Liste des groupes Metal Symphonique Remember The Light The Outcome

Mû par un vent d'inspiration renouvelée mais prudent dans sa démarche, car se sachant évoluer dans un registre en proie à une féroce concurrence, le groupe de metal symphonique francilien revient dans les rangs quelque deux années suite à son introductive et encourageante démo, « Exilés ». Et ce, à l'aune de son premier et présent EP, « The Outcome » ; une auto-production où six pistes à la fois vibrantes et enivrantes se dispatchent sur un ruban auditif d'une grosse demi-heure. Conformément à ses fondamentaux stylistiques, le collectif continue d'oeuvrer dans un heavy mélodico-symphonique racé et pétri d'élégance, marchant alors sur les traces de Nightwish, Within Temptation, Dark Sarah, Xandria, Delain et consorts, la touche personnelle en prime.

Dans ce dessein, le line-up n'a subi qu'un léger remaniement qui en a redéfini la structure. Ainsi, à bord du navire nous accueillent à nouveau : la chanteuse au cristallin grain de voix et parolière Cécile Delpoïo ; Stayn Karhien aux guitares ; le bassiste, growler et parolier Julien Harbulot ; le claviériste, arrangeur et compositeur Olivier Reucher ; le batteur et compositeur Léo Godart (Extravasion, Promothean, Scolopendra). Avec la participation, pour l'occasion, du guitariste Jean-Loïck Quashie sur cinq des six plages de l'opus, originellement membre du groupe. De cette étroite collaboration, entamée il y a déjà quatre ans, naît un propos jouissant d'un enregistrement de bon aloi, ne concédant que peu de sonorités résiduelles et témoignant surtout d'une belle profondeur de champ acoustique.

C'est à l'instar de ses passages les plus offensifs que nos acolytes marquent leurs premiers points, avec quelques pépites essaimées çà et là sur leur chemin. Ainsi, passée la brève, cinématique et somme toute dispensable entame instrumentale, « A Few Years Ago... », les tambours ne tarderont pas à claquer et les guitares à se faire mordantes. Ce qu'illustre, en premier lieu, « Blooming », un mid/up tempo au caractère bien trempé à mi-chemin entre Delain et Xandria. Dévoilant une ligne mélodique toute de fines nuances cousue, esquissant un léger et fluide tapping, déversant de délicats arpèges au piano et un flamboyant solo de guitare, et octroyant un refrain immersif à souhait mis en habits de lumière par les gracieuses volutes de la sirène, on comprend dès lors que la pimpante offrande joue dans la catégorie des hits en puissance que l'on ne quittera qu'à regret. Et comment ne pas se sentir porté par les vibes enchanteresses inscrites dans l'adn du tonique et élégant « The Inescapable Cycle » ? Mais nos acolytes sont loin d'être à bout d'arguments pour tenter de nous faire plier l'échine...

Dans un souci de diversification rythmique, la troupe ouvre désormais plus large le champ des possibles en la matière. Ce qu'atteste le polyrythmique et ''nightwishien'' « The Outcome », un entraînant méfait rock'n'metal symphonique aux couplets bien customisés relayés chacun d'un refrain catchy, recelant en prime d'insoupçonnées montées en puissance de son corps orchestral. Encore un effort aux poignants arpèges d'accords, où les envolées semi-lyriques de la déesse font mouche où qu'elles se meuvent, et qui pourrait bien laisser quelques traces indélébiles dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le pavillon. Dans cette énergie, on retiendra également le ''delainien'' mid tempo progressif « Stand Up for What You Are » eu égard à la soudaineté de ses accélérations rythmiques et à son infiltrant cheminement d'harmoniques.

Quand il se met à flirter avec d'amples pièces en actes symphonico-progressives, comme il nous y avait déjà sensibilisés, le groupe serait au faîte de son art, offrant ici de saisissants effets de contrastes rythmiques et vocaux. Ainsi, c'est au cœur d'un étrange mais envoûtant bal des vampires que nous mènent les neuf minutes de l'épique, tortueuse et ''xandrienne'' fresque symphonique aux ''draconians'' relents dark gothique « Heroes ». Abondant en coups de théâtre, se plaisant à dérouler ses riffs corrosifs adossés à une frondeuse rythmique, agrémentée d'orientalisantes séries de notes, et livrant un poignant face en face entre les claires inflexions de la belle et les growls caverneux de son acolyte, l'énigmatique et opulente plage n'aura pas tari d'armes efficaces pour venir à bout des âmes les plus rétives à son assimilation.

On ressort de l'écoute de la menue rondelle interpellé par l'étonnante faculté du groupe à nous happer sans avoir à forcer le trait. Jouissant d'une ingénierie du son plutôt soignée, bénéficiant d'arrangements orchestraux de bonne facture, recelant des enchaînements finement esquissés, faisant montre de lignes mélodiques des plus magnétiques, sans omettre la finesse de plume de ses auteurs, la frugale mais rayonnante galette se suit de bout en bout sans encombres. D'aucuns auraient peut-être espéré un propos plus diversifié sur le plan atmosphérique, des exercices de style plus variés qu'ils n'apparaissent et un zeste d'originalité supplémentaire pour se sustenter. Quoi qu'il en soit, à la lecture de cet engageant et enserrant opus, le combo aurait d'ores et déjà l'arsenal requis pour lui autoriser l'accès au rang de valeur montante de cet exigeant registre metal. C'est dire que l'aventure se poursuit sereinement pour la formation francilienne...