Après quatre longues années de silence radio depuis leur introductif et flamboyant album full length «
Way of the Queen », le combo slovaque revient dans les rangs, plus boosté que jamais, et ce, à l'instar d'un effort non moins luxuriant, dénommé «
The Smog of Tomorrow » ; auto-production où s'égrainent 12 titres sur un parcours auditif de quelque 58 frissonnantes minutes. Conformément à ses aspirations premières, le collectif continue d'évoluer dans un registre rock'n'metal mélodico-symphonique progressif, où les influences de
Nightwish,
Delain,
Dark Sarah,
Sirenia,
Xandria ou encore
Within Temptation, ne sauraient être éludées. A la lumière de cette seconde offrande, la troupe serait-elle désormais en mesure d'opposer une plus farouche résistance encore aux
Elvellon,
Metalwings,
Sleeping Romance et autres
Beyond The Black ou
Walk In Darkness ?
Après un léger remaniement de son line-up, le sextet originel s'est mué en septet, conjuguant dès lors les talents de la frontwoman
Erika Strečková, rejointe par
Petra Hasarová, du claviériste František Molnár, des guitaristes Peter
Varga et Milan Sitár, du bassiste Peter
Bugár et du batteur Viliam Putz, en remplacement de Pavel “Vandy” Prokop. Pour l'occasion, a également été sollicité le fin picking du guitariste Jimi Cimbala. Reposant sur une solide cohésion groupale, la troupe nous octroie un propos émoustillant, le plus souvent énergisant, un brin romantique, corroboré à un réel potentiel technique et pourvu d'une mélodicité plus affinée aujourd'hui qu'hier. Tout comme son illustre devancière, cette livraison jouit d'un enregistrement de fort bonne facture, de finitions passées au peigne fin et d'un mixage à parités égales entre instrumentation et lignes de chant. Mais entrons plutôt dans le vaisseau amiral en quête d'éventuels trésors enfouis...
A l'instar de son prédécesseur, au regard de ses passages les plus offensifs, le méfait parvient à un rapide encensement du pavillon. Ainsi, suite à de somptueux arpèges au piano, le tempétueux et ''delainien'' up tempo « Intro / Hungry » ouvre ses ailes, eu égard à un riffing effilé adossé à une frondeuse rythmique. En outre, un pont mélodique judicieusement positionné se voit aspiré par une bondissante reprise sur la crête d'un refrain catchy mis en exergue par les claires volutes de deux sirènes évoluant à l'unisson. Dans une même énergie, sous-tendu par d'enveloppantes nappes synthétiques et déversant de truculentes séries d'accords coalisées à de grisantes montées en puissance du convoi instrumental, l'entraînant et ''xandrien'' « Atlantis » s'avère des plus impactants. Mais ce sont surtout les ''siréniens'' « Into the
Night » et « Smog of Tomorrow », et plus encore l'enjoué « Everything's Possible » qui, sous l'égide d'une fringante section rythmique et de leurs refrains immersifs à souhait, parviendront le plus aisément au recueil de l'adhésion.
Parfois, nos compères se plaisent à complexifier leur message musical, et ce, sans affecter la cohérence du propos ni émailler son efficacité. C'est dans cette logique qu'évolue «
Dust », titre polyrythmique et ''nightwishien'' en l'âme, doté de riffs massifs, et pourvu de choeurs en parfaite harmonie, venus en renfort d'un duo féminin que rien ni personne ne semble pouvoir endiguer la progression. Réservant moult effets de surprise et multipliant à l'envi accélérations et ralentissements du dispositif instrumental, arc-bouté sur une mélodicité nuancée, l'épique méfait pourra nécessiter quelques passages circonstanciés avant d'être dompté. Ce faisant, l'impulsif et dantesque essai ne ratera pas sa cible, loin s'en faut.
