Moon avait affirmé avec
Caduceus Chalice son dévouement à l'art noir, caractérisé par un Black moribond et planant, se démarquant alors de beaucoup d'autres groupes par une atmosphère aussi funeste que malsaine, entrainant l'auditeur dans un univers cosmique noir et glacial, où la vie n'a pas lieu d'être. Toujours seul maître à bord, Miasmyr continue son périple dans les tréfonds de la noirceur, et propose avec
The Nine Gates un nouvel opus aussi morose que le premier mais aux compositions toutefois plus travaillées et abouties que sur le précédent.
Initialement sorti en format cassette à un tirage dérisoire, cet album fut retranscrit sur support CD tout comme
Caduceus Chalice par le biais de
Moribund Records, afin de toucher un auditoire plus large, Miasmyr préférant d'abord tirer ses oeuvres à petite échelle, avant de les dévoiler au grand jour dans un format plus conventionnel.
Tout d'abord, j'aimerais parler de l'artwork. Miasmyr explique dans une interview que ces symboles sont en fait des sigils (des signes cabalistiques utilisés en magie), mettant en scène une lune, une flèche et une faucille. Bien entendu, la faux est un symbole de mort et d'obscurité comme on s'en doute, souvent interprétée comme la mort elle-même, la symbolique du défunt. La lune, quant à elle, représente le monde astral, tandis que la flèche désigne le chemin menant à la neuvième porte, où se trouve l'oeil de dragon, symbolisant la maîtrise et la divinité. Les symboles encerclant l'ensemble désignent la connaissance des morts, autrement appelée l'oeuvre de gnose nécrosophique. Voici donc pour le visuel et la thématique de l'album, et au passage mes remerciements à Miasmyr pour ces précisions. Maintenant, passons à l'auditif.
Dès les premières notes ça s'annonce glacial : Tout comme sur l'opus précédent, l'intro (The Rejection of
Flesh) immerge l'auditeur dans un profond malaise par quelques arpèges fredonnés par les guitares, avec un clocher annonçant le glas du désespoir et la perte de toute vivacité, avant que le second morceau (
Inhale the
Darkness) ne confirme mes dires en termes de noirceur. Livrant encore un Black toujours aussi funèbre et moribond,
Moon ne fait qu'un avec l'obscurité, s'infiltrant dans nos pensées tel un spectre de la nuit.
Les morceaux s'avèrent ici plus variés, incluant des titres mitigés par une atmosphère oppressante conférée par ces claviers hypnotiques, et d'une cadence très lente dispensée par la batterie (
Astral Blood,
Sabbat) ou à l'inverse très virulents et bien plus agressifs (
Poison from the
Abyss,
Gate of the
Moon). Pour ainsi dire, le voyage temporel est bien plus mouvementé que sur
Caduceus Chalice et les titres s'avèrent beaucoup moins longs, bien que les morceaux soient aussi prenants que sur le précédent, en dépit de leur longueur. En outre, bien que l'album compte deux titres de plus que
Caduceus Chalice, celui-ci est plus court et compte deux morceaux instrumentaux parmi l'intro, sans pour autant rompre l'immersion dans l'album, qui reste, selon moi, supérieur à son prédécesseur.
L'ambiance est toujours aussi malsaine et pestilentielle ; la production est la même que sur
Caduceus Chalice, n'ayant pas bougé d'un pouce. Côté instrumentation, les claviers, le chant et les guitares sont fortement mis en avant, tandis que la boîte à rythmes reste, quant à elle, en retrait. Et non, pas de batteur ! Miasmyr préfère opter pour ses arrangements personnels et créer une atmosphère qui lui soit propre, reflétant entièrement son esprit à travers cette entité qu'est
Moon. Cependant,
Moon deviendra un groupe à part entière dès l'opus suivant
Render of the Veils, et sera rejoint par d'autres musiciens (comme quoi on peut changer d'avis), dont un véritable batteur.
En définitive, un bel hommage à la nuit et à la plénitude de l'obscurité. Un album d'une noirceur quasi inégalée parmi tout ce que j'ai pu écouter jusqu'à lors, qui reste l'un de mes albums fétiches, et que j'écoute uniquement le soir, pour l'apprécier à sa juste valeur. Je le recommande fortement.
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