Message a été reçu par la formation britannique... La voici de retour quelque quatre années suite à son second et encourageant EP «
Sunchaser ». Une période durant laquelle le groupe enchaînera les prestations scéniques (plusieurs concerts en France, en Belgique et aux Pays-Bas, suivis d'une tournée européenne d'envergure avec
Alwaid ainsi qu'une participation au
New Blood Stage Festival en 2018 ; Sunset Symphony Tour (Royaume Uni) en 2015), ponctuées par quelques nominations et non des moindres (lauréats au Bloodstock
Metal to the Masses Fest (mai 2018) ; Vocalzone Endorsed Artist (février 2018) ; Nomination TBFM pour le meilleur EP (décembre 2014)). Fort de ce riche background, porté par la reconnaissance de ses pairs, et mû par un courant d'inspiration renouvelé, le septet créé en 2010 par le batteur Tony Gaskell et la soprano
Melissa Adams (tous deux ex-Cathexis) souhaite désormais porter l'estocade...
Conformément à l'évolution du projet, le line-up subira une fois encore quelques remaniements. Si l'on y retrouve les deux frontwomen
Melissa Adams et Joanne Kay Robinson, James Brough aux guitares et choeurs, Przemysław Drużkowski (ex-
Infernal Maze) aux guitares ainsi que Tim Hall aux claviers, en revanche, Gary Solomon se verra remplacé par Matt Black à la basse et aux choeurs ; Tony Gaskell, quant à lui, cédera les baguettes à David Byrne. Pour l'occasion, aux fins d'une densification de son corps oratoire, ont été sollicitées les empreintes vocales de
Blaze Bayley (
Wolfsbane, ex-Iron Maiden) et Iliana Baselios Tsakiraki (
Enemy Of Reality, ex-
Meden Agan). De cette nouvelle et fructueuse collaboration naît un message musical metal power mélodico-symphonique progressif à la fois vitaminé, envoûtant, parfois complexe, un brin romantique, continuant d'harmoniser les timbres des deux mezzo-sopranos. Tout comme son prédécesseur, l'ombre de
Nightwish (première mouture),
Aesma Daeva,
Therion et
Dream Theater plane sur les 63 généreuses minutes de l'opus.
Autre indice révélateur de son souhait d'en découdre plus sérieusement aujourd'hui qu'hier, le collectif a particulièrement soigné sa production d'ensemble, faisant prestement oublier quelques approximations de jeunesse. Aussi, l'opulente galette a été enregistrée et mixée par James Brough au Black Carrot Studios (Doncaster), et mastérisée par l'ingénieur du son et guitariste Scott Atkins au Grindstone Studio (Ipswitch), studio où sont passés
Amon Amarth,
Cradle Of Filth,
Savage Messiah, entre autres. Ce faisant, les 10 pistes de la galette jouissent désormais d'une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation, de finitions passées au crible ainsi qu'une belle profondeur de champ acoustique. Il semblerait que le combo d'outre-Manche soit entré dans une tout autre dimension...
Quand elle nous projette sur des charbons ardents, la troupe trouve sans mal les clés pour nous rallier à sa cause. Ainsi, c'est d'un battement de cils que l'accroche s'effectuera sous le joug de l'enchanteur refrain dont se pare le frondeur, séduisant et ''therionien'' « Sold My Soul ». Glissant sur une sente mélodique propice au progressif enivrement de nos sens, mis en exergue par les cristallines et pénétrantes patines de nos deux sirènes, l'opératique brûlot réserve également de puissants coups de boutoir ainsi qu'un flamboyant solo de guitare. Dans cette énergie, le tympan ne sera guère moins aspiré par les radieuses vibes insufflées par «
Sirens'
Lament », ''nightwishien'' mid/up tempo voguant sur un filet mélodique d'une confondante fluidité, aux enchaînements intra-piste ultra sécurisés et délivrant de soufflantes montées en puissance du dispositif instrumental.
