Les événements se sont enchaînés à une vitesse vertigineuse pour le jeune quintet milanais depuis la sortie de son introductif EP, «
Resilience », sorti il y a tout juste un an et demi. Une brève mais encourageante auto-production l'ayant prestement propulsé sur la scène metal locale (Drakkarock (Borgo Ticino) en 2019,
Legend Club (Milan) en 2018...). Au cours de ses pérégrinations, le combo italien assura notamment certaines premières parties de
Lacuna Coil,
Vinnie Moore,
Crazy Town, entre autres. Et ce, tout en préparant minutieusement et finalisant son premier album full length «
The Pond », une seconde auto-production contenant cette fois 11 titres inédits égrainés sur une bande auditive de 39 minutes. Indices révélateurs d'une sérieuse envie d'en découdre de la part de la formation transalpine...
Pour répondre aux nouvelles aspirations du collectif, le line-up a subi quelques remaniements. Succédant à
Faith, Irene Franco dispensera l'essentiel des lignes de chant. On découvre ainsi une chanteuse dont le timbre de voix serait à la confluence entre Amy Lee (
Evanescence) et Cristina Scabbia (
Lacuna Coil), évoluant aux côtés de Morris Steel et Laerte Ungaro (guitares), Giuseppe “LoChef” Greco (basse) et Fabio Benedan (batterie). Etat de fait qui ne sera pas sans effet sur le virage heavy mélodique/gothique pris par le groupe au détriment de la fibre hard rock originelle. Aussi, de cette fraîche collaboration émane un propos certes vitaminé mais un poil moins pulsionnel et plus enivrant que son aîné, qui n'est pas sans rappeler
Evanescence,
Lacuna Coil, ou encore
We Are The Fallen, nous éloignant désormais de l'empreinte d'
Halestorm,
Bif Naked,
Ela ou
The Pretty Reckless. A nouveau enregistré et mixé par Matteo Magni (Magnitude Studio), l'opus n'accuse que peu de sonorités résiduelles tout en offrant une belle profondeur de champ acoustique. Mais laissons plutôt nos cinq gladiateurs nous guider...
A l'instar de son prédécesseur, le groupe nous projette volontiers au cœur d'un torrent de lave, avec, pour effet, de nous happer bien souvent. Ainsi, l'accroche s'opérera sans encombre à l'aune des tubesques et ''lacunacoilesques'' up tempi «
Your Game » et « New Hero ». Infiltrés par les félines inflexions de la sirène, dotés d'un refrain certes convenu mais des plus entêtants, se parant également de riffs en tirs en rafale et de sémillants gimmicks guitaristiques, ces deux énergisants efforts auront bien peu de chances de rater leur cible. Dans cette mouvance, on retiendra encore « O.C.D. » et «
The Pond », ''evanescents'' mid tempi progressifs au refrain catchy, mis en exergue par les chatoyantes patines de la frontwoman. Difficile également de passer sous silence «
Nightmare », pulsionnel et accrocheur méfait à mi-chemin entre
Lacuna Coil et
Bif Naked. Livrant des couplets finement ciselés, libérant une basse résolument vrombissante et une sanguine rythmique, l'impulsif méfait ne lâchera pas sa proie d'un iota. On comprend dès lors que nos compères ont placé la barre de leurs exigences plus haute qu'autrefois, nous plaçant loin de leurs premières et néanmoins ragoûtantes esquisses. Mais le spectacle est loin d'être terminé...
Lorsque la cadence se fait plus mesurée, là encore, la troupe trouve les clés pour nous retenir plus que de raison. Aussi, le pavillon sera-t-il irrémédiablement aspiré par « If You’re
Brave » tout comme « Look @ Me », séduisants mid tempi aux riffs épais et recelant de fines nuances mélodiques. Dans la droite lignée d'
Evanescence, ces deux entraînants propos se voient magnifiés par les troublantes modulations de la déesse. Dans ce sillage, on ne saurait davantage éluder ni « Just Tonight » ni « Let It
Burn », mid tempi syncopés aux contrastes rythmiques marqués et pourvus d'enchaînements couplets/refrains sécurisés, que n'aurait guère reniés
Lacuna Coil. Un tantinet plus éthéré mais guère moins frondeur, et non sans rappeler
We Are The Fallen, «
The Noose » révèle à la fois d'insoupçonnées accélérations du corps orchestral et une sente mélodique d'une efficacité redoutable. Bref, une kyrielle de hits en puissance concoctés par le collectif transalpin, que l'on ne quittera qu'avec l'indicible espoir d'y revenir...
Quand la lumière se fait tamisée, nos acolytes nous assignent une fois encore à résidence, nous livrant par là même leurs mots bleus les plus sensibles. Un exercice de style déjà révélé à l'aune de leur précédente galette, mais prenant ici une saveur particulière, harmonisant sensualité, délicatesse et élégance. Ainsi, le ''lacunacoilesque'' low tempo progressif « Goodbye » prend des allures de ballade romantique jusqu'au bout des ongles, propice au total enivrement de nos sens. Mis en habits de soie par les délicates volutes de la maîtresse de cérémonie et suivant un infiltrant cheminement d'harmoniques, l'instant privilégié fera plier l'échine à plus d'une âme rétive.
Aussi, deux ans après sa sortie de terre, la formation italienne aurait trouvé la formule gagnante pour nous rallier à sa cause sans avoir à forcer le trait, nous livrant un message musical à la fois incisif, enjoué, sensible, un brin énigmatique, n'accusant pas l'ombre d'un bémol et/ou d'une longueur. De plus, l'opus jouit d'une ingénierie du son plutôt soignée, à commencer par des finitions passées au peigne fin, d'une technicité éprouvée et de lignes mélodiques travaillées en profondeur, susceptibles d'aspirer le tympan de l'aficionado du genre.
Il conviendrait cependant que nos acolytes consentent à l'une ou l'autre prise de risque et qu'ils s'affranchissent enfin de l'empreinte sclérosante de leurs illustres maîtres inspirateurs ; carences déjà observées et qui restent à dépasser pour permettre au projet de gagner en épaisseur artistique et autoriser un élargissement de leur fan base. Mais nos compères ont encore bien le temps d'affûter leurs armes pour se muer en de dangereux combattants. Enfin, sans pour autant avoir radicalement changé de cap, la troupe ouvre désormais plus large l'éventail des possibles stylistiques, un regard alternatif porteur de nouveaux espoirs.
Pas de doute, le combo milanais est bel et bien entré dans une tout autre dimension...
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