Comme il nous y avait déjà accoutumés, le combo se montre particulièrement à son aise quant à l'écriture de pièces en actes d'obédience metal symphonico-progressif. Aussi, nous happe-t-il sans avoir à forcer le trait à la lumière de « From
Survivor to Creator », piste épique et romanesque à mi-chemin entre
Nightwish (première période) et
Sirenia (seconde mouture). Sous-tendu par une intarissable chorale et un tapping martelant, à peine interrompu par un récitatif en voix de gorge, l'opulent et luxuriant propos ne manque ni d'allant ni de panache. Infiltré par les claires patines de nos deux maîtresses de cérémonie auxquelles viennent se superposer de sémillantes rampes synthétiques, l'orgiaque souffle gagne en puissance ce qu'il ne perd nullement en substrat mélodique. Quand le corps orchestral prend l'ascendant, que les éléments telluriques peu à peu se déchaînent, le spectacle est à son paroxysme. Peut-être bien l'une des pépites de l'opus...
Lorsqu'il retient les chevaux, l'inspiré septet se révèle non moins apte à nous retenir plus que de raison. Ce qu'illustre, d'une part, « Bury It », mid tempo aux riffs épais et étirés, aux arrangements dans la lignée d'un
Nightwish des premiers émois. Voguant sur une enchanteresse ligne mélodique et s'autorisant d'insoupçonnées digressions propices à un headbang subreptice, le manifeste se double d'un corps oratoire qui, peu à peu, se densifie, les chatoyantes patines des deux déesses étant alors rattrapées par une imposante muraille de choeurs. Dans cette mouvance, on retiendra le langoureux mid tempo syncopé « I'm Waiting » à la fois pour la légèreté de son tapping, la soudaineté de ses variations rythmiques, la délicatesse de l'architecture de ses couplets, et un solo de guitare à faire pâlir d'envie les
Lanvall (
Edenbridge) et consorts.
Quand il nous immerge au sein d'espaces ouatés, une fois encore, le collectif slovaque nous livre ses mots bleus les plus sensibles. Ainsi, non sans renvoyer à un
Within Temptation de la première heure et évoluant sur une ensorcelante sente mélodique, la ballade « From the
Ashes » nous élève de plus en plus haut au-dessus du plancher des vaches au fur et à mesure de sa progression. Un instant privilégié d'une rare intensité émotionnelle, mis en habits de soie par les empreintes vocales de deux interprètes en parfaite osmose, que l'on ne quittera qu'à regret. En outre, comme pour boucler la boucle, nous est également livrée une version de cette offrande en langue slovaque, alors intitulée « Človek », placée en outro de l'opus. Moins densément instrumentalisée que la version anglaise, dépourvue de choeurs, cette option teintée de sonorités authentiques et d'un seyant picking à la guitare acoustique offre un regard alternatif non moins enchanteur. Difficile enfin de contenir la petite larme au coin d'oeil à l'aune de « Flowing », troublante ballade atmosphérique que n'auraient reniée ni
Dark Sarah ni
Delain, où s'immiscent de délicats arpèges au maître instrument à touches et où le duo féminin semble comme touché par la grâce.
A l'issue de notre périple, on ressort à la fois conquis par la force créatrice affichée par la jeune troupe, magnétisé par les frissonnantes ondulations mélodiques, aspiré par les enchanteurs cheminements d'harmoniques, et happé par les siréniennes lignes vocales exhalant de cette livraison, et ce, de bout en bout de la rayonnante galette. C'est dire que nos acolytes nous livrent-là une œuvre aussi charismatique et enjouée qu'efficace, dotée d'exercices de styles éclectiques, à l'ingénierie plutôt soignée, et à l'identité artistique plus affirmée aujourd'hui qu'hier. Si les sources d'influence peinent à être entièrement digérées et si l'originalité requise s'avère encore des plus discrètes, la rondelle révèle néanmoins d'insoupçonnées variations atmosphériques tout en dévoilant un brin de sensualité encore inédit, que l'aficionado du genre se fera fort de ne pas éluder...
Tout aussi tonique, grandiloquente et émouvante que son aînée, la grassouillette cadette s'en singularise toutefois, à commencer par la longueur plus resserrée de ses pistes et son caractère plus plus frondeur, jouissant en prime d'un petit supplément d'âme la rendant particulièrement liante. Aussi, pourvus d'armes éminemment aiguisées, nos valeureux gladiateurs peuvent-ils sereinement partir en croisade. Bref, une œuvre forte, quelque peu novatrice, susceptible de placer l'inspirée formation parmi les valeurs montantes du metal symphonique à chant féminin. Bien malin qui pourra arrêter la colombe slovaque en plein vol...
Note : 16/20
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