The Shadows Lighten

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16/20
Nom du groupe Junon
Nom de l'album The Shadows Lighten
Type EP
Date de parution 09 Fevrier 2021
Style MusicalPost Hardcore
Membres possèdant cet album2

Tracklist

1.
 Sorcerer
 04:30
2.
 Carcosa
 03:42
3.
 Flood Preachers
 05:10
4.
 The Bleeding
 05:48

Durée totale : 19:10

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Junon


Chronique @ JeanEdernDesecrator

08 Fevrier 2021

Un juste milieu entre la lourdeur et la violence contenue

Changer de nom ne se fait pas par hasard, que ce soit par obligation ou par choix. Car c'est d'une certaine façon changer d'identité ou de genre (musical s'entend), un moyen d'enterrer son passé, de rebattre ses cartes et tirer un nouveau jeu. C'est ce qu'a fait General Lee par une annonce sibylline sur son compte facebook il y a peu, en délaissant son patronyme originel pour celui de Junon. De la mythologie américaine (et je ne parle pas de la carrosserie de la belle Daisy) à la mythologie romaine, rien de comparable si ce n'est une certaine vision de l'Empire… Mais pour tout dire, le nom de General Lee m'évoquait plutôt, euh, un groupe de blues à la papy qui hanterait les concentres de Harleys, il était donc plus que temps d'y remédier.
En quatre albums, plusieurs EP et splits, le groupe formé en 2000 a eu le temps de développer une musique sombre à la croisée de Cult Of Luna et Isis, entre post hardcore et sludge. Sur leur dernier opus en date, "Knives Out", ils ont fait un virage assez hardcore, dans le sens éprouvant du terme, avec des guitares débordant de larsen, des rafales de coups de poings avec les baguettes, et des hurlements plus rageurs que jamais, d'une violence rare dans le style,… avant de tomber dans le silence.

General Lee a fait un break complet pendant près de quatre ans, et au lieu de splitter, s'est reformé en Junon, avec l'envie de rejouer et de recomposer, mais avec un regard neuf. Ce n'est pas un renouvellement de line-up qui a motivé ce changement d'identité puisqu'on a affaire au même sextet qui oeuvrait sur "Knives Out". Le combo est reparti pas à pas, au rythme du "wait and see", d'autant plus que les perspectives sont pour le moins floues dans l'industrie musicale, ces temps-ci. Après avoir mis en boîte quatre morceaux au mois d'aout 2020, Junon s'est présenté à nous il y a quelques semaines avec le clip sobre et énergique de "Carcosa", mis en images par Eloi Casellas. Et Carcosa ça me parle, c'est le nom de ma pédale de Fuzz.

Cet EP quatre titre nommé "The Shadows Lighten", à sortir le 9 Février 2020 frappe fort, d'abord par la qualité de sa production, claire et dynamique, où le gros atout de Junon, les trois guitares, sont très bien mises en valeur. C'est de l'autoproduction de baroudeur qui n'a rien à envier à leurs précédentes sorties.
Si on reconnait les influences et les ingrédients présents dans General Lee, on constate un changement important dans la musique du groupe à tous les niveaux. Mais au lieu de la réminiscence entêtante de Cult Of Luna qui pouvait transpirer par le passé, il y a ici une énergie plus proche d'un Norma Jean époque "Meridional". Un juste milieu entre la lourdeur et la violence contenue, ou le jeu Deftonien du batteur Florian Urbaniak souffle le chaud et le froid, avec des parties denses et variées. On trouve une mélancolie à la Poison The Well dans les motifs lancinants tissés par les cordes aigües ("Sorcerer"). Les guitares jouent en contraste en posant des notes claires, un solo plaintif, ou des arpèges cristallins sur des plages plus calmes et mélodiques, ou sur les fins de morceaux ("The Bleeding").
Cet EP sait aussi s'alourdir et se saccader sur "Flood Preachers", avec chant ultra abrasif et accords dissonants, ou se montrer carrément étouffant sur "The Bleeding". Ne se contentant plus de faire des marathons de gueulantes, Arnaud Palmowski a diversifié et posé son chant, par exemple avec des fry screams doucereux (Ihsahn, sors de ce corps !) sur l'intro majestueuse de "Sorcerer", mais surtout en injectant du chant clair entre emo et stoner perché. Pourquoi ne pas l'avoir fait avant ? Je me pose la question tant cela est bien plus en phase avec les compos que par le passé, tout en apportant de la respiration à l'écoute.

Cependant, même si je préfère laaargement le Junon nouveau à l'ancien General Lee, avec tout ce qu'il y a en magasin, je me dis qu'il y a de quoi faire encore mieux, et ça se sent que les gars en ont encore sous le pied. La voie empruntée est la bonne, ces quatre titres suffisent à le montrer. Mais il manque un tout petit truc, pour transformer une douce mélancolie en désespoir déchirant, par exemple. Je fais le difficile, mais je trouve que nos frenchies pourraient fournir une alternative plus que crédible à des Norma Jean et Poison The Well, pour ne re-citer qu'eux.
Aussi, il est temps pour Junon de s'affranchir de ses racines et d'empoigner son âme. Et c'est pas une sinécure, si c'était facile, ça se saurait, le purgatoire est rempli de pauvres Gollums ayant effleuré toute leur vie la grâce du doigt sans la saisir.


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