Déjà auteur de deux démos d’excellentes factures en 2006 et 2007,
Architect Of Seth semblait un peu en sommeil, il faut dire que Paul Rousseaux avait toute les peines du monde à s’entourer de musiciens stables. Désormais avec l’intégration de Yohann Kochel en
2012, il semble qu’il jouisse enfin d’un line up complémentaire et stable. Comme les bonnes nouvelles n’arrivent jamais seules, Great Dane Records a accroché à la pré-production de l’album et a signé le combo normand, leur permettant de sortir
The Persistence of Scars (2013) dans des conditions de promotions dignes de ce nom.
On savait le combo très orienté Death technique, les démos lorgnaient vers des combos brutaux et complexes comme
Necrophagist. Si la maîtrise instrumentale et les structures alambiquées sont toujours de mise, AOS a pourtant changé son fusil d’épaule, leur Death
Metal peut toujours être qualifié de technique, mais n’a plus grand chose en commun avec les
Spawn Of Possession,
Necrophagist ou
Anata (soit la deuxième génération), en effet la musique est à présent plus proche des précurseurs du style comme
Nocturnus ou
Pestilence. D’ailleurs l’intro acoustique enchaînée par un riff Death /
Doom à la
Asphyx est plutôt trompeuse, puisque bien vite le duo nous entraîne dans un maelström de technique et de puissance qui n’est pas sans rappeler
Theory In Practice /
Pestilence. La ressemblance avec le fameux groupe hollandais va même jusque dans la voix de Paul, dont le timbre rappelle fortement (en un peu moins puissante hélas) les beuglements éraillés de Patrick Mameli sur l’immense
Testimony of the
Ancients.
Hormis un niveau technique indéniablement au dessus de la moyenne, on s’aperçoit que les musiciens savent aussi composer des riffs marquants, loin des branlettes de manche stériles auxquelles on assiste parfois dans ce style. Ainsi Engender of
Confusion propose un Death
Metal épidermique et précis, mais pourtant non dénué d’atmosphères, notamment grâce au clavier et au solo central rappelant une fois de plus
Pestilence (un peu comme une période
Sphere sous EPO).
Faute de trouver un marteleur au niveau, AOS a du se résoudre à programmer une boite à rythmes, mais celle ci est dans l’ensemble bien intégrée, la période des sons horribles des années 90 est fort heureusement révolue…
Embrace of
Anguish est un peu à part sur l’album, délivrant ça et là des parties ultra rapides, c’est d’ailleurs dans ce cas que la programmation se montre à son désavantage par rapport à un batteur : les blast beat sonnent un peu synthétiques. Ce genre de sonorités colle mieux chez
Limbonic Art à mon sens. Ce titre est de bonne facture (quoi qu’un peu trop alambiqué) et est sans doute celui qui comporte le plus de similitudes avec l’ancienne époque du groupe, mais il tranche un peu avec le reste, brisant une certaine unité.
Quoi qu’il en soit, AOS prend le temps de développer ses thèmes, n’hésitant pas à proposer quelques morceaux de plus de 6 minutes, c’est le cas sur l’ultime morceau de la galette Teacher of Nocturna. Tout ceci est mené avec brio, avec une science du riff indéniable et donc des guitares catchy qui font mouche, chose pourtant loin d’être évidente chez les tenants habituels du Death technique, je vous recommande en particulier le riffing de 1 : 30 à 3 :00 , les gars ont le poignet droit solide !
Au final à part quelques détails, il y a peu de reproches à faire à
The Persistence of Scars. Peut-être un effort supplémentaire aurait pu être fait sur l’artwork, à part les tronches des musiciens sur la pochette et dans le livret (non non, ils n’ont pas des tronches qui ne me reviennent pas, ne me faite pas dire ce que je n’ai pas dit !) c’est assez pauvre à ce niveau. Quand on est habitué aux travaux du talentueux Stan W Decker, la concurrence supporte difficilement la comparaison…
Dans tous les cas, le combo reprend à son compte un style en désuétude, les uns et les autres se jetant soit dans le Death « concours de bite » du plus grand nombre de notes à la seconde, soit dans le revival old school intégral (avec une conviction parfois risible tellement ces combos ressemblent à des caricatures). Il ne manque plus que deux choses à mon sens pour péter la baraque : trouver un batteur et digérer un peu mieux les influences trop voyantes, après cela
Architect Of Seth pourra s’imposer parmi les formations mondiales qui comptent, en attendant ils sortent déjà l’un des meilleurs disques hexagonaux.
BG
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