The Only Safe Place

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15/20
Nom du groupe Abattoir (USA)
Nom de l'album The Only Safe Place
Type Album
Date de parution 12 Août 1986
Style MusicalSpeed Metal
Membres possèdant cet album101

Tracklist

1.
 Intro / Beyond the Altar
 01:28
2.
 Bring on the Damned
 04:12
3.
 The Only Safe Place
 05:06
4.
 Nothing Sacred
 05:20
5.
 Hammer of the Gods
 04:27
6.
 Back to Hell
 03:10
7.
 Temptations of the Flesh
 05:28
8.
 Under My Skin
 03:56
9.
 S.B.D. (Feel the Fire)
 03:28
10.
 Night of the Knife
 05:26

Durée totale : 42:01

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Abattoir (USA)


Chronique @ largod

24 Mai 2012

Viande fraîche !

Il y a des débats sur l’abattage de la viande qu’il convient de ne pas ou plus avoir. A moins de vouloir se fâcher avec une bonne partie de la planète ou de se fâcher tout court. L’important me parait plus être la qualité de la viande, donc de l’élevage de la bête. Plusieurs conditions sont nécessaires pour obtenir une pièce de choix, fondante et persillée, délicate en goût : une pâture verdoyante et riche, un terrain à peine escarpé pour obtenir un minimum de muscles, un air sain et un paysan attentif à son troupeau. Et surtout, pas de stress. Moi le terrien, je prenais et prends encore, aussi souvent que possible, plaisir à aller à la campagne et à planter mon 45 fillette au beau milieu des champs. Comme de visiter, de temps à autre, le Salon de l’Agriculture de Paris qui se tient en milieu d’hiver. On y trouve multitude de plaisirs, pas toujours olfactifs, quoique l’odeur de purin soit aussi un élément de contexte à ne pas négliger. On y gagne, en particulier, des premiers prix et notamment pour les nombreux animaux de la ferme, dont les bovins, qui de par leur imposante masse athlétique et, pour les mâles, leurs attributs de concours, forcent au respect. Si Abattoir avait été un taureau limousin, ils auraient gagné quelque chose. Pas forcément le gros lot mais une reconnaissance unanime pour leur travail bien fait.

Après un premier album « Vicious Attack » plutôt réussi même si perfectible, dont on retiendra le chant du précédent vocaliste Steve Gaines, très proche d’un certain Paul Di ‘Anno, et aussi des parties de guitares enregistrées par Juan Garcia, parti rejoindre Agent Steel en octobre 1984, Abattoir revient en milieu d’été 1986 avec un second album dont le chant est désormais assuré par Mike Towers, ex Heretic. Les débuts de ce groupe californien ont vu l’alliance en 1982 du futur fondateur d’Evildead Juan Garcia, du batteur Ron Gonzales, du chanteur John Cyriis, qui ira aussi pousser la chansonnette chez Agent Steel, du guitariste Mark « the Shark » Caro et du bassiste Mel Sanchez. De cette formation initiale, il ne reste sur ce disque que les deux derniers cités auxquels se joindront deux Danny, un batteur-cogneur du nom de Anaya et un second guitariste, du nom de Oliverio, sans oublier le nouveau chanteur. Combat records offre à nouveau au gang de Los Angeles la possibilité de nous asséner un speed-thrash enlevé et dynamique, parfois linéaire mais rentre-dedans. A l’image d’un animal de joug traçant un sillon inéluctable dont on connait par avance la destinée. Efficace avant d’être forcément génial, leur style procure bien-être et apaisement à nos délicates oreilles.

Le titre de cet album et sa pochette, nous montrant deux enfants ouvrant une porte vers un inconnu d’où semble jaillir la chaleur d’un brasier peu accueillant, plantent le décor et nous invitent à courir à perdre haleine au rythme des mélodies saccadées, insufflées par la bande de latinos d’Abattoir. Quel patronyme d’une extrême délicatesse d’ailleurs, qui sans aller jusqu’au désir d’équarrissage de quelque groupe de Death brutal indique la volonté des musiciens de saigner l’auditeur par des riffs couperets. Objectif rempli avec l’instrumental en ouverture « Beyond the altar », où le vent souffle et sonne le glas, alors que des guitares lointaines résonnent derrière une ligne de guitare-mandoline. Surgit ensuite un « Bring on the damned » aussi doux que le couteau du boucher sur un morceau de paleron. La basse moissonneuse-batteuse de Mel Sanchez ne souffre d’aucune comparaison avec le jeu inspiré de Danny Anaya qui ne se contente pas de battre la mesure. Le riff des guitares est perçant et tranche la bidoche avec dextérité, là où le chant reste dans la veine des hurleurs décharnés. Notre ami batteur finit d’attendrir la viande avec ses roulements de grosses-caisses, aidé par son assistant bassiste qui n’oublie pas d’emballer la viande dans le torchon.
Au rang des réussites, citons aussi le titre éponyme « The Only Safe Place », dont le riff de scie mécanique balancé par Danny Oliverio et Mark Caro ne garantit à personne de trouver le fameux lieu sûr tant espéré. Ce mid-tempo instaure ce qu’il faut d’ambiance angoissante puis mélodique et s’étire nonchalamment le long de sa base thrash teinté d’hardcore. Le groupe parait doué pour les soli brefs et incisifs, comme la pointe d’un couteau appliquée dans une jugulaire de bœuf charolais. Rustique comme un taureau d’Aubrac, le heavy « Nothing sacred » complète la palette de diversité de rythmes du style d’Abattoir. Bien lourd, bien campé sur ses pattes, ce titre au riff entêtant distille une ligne de basse qui découpe une carcasse de vache à viande comme le fil d’un rasoir. Les guitares sont elles aussi bien affûtées et les chœurs présents sur cette chanson rajoutent ainsi que les nappes diffuses de synthé en fin de morceau le vernis certifiant de la qualité du titre. « Under my skin » et son riff old school renoue avec un tempo hardcore, chaloupé et tendu comme un string, affublé d’un break de mammouth permettant de refaire partir la machine à fond la caisse. La batterie sèche et le chant guerrier font remuer la tête et serrer les poings. Simple et direct avec la pointe de fraicheur qui sied à merveille à la fougue d’Abattoir.

