Liste des groupes Post Hardcore Coldrain (JAP) The Revelation

Avec le récent succès international des nippons de Crossfaith, on peut se féliciter de voir qu’une crédibilité nouvelle semble s’offrir aux groupes issues des quatre îles formant le Japon. Car si comme partout ailleurs leur scène musicale émergente porte son lot d’étrons musicaux (et ce n’est pas nous bons français qui allons dire le contraire), il est triste de constater que certaines formations japonaises manquent encore aujourd’hui cruellement de visibilité au regard de leur talent. C’est le cas de coldrain (toujours sans C majuscule), quintet originaire de Nagoya, qui vient de sortir son troisième album complet, toujours indé’ mais cette fois cent pourcents étatsunien : The Revelation. Nom annonciateur d’une future reconnaissance internationale ? C’est franchement tout ce qu’on peut souhaiter après avoir écouté ce petit bijou.

Comme pour leur précédent opus, le principal défaut de The Revelation, c’est sa durée. Dix chansons, c’est vraiment peu. Mais en même temps, difficile de faire plus lorsqu’on n’appartient pas au système des grands majors qui régissent le monde du metal. Après un rapide coup d’œil à la jaquette et son artwork plutôt joli (bien qu’assez commun et surtout abscons) on se concentre sur la musique, et on constate avec joie que si le groupe n’a pas changé dans la forme (comprenez qu’il vous met toujours de bonnes grosses tatanes dans la face d’entrée de jeu), il a su évolué dans la forme, avec une musique toujours aussi efficace mais nettement plus travaillée. Preuve que leur nouveau producteur, monsieur David Bendeth, est vraiment un génie de la prod’ et orchestre avec brio l’album de la première à la dernière seconde.

La maîtrise se fait sentir dès les premières secondes. Si la musique reste inchangée dans les grandes lignes -on a toujours droit à un habile mélange rock/metal alternatif à la sauce post-hardcore voire carrément metalcore par moment, on ressent clairement qu’elle est plus aboutie qu’auparavant. Les deux guitares se complètent à la perfection, et jamais les côtés mélodieux et hardcore du groupe ne se sont aussi bien entrechoqués (The War is On, Time Bomb, Given Up On You). Côté rythmique, la basse se fait plus présente qu’avant et la batterie a plus d’arguments à défendre (Falling Forever, Voiceless), ce qui permet au groupe de se reposer sur un groove plus que potable.
Enfin, concernant le chant, Masato montre clairement d’énormes progrès, comme quoi la scène ça aide vraiment. S’il avait déjà une jolie voix, il maitrise désormais parfaitement son chant clair comme on le constate dès l’intro’ de The War is On ou tout au long de Carry On, c’est dans le domaine des chants gutturaux qu’il montre le plus de progrès, ayant développé un scream vraiment impressionnant et également maitrisé à la perfection (The Revelation, Behind the Curtain, Given Up On You).

Le groupe se promène comme à son habitude dans un éventail relativement large de style, s’aventurant volontiers dans le metalcore comme à travers The Revelation ou dans un Post-Hardcore plus orienté metal alternatif voire Emo par moment à l’image de The War is On ou encore Time Bomb. Mais le groupe n’a pas pour autant abandonné les ballades tournées vers le rock alternatif en proposant la très sympathique Carry On par exemple. Le quintet prend même la liberté de mélanger différents styles au sein d’une même chanson, comme dans Given Up On You, qui commence comme du Green Day puis qui monte crescendo, les guitares s’alourdissant, la rythmique s’accélérant, les chœurs se durcissant et le scream prenant bien vite la place du chant clair. Nos cinq japonais s’essayent à l’utilisation de samples, ce qui leur permet d’introduire dans leur musique des instruments tels que le piano ou le violon, proposant ainsi des chansons plus ambiantes (Next To You, Chasing Dreams) qu’à l’accoutumée. Malheureusement, quelques solos et envolées vocales plus tard, c’est déjà fini et on en redemande…

The Revelation s'avère au final être un petit bijou de maîtrise et d'adresse de la part d'un groupe en amélioration constante. Bien sûr, il ne faut pas se leurrer et l'album n’est pas exempt de défauts, et certains reprocheront au groupe la trop grande accessibilité de sa musique (bien qu’on ressente aisément leur sincère envie de créer et donc qu’ils ne font pas ça pour vendre leurs t-shits) ou encore leur utilisation encore trop maladroite de samples. Toujours est-il que cet album est une petite bombe de grande qualité et que coldrain mérite sans l’ombre d’un doute une reconnaissance internationale.