Parfois, le propos se fait moins accessible, nous intimant alors d'y revenir pour en déceler la substantifique moelle. Ce qu'illustre, tout d'abord, le puissant et intrigant «
Wake Up, Lucretia », mid tempo à mi-chemin entre
Nightwish et
Aesma Daeva. Pourvu d'arrangements de fort bonne facture, le tortueux méfait témoigne parallèlement d'une technicité instrumentale difficile à prendre en défaut, de grisantes rampes synthétiques et d'insoupçonnées variations atmosphériques. On regrettera toutefois la présence de tenaces répétitions de paroles, au risque de perdre le fil mélodique emprunté. Tout en disséminant des séries d'accords peu convenues, le chevaleresque et ''rhapsodien'' « Eye of the Storm », quant à lui, offre de soudaines et vibrantes accélérations, nous conviant ainsi à une pièce symphonico-opératique aux finitions soignées, propice à un headbang subreptice. Enfin, on ne saurait passer outre « At the
Masquerade », félin et ''therionien'' mid tempo heavy symphonique aux riffs massifs et recelant un fin legato à la lead guitare, encensé par les fluides et magnétiques oscillations d'un duo féminin bien inspiré.
Le combo a également misé ses espoirs de l'emporter par l'octroi de l'une ou l'autre triangulation vocale. Ce qu'atteste, d'une part, « Still, I Rise », entraînant et mélodieux effort dans la veine de
Visions Of Atlantis, où les limpides volutes de nos deux princesses patentées s'unissent aux profondes et corrosives attaques de
Blaze Bayley. Où l'art de cultiver les contrastes. Le pavillon du chaland ne pourra guère plus éluder « Heartsword! », ''nightwishien'' mid/up tempo aux riffs grésillants où les grisantes inflexions des deux maîtresses de cérémonie sont en parfaite osmose avec les troublantes envolées d'Iliana Baselios Tsakiraki. Une charismatique et enivrante plage symphonisante à la basse ronronnante et laissant entrevoir un sémillant corps à corps entre une guitare léonine et un serpent synthétique. Sans doute l'un des gemmes de l'opus.
Lorsque le convoi orchestral ralentit la cadence, une fois encore, la magie ne tardera pas à opérer. Aussi, la petite larme au coin de l'oeil que l'on feindrait d'ignorer ne saurait être esquivée sous l'impact de l'infiltrant cheminement d'harmoniques inhérent à «
Violet Hours » ; mid tempo symphonico-progressif un tantinet opératique dans la veine d'
Aesma Daeva. Une classique mais chavirante offrande magnifiée par les envolées lyriques savamment conjuguées des deux déesses, alors muées en bourreaux des cœurs en bataille. Et comment ne pas se sentir happé par le délicat filet mélodique exhalant de « If You
Dare » ? Aussi, effeuille-t-on une poignante ballade atmosphérique, romantique jusqu'au bout des ongles, se chargeant en émotion au fur et à mesure de sa progression. Un instant privilégié à nouveau mis en habits de soie par le symbiotique et envoûtant duo féminin, que l'on ne quittera qu'à regret.
Mais ce serait à l'aune de sa luxuriante et dantesque pièce en actes d'obédience metal symphonico-progressif et opératique que nos acolytes parviennent à donner la pleine mesure de leur talent. Ainsi, à l'image d'un
Therion de la première heure, «
Hyde and Seek » déroule ses 12:40 minutes d'un spectacle aux multiples rebondissements, où les effets de contraste atmosphérique et rythmique sont loin de manquer à l'appel. En outre, d'enveloppants ponts où ruissellent d'élégants arpèges au piano s'inscrivent dans la trame d'une fresque aussi tourmentée, complexe qu'ensorcelante. Dans ce champ de turbulences, les deux sirènes disséminent d'hypnotiques impulsions, le duo nous assignant alors à résidence, un peu malgré nous.
Assurément la pépite de la pléthorique rondelle...
Définitivement envolées les erreurs de jeunesse, le groupe livre désormais une œuvre aussi palpitante et enjouée que délicate et émouvante, plus diversifiée que son aînée sur les plans atmosphérique, rythmique et vocal, et surtout bénéficiant d'une ingénierie du son bien plus aiguisée aujourd'hui qu'hier. Certes, pas totalement affranchie de l'empreinte de ses modèles identificatoires, la troupe a ouvert plus largement le champ des possibles stylistiques, et ce, tout en affermissant sa technique instrumentale et en fluidifiant ses arrangements d'un cran. Aussi, l'orgiaque et rutilante offrande serait de nature à propulser le collectif parmi les valeurs montantes du metal symphonique à chant féminin. C'est dire que, huit ans après sa sortie de terre, l'outsider d'hier aurait toutes les cartes en main pour jouer sans tarder dans la cour des grands, du moins en a-t-il l'étoffe. C'est donc sous les meilleurs auspices que se poursuit l'aventure de l'inspiré septet britannique...
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