Tout le monde commence à savoir que le Japon est devenu depuis quelques années une valeur sûre concernant les scènes Rock et
Metal de la planète. Et même si les groupes estampillés "Made In Japan" ayant réussi à se faire un nom sur l'ensemble du globe (
Maximum The Hormone par exemple) restent encore rares, le fait est que le nombre de bons groupes nippons augmente de manière exponentielle depuis quelques années. Et la bande de potes originaire de Nagoya appelée coldrain (sans C majuscule) en fait assurément partie. Après s'être créé une bonne base de fan au Japon et dans une partie de l'Asie grâce à leur premier album ainsi que leur premier EP (sorti respectivement en 2009 et 2010), les membres de coldrain balancent
The Enemy Inside, leur deuxième album (seulement en partie indépendant cette fois) début 2011.
La première chose qu'on remarque, qui constitue d'ailleurs le principal défaut de l'album, c'est que ce dernier est tristement court. Une petite dizaine de chanson à peine, c'est (vraiment) peu. Heureusement, on oublie ses craintes dès lors que l'album se lance et que raisonnent les premières notes de la très réussie "
To Be Alive", petit bijou d'efficacité placé avec bon goût en introduction d'album. La voix du chanteur Masato, autant aiguë qu'écorchée, lance l’ensemble des instruments qui d'un seul coup se mettent à envoyer la purée. Le tempo est rapide, et l'instrumentale très typée Punk Hardcore laisse vite la place à deux guitares metalcorée rappelant les origines du groupe. Le scream s'alterne lui avec les chants clairs mais toujours aussi aigus du chanteur, le tout aboutissant à un peu plus de trois minutes de chanson équivalentes à un shoot d'adrénaline.
Bien sûr, le chant en rebutera sans aucun doute plus d’un. Après tout coldrain est autant émo que metalcoreux, mais cela ne pose pas vraiment de problème pour peu qu’on ait l’esprit ouvert, car l’habile mélange que nous sert là le quintet japonais est bougrement efficace, même s’il ressort assez mainstream. Même constat pour la piste suivante, « New
Fate » ; entre ses grosses guitares sous accordées, son chant très énervé, son refrain ultra-accrocheur et sa batterie qui ne se repose toujours pas. On a même droit à un énorme combo break/solo qui vous démonte la face à grand coup dans la tronche. A peine deux chansons sont passées, et vous déjà pris de jolies claques. Vous noterez que je n’ai toujours pas évoqué la basse. C’est pour la simple et bonne raison qu’elle est malheureusement quasi inexistante sur tout l’opus, comme sur toutes les productions orientées commerciales US (oui parce que ça ressemble quand même parfois franchement à du Post-Hardcore étatsunien).
Ainsi, comme tout album inspiré des metalheads ricains, on a ensuite droit à une chanson calibrée pour la radio, «
Rescue Me». Cette piste relativement plate laisse ensuite place à la jumpante «
Adrenaline » (qui avec son titre et son riff basique à souhait pourrait presque rendre hommage au Néo-
Metal de
Deftones). Les pistes passent sans vraiment se ressembler, tout en livrant tout de même un ensemble cohérent. C’est là la grande force de coldrain, qui maitrise parfaitement ses influences, et qui sait comment les restituées à travers ses chansons. Ainsi, les tracks headbangantes (« The
Maze », « Rise and
Fall ») allient leur efficacité aux chansons plus douces et travaillées (« You », «
Confession »). L’album se clôt sur l’enchainement de « A Tragic
Instinct » et de «
Hollow », qui à elle deux résument assez bien l’album dans son ensemble, tantôt douces et travaillées, tantôts rythmées avec davantage de lourdeur dans les sonorités, le tout équilibré par un chant se promenant sans aucun problème entre les changements de styles, sans difficulté et avec talent.
Alors oui, ça sonne plutôt commercial. Non, ça ne casse effectivement pas 17 pattes à un canard. Mais malgré ça, ce second opus de coldrain reste un album réussi, déjà plein de maîtrise, de maturité, et surtout de promesses. Car il ne faut pas se leurrer, le talent est bel et bien présent, et on peut espérer qu’il le sera encore plus dans l’avenir. Je conclurais via deux derniers constats, à savoir que cet album est purement à l’image de son chanteur, 50% japonais, 50% étatsunien. Et surtout, croyez-moi, ce jeune groupe n’a vraiment rien à envier à ses cousins ricains. Bien au contraire.
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