Encore un énième groupe metal symphonique à chant féminin voué, comme tant d'autres, à une disparition prématurée, me direz-vous, et vous auriez raison. Toutefois, ce jeune combo britannique originaire de Worksop, créé en 2010 par le batteur Tony Gaskell et la soprano
Melissa Adams (tous deux ex-Cathexis), ne l'entend pas de cette oreille. Déjà à la tête d'un introductif EP intitulé «
City of Shadows » (2011) et fort d'une expérience scénique significative (Bloodstock
Metal 2 the Masses...), le septet affirmera sa singularité par la fusion oratoire de deux sopranos en son sein. Et ce, à l'instar de ce second EP répondant au nom de «
Sunchaser » ; une auto-production où s'enchaînent sereinement 5 pistes sur un ruban auditif de 28 minutes. Aussi, quatre ans après sa sortie de terre, le collectif d'outre-Manche serait-il en mesure de tenir la concurrence en respect et se muer en valeur montante de son registre metal d'affiliation ?
Après quelques changements de line-up, aux côtés de
Melissa et Tony, se retrouvent réunis les talents de : Joanne Kay Robinson en qualité de frontwoman ; James David Brough et Przemysław Drużkowski (ex-
Infernal Maze) aux guitares ; Gary Solomon à la basse ; Tim Hall aux claviers. De cette fraîche collaboration émane un propos metal power mélodico-symphonique progressif à la fois vivifiant, pimpant, complexe et romanesque, qui n'est pas sans renvoyer à
Nightwish (première mouture),
Aesma Daeva,
Therion,
Dream Theater. Mastérisé par Peter Dowsett (sollicité par
Beholder,
De Profundis, Internal
Conflict), enregistré et mixé par la guitariste/vocaliste Simon Cliffe (ex-
Beholder), l'opus accuse certes un persistant sous-mixage des lignes de chant mais peu de sonorités parasites.
C'est à l'aune de ses plages les plus enfiévrées que le collectif britannique marque ses premiers points. Dans cette mouvance s'inscrit tout d'abord «
Sunchaser », up tempo symphonique progressif dans la lignée d'un
Therion, première période. Doté de saisissants effets de contraste rythmique doublés d'un épais riffing et d'oscillants gimmicks, l'échevelant méfait nous octroie, par ailleurs, un bref mais fringant solo de guitare que n'aurait guère renié
Dream Theater. Dans ce champ de turbulences, évoluant à l'unisson, les deux sopranos chargeront le méfait en émotion au fur et à mesure de leur progression, suffisamment du moins pour nous assigner à résidence. On retiendra également le ''nightwishien'' «
Reflections » à la fois pour son refrain immersif à souhait, son fin legato à la lead guitare, ses sémillantes rampes synthétiques et ses vibes orientalisantes.
Lorsqu'elle nous octroie de plantureuses pièces en actes, la troupe trouve les clés pour nous retenir plus que de raison. Ainsi, c'est au cœur d'un océan de félicité que l'on plonge à l'aune de «
Nightmare », corpulente et fringante offrande power symphonico-progressive à mi-chemin entre
Aesma Daeva et
Nightwish. Abondant en péripéties, le pulsionnel méfait réserve de grisantes montées en puissance du corps instrumental doublées d'un flamboyant solo de guitare. Aux deux sirènes, eu égard à leurs limpides volutes, de compléter un tableau déjà richement orné. On ne saurait davantage résister ni au délicat picking à la guitare acoustique ni aux sensibles arpèges au piano émanant de «
Echoes », romanesque mid tempo progressif à l'infiltrant cheminement d'harmoniques. Cette ''therionienne'' fresque déroule fièrement ses 7:24 minutes d'un propos opératique aux multiples rebondissements, gorgé d'un galvanisant solo de guitare et où nos deux princesses alors en parfaite symbiose encenseront le pavillon du chaland.
Parfois, le propos se fait plus complexe, nécessitant alors quelques passages circonstanciés avant son éventuelle assimilation. Ce qu'illustre «
Warrior's
Path », up tempo power symphonico-progressif à la confluence entre
Aesma Daeva et
Therion. Livrant d'insoupçonnées variations rythmiques et atmosphériques, le magmatique effort voit à nouveau les deux déesses unir leurs empreintes vocales dans un duo du plus bel effet. On regrettera toutefois un inaltérable surmixage de l'instrumentation et une ligne mélodique aux oscillations bien timides, rendant la proposition esquivable, in fine.
Aussi, le combo britannique livre-t-il un message musical des plus émouvants, aux lignes mélodiques travaillées en profondeur, dont l'aficionado du genre se délectera, et témoignant d'un réel potentiel technique. On aurait peut-être souhaité un propos plus diversifié sur les plans atmosphérique et rythmique, une ingénierie du son un poil plus aiguisée ainsi qu'une franche mise à distance de leurs modèles identificatoires. Carences partiellement compensées par une courageuse et heureuse juxtaposition d'empreintes vocales et leur capacité à concocter les séries d'accords qui font mouche. C'est dire que, pour son second essai, le groupe s'en sort avec les honneurs ; un menu mais seyant opus faisant de lui un outsider avec lequel ses homologues devront désormais compter. Il se pourrait même qu'il ne soit qu'au début de son aventure. L'avenir seul nous le dira...
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