrième album de metal alternatif aux accents légèrement stoner, porté par la voix transfigurée de Caputo. Cependant, entre ventes décevantes, changement de label, tournées et tutti quanti, l'eau de boudin au parfum d'agonie mena à un nouveau hiatus en 2011. C'est à cette période que Keith entama sa transition pour devenir Mina Caputo, et se consacra à sa carrière solo jusque là en pointillés, dans un style post rock beatlesien joliment chiadé.

Mais malgré les tensions et divergences, il était écrit que Alan, Joey, Sal et Mina devaient se réunir, et dès 2014, la carrière de LOA reprît sous la bannière du label Napalm Records, avec un nouvel album de très bonne facture, "A Place Where There Is No Pain", suintant une noirceur dépressive digne d'un Alice In Chains et renouant avec plus d'agressivité.

Après l'intégration d'une nouvelle batteuse en 2018, Veronica Bellino, suite au départ de Sal Abruscato, et une série de concerts à guichets fermés, la conception du sixième album de Life Of Agony débuta. Là où les groupes cherchent à éviter de faire leur "meilleur album n°2", LOA a choisi de foncer sur l'obstacle infranchissable bille en tête. Ils ont imaginé la suite du concept album "River Runs Red" là où elle s'était terminée, avec la même démarche. Les intermèdes "Prelude", "Then", "Now", "When" racontent l'histoire des conséquences du drame survenu, enregistrée par un message téléphonique, une news de journal télévisé, ou un psy qui parle à… à qui ? Sans spoiler, la suite l'histoire n'est pas aussi stressante que le nid de serpents relationnel tissé sur "River Runs Red", mais le poison se niche encore dans les silences butés, ou ce craquement dont on ne sait ce qu'il est. Merde, j'ai spoilé.

Musicalement, le groupe revient à un metal tout en puissance et en percussion. Les singles catchy et jouissivement badass "Scars", "Lay Down", "Black Heart" ou encore "Weight Of The World" et l'ultra groovy de ses morts "Stone" sont des machines à headbanguer, et la patate rythmique de Veronica y est pour beaucoup. La plupart des morceaux sont construits autour d'un riff moteur addictif, assené par un Joey Z au son de guitare style muraille de Chine. Le bassiste Alan Robert, s'il se contente de bétonner les fondations, est plus que jamais l'éminence créatrice du groupe.
Le flashback vers "River Runs Red" est bien de mise mais les LOA ne sont pas déguisés en straight edgeux intolérants pour faire les marioles. Le coté hardcore est distillé de manière subtile dans son metal alternatif, d'abord par quelques accords typiques du genre, des accélérations franches de batterie et des cœurs virils planqués derrière les refrains entêtants de Mina, sur "Empty Hole", et " My Way Out". Puis on se fait exploser le bandana avec cavalcades de toms basse et cœurs burnés sur "Eliminate" et "Once Below" dans la plus pure tradition d'un Biohazard mâtiné de Sick Of It All… mais avec une propreté chromée de groupe qui a 26 ans de carrière derrière lui.

Le son est concocté par Sylvia Massy (System Of A Down, Tool) co-produit par le guitariste Joey Z, et masterisé par Howie Weinberg (Metallica, Nirvana). Le résultat est franchement énorme, avec une patte très 90's, tout en étant absolument moderne. De la batterie de Veronica Bellini dont la caisse claire biohazardienne dynamis(t)e les morceaux, jusqu'aux guitares qui scotchent aux enceintes, LOA n'a jamais aussi bien sonné. Curieusement, la voix de Mina n'est pas mise en avant, et c'est tout à fait justifié au vu des intentions affichées : envoyer du steak (désolé pour les végans). C'est un vrai bon son d'album qui donne envie de les voir en Live.

Puisqu'on parle de Mina Caputo, elle s'est surpassée sur ce disque. Après avoir erré pendant sa carrière dans LOA, dans différents timbres et textures, même sur les derniers albums où sa voix était un temps toolienne, puis plus tard chargée d'harmonies rappelant feu Lane Staley, elle s'affranchit enfin et chante comme Mina de Life Of Agony. Toujours juste et inspirée, sans trop en faire, elle donne sève et sensibilité à cet album, sachant hurler comme jamais sur les titres plus hardcore.

"I Surrender" clôt cet album sur une note optimiste, psychédélique, avec claviers 70's, percus , bousculé par un refrain poignant, et se termine avec la voix de Mina qui laisse place à des violons mélancoliques.

Life Of Agony signe là un de ses meilleurs albums, comme une synthèse de son itinéraire chaotique. On pourra regretter qu'il manque la profondeur qu'il y avait sur "Broken Valley", peu présente ici, et aussi que les morceaux hardcore n'aient pas explosé de manière plus viscérale. Mais après avoir bouclé la boucle avec brio, on ne peut qu'espérer qu'ils en ont enfin fini avec leurs démons.

1 Commentaire

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Bark_at_The_Moon - 24 Octobre 2022:

Bravo pour cette chronique qui rend hommage à un groupe pas comme les autres.

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