Les autres morceaux de l’album, sans être mauvais, paraissent moins nobles que les faux-filets et côtes à l’os précédemment évoqués. Ils n’en restent pas moins de belles pièces de premier choix.
A cet égard, « Temptations of the flesh » ravira les adeptes de belle attaque de guitares et de grosse frappe de bourrin avec un jeu en appui sur la double pédale. Le chant de l’ami Mike Towers sur les rythmes un peu plus lents est plus rauque et mélodieux, d’autant qu’il s’auto-interpelle lors des couplets envoyés avec une pointe de rage. On retrouve un break de guitare proche d’Accept mais pas la relance attendue d’un titre somme toute assez linéaire. Il faudra plusieurs écoutes pour prendre la mesure du déstructuré « Hammer of the gods » dont le riff de guitare post-punk donne écho au plomb asséné sur la caisse claire par Danny Anaya. Mel Sanchez déhanche sa basse en arrière plan et ondule le long de l’échine du titre comme s’il cherchait à retirer le cuir de la pièce de bidoche qu’on venait de lui confier. Un magnifique solo sur le manche à la Glenn Tipton, un brin trop court, ne suffit pas à remplir la dent creuse du viandard moyen. Le Maidenien « Night of the knife » est l’ode parfaite aux bouchers équarisseurs, dont les premières mesures fait craindre le plagiat de « Bring on the damned » pour se ressaisir assez vite vers un titre enlevé porté par un beat de batterie manquant de génie mais où les guitares virevoltent en soli assassins et d’une durée enfin plus convenable. « Feel the fire » fait penser par le groove de basse de Mel Sanchez à du Nuclear Assault pur jus. Alors que le jeu à contretemps de la batterie maintient un rythme saccadé, un solo bien fluide s’accroche à un riff de scie pour découpe de métaux lourds. Les hélicoptères d’Apocalypse Now ouvrent pour un « Back to hell » nerveux, presque binaire, permettant à nouveau aux deux solistes de s’échanger leurs arpèges et descentes de manche en toute tranquillité. Ce titre ne restera pourtant pas le plus réussi de l’album, par son manque de persillade et de gras, qui donne la pointe de goût à un bifteck tranché dans l’araignée.

Mais ne faisons pas les difficiles. A peu près tous les types de viande se retrouvent sur ce bon album, un brin plus mature que le premier mais parfois inégal dans son impact sur l’auditeur. Car oscillant trop entre thrash et envie de rester mélodique, la cohésion d’ensemble en pâtit un peu. Néanmoins, l’écoute procure encore à tout amateur de viande de boucherie artisanale le plaisir tant attendu d’un morceau de filet tendre et fondant dans la bouche.

En hommage à Jean-Pierre « c’est de la merde !.. »

12 Commentaires

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samolice - 26 Mai 2012: Merci Largod.
Je ne connais pas ce groupe et ne savais pas que des membres d'Agent Steel en faisaient partis à l'origine.
L'évocation de Di Anno me donne très envie de me pencher sur le premier album.

Sinon, après les cathédrales, l'abattoir. A quand le sex shop?
largod - 26 Mai 2012: sourire, en voila une bonne idée Sam...
effectivement, comme Swit, l'enchainement des 2 premiers albums donne au travers de deux grains de voix un poil différents une bonne dose de joie
et encore merci pour vos commentaires à tous, ça donne envie de continuer, yeahhh
grogwy - 27 Août 2016:

L'album "The Only Safe Place" est moins réussi que "Vicious Attack", et cela est notamment dû à ses morceaux d'inégales qualités.
C'est d'autant plus dommage que le nouveau chanteur Mike Towers (ex-Heretic groupe avec lequel, et sous le nom de Mike Torre, il interpréte le féroce "impulse" sur la compilation Metal Massacre VII) délivre une très bonne prestation.
Malgré cette semi-déception on se consolera en se disant que c'est sur cet album que figure l'intense "under my skin", le meilleur titre jamais composé par Abattoir.

mechant - 14 Décembre 2019:

Rentré en vinyle, je trouve la chro  juste...album bien ancré dans son epoque, il merite d'etre redecouvert en cette periode de revival